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AIRBNB : félicitations Montréal

Article original 📰

Mercedes Domingue, Échos Montréal, Montréal, février  2025

Comme indiqué dans nos différents articles, il était temps de mettre en applications des mesures concrètes pour contrer ce qui était devenu le fléau Airbnb, et faire un peu de nettoyage dans la jungle urbaine locative montréalaise, dans un contexte de Crise du logement persistante.

Ainsi, enfin résolue à résorber cette surabondance de locateurs contrevenants – ce qui inclut apparemment plusieurs personnalités connues – et qui, de par leur empressement constant à faire de l’argent facile au détriment d’une population en quête de logements (particulièrement les ménages à plus faibles revenus), handicapent le parc immobilier montréalais et l’offre de location à long terme et nuisent également par ricochet aux hôtels ; bref, la mairesse de Montréal Valérie Plante a décidé de sévir.

Primordialement, Montréal va enfin emboîter le pas à plusieurs grandes villes européennes telles que Barcelone (et Paris prochainement si je ne m’abuse), et simplement interdire les locations Airbnb en dehors de la période estivale, mis à part quelques rares spécifiques évènements et congés fériés. En outre, on va enfin du coté judiciaire montrer les crocs et sévir plus efficacement – et plus sévèrement ! – avec l’ajout d’agents et des amendes sensiblement plus salées envers les très nombreux contrevenants, particulièrement les récidivistes, comme l’indiquait le Journal de Montréal suite aux révélations de l’émissions d’enquête J.E. à TVA.

Évidemment, quelques privilégiés mécontents font entendre leurs récriminations au sein des propriétaires plus fortunés, ainsi que du gratin d’artistes de la télévision, qui disposent des salaires assez conséquents pour se payer des propriétés secondaires qu’ils relouent ensuite à fort prix pour générer un revenu d’appoint, cela aux dépens de la population désespérée de pouvoir trouver des appartements (abordables) en pleine crise du logement. De même, on se doit de vigoureusement réfuter les propos de la Ministre du Tourisme Caroline Proulx, qui argue que cette mesure va nuire au côté touristique.

Alors d’une part, on le répète, il y aura permission Airbnb durant le plus fort de la saison touristique, l’été. D’autre part, il faudrait rappeler à la ministre que, outre les citoyens montréalais en quête de logements, ce sont aussi les hôtels, ceux-là qui devraient normalement bénéficier de l’influx touristique annuel, qui souffrent de la présence nuisible des Airbnb à profusion. Et de toute façon, même son argumentaire à cet effet est caduc et fallacieux. On n’a qu’à regarder du côté de la ville de Barcelone, qui désire éliminer complètement la location Airbnb et qui malgré tout n’a jamais eu autant de monde et de présence touristique dans ses rues, au point les citoyens exaspérés cherchent des moyens connexes d’endiguer le flot de touristes tous azimuts.

Idem du côté de l’Australie et de plusieurs autres métropoles européennes, qui ont décidé de limiter & réglementer de manière beaucoup plus rigide ce type d’hébergements. Par ses propos geignards, la Ministre du Tourisme ne fait que démontrer l’immobilisme symptomatique de son mandat depuis plusieurs années, une apathie systémique d’ailleurs comparable à celle de sa collègue Ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.

Par ailleurs, on ne peut que s’étonner des propos très durs de certains journalistes critiques de cette décision pourtant excellente de l’administration Plante. En effet, certains journalistes, dont on peut se demander ironiquement s’ils n’exploiteraient pas eux-mêmes des inscriptions Airbnb, arguent que « Montréal serait dans le champ » avec cette démarche et que la ville ferait même preuve de mauvaise foi en indiquant ses prévisions de pouvoir ainsi récupérer un minimum de quelque 1500 logements, des chiffres statistiques qui correspondent pourtant avec les plus récentes données analytiques. D’autant que, dans la même foulée, ces journalistes avouent paradoxalement qu’il y a un manque de mesures concrètes pour générer plus de logements sociaux. On a ici une belle illustration sur l’art de parler des deux côtés de la bouche.

Dans le dossier d’enquête du Journal de Montréal, on constate une panoplie de gens et de milliardaires et des gens d’affaires avec un dossier criminel, en plus de gens travaillant dans le milieu des arts, qui ont été déclarés coupables pour avoir justement enfreint la réglementation et omis de déclarer leur inscription (et leurs revenus) Airbnb. En vrac, on pense notamment au milliardaire Guy Laliberté ; à une filiale de Point Zéro ; au député libéral Mark Gerretsen ; au fantasque jeune fortuné James Awad, dont on se souvient qu’il avait loué un avion pour faire un party d’influenceurs ayant dégénéré en une discothèque en plein ciel avec plusieurs infractions au Code la sécurité aérienne ; au promoteur immobilier Stéphan Huot, en faillite depuis l’année passée ; et à plusieurs autres personnalités connues du show-business.

Et bien sûr, comme plat de résistance, il faut évidemment souligner le fraudeur professionnel Michael Roman, qui ne gérait pas moins de 11 immeubles avec unités locatives Airbnb, dont la majorité sans permis et exploitées illégalement. Sans oublier ses nombreuses accusations pour fraudes, que ce soit envers le fisc ou envers ses partenaires d’affaires, incluant même ses amis. Ainsi, cet escroc a été directement responsable de faire couler le restaurant H4CA à St-Henri, propriété de Dany Bolduc, Alexandra Dubreuil-Gagnon et Jonathan Benchétrit, qui ont eu le malheur de confier leur comptabilité à ce monsieur. Et finalement n’omettons surtout pas son autre condamnation pour vol, alors qu’il s’est enfui avec les quelque 600 000 $ de recettes d’un événement-spectacle dont il participait à la logistique et à la comptabilité. Bref, que cet individu malfaisant et de piètre qualité humaine ait pu quand même continuer d’acquérir des propriétés et exploiter des Airbnb est déjà plutôt aberrant en soi.

On l’a dit par le passé, on le répète à nouveau : le temps de la prolifération sauvage et incontrôlée des Airbnb, cette plateforme locative en fort déclin depuis 5 ans, est révolu. Montréal a parfaitement raison d’enfin réagir, particulièrement à la lumière des deux évènements tragiques (incidents vraisemblablement criminels) qui en ont marqué l’historique récent dans le Vieux-Montréal, Place d’Youville et rue Notre-Dame, alors 9 personnes ont péri, en raison notamment de l’irresponsabilité criminelle du propriétaire-locateur en matière de Sécurité.