Photo provenant du journal Le Val-Ouest

Maricourt : une implication citoyenne qui a des impacts positifs

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Sébastien Michon, Le Val-Ouest, Valcourt, janvier 2025

L’implication de huit citoyennes au cours de la dernière année a eu des impacts positifs. Avec leur soutien, la municipalité de Maricourt a pu sensibiliser ses citoyens au compostage domestique. Des actions qui ont évité l’implantation de la collecte de bacs bruns. Tout en contribuant, en partie, à la réduction des déchets envoyés à l’enfouissement.

Tout a débuté pour elles lorsque la municipalité organise, en novembre 2023, une séance publique d’information pour présenter un projet d’implantation de bacs bruns. Une quarantaine de personnes, sur les 456 habitants, demandent aux élus de revenir sur leur orientation. Le conseil municipal accepte alors de repousser l’échéance d’un an.

Marie-Line Briand, Jocelyne Ravenelle, Denise Blanchard, Anita Paquette, Josée Desautels, Lise Groulx, Solange Samson et Élyse Audet forment alors spontanément un comité. Leur objectif : établir bénévolement un état de situation et organiser des activités d’information et de sensibilisation.

«On nous a dit que la municipalité n’avait pas toutes les ressources pour investir dans des actions de sensibilisation. Nous avons bien compris que ça devait reposer sur les citoyens et citoyennes», rapporte Marie-Line Briand, l’une des membres du groupe.

Deux vidéos et un questionnaire

Le premier volet s’est concrétisé en mars 2024 avec la diffusion d’une première vidéo, «Pourquoi composter à la campagne?», réalisée par Éric Morrison, coordonnateur adjoint de la télévision communautaire TVME.

Une seconde vidéo, intitulée « Comment composter à la maison? », a suivi quelques semaines après. Monique Clément, recycologue, explique à l’animateur Éric Morrison, de TVME, des techniques simples pour réussir son compost.

En complément à cette vidéo, le groupe a publié un questionnaire sur le compostage sur le site Web de la municipalité. Cette dernière a de son côté incité sa population à aller compléter le formulaire.

Une visite de tous les domiciles et une conférence

Dès la fin avril, ces femmes ont visité, en équipe, chacune des résidences de la municipalité. Des visites qui se sont échelonnées sur quelques semaines.

En mai, le comité a organisé une conférence, animée par cette même Monique Clément. Une activité à laquelle une trentaine de personnes ont participé.

Constat : 72 % de compostage domestique

Malgré qu’il ait réalisé ses actions bénévolement, le comité a fait preuve de grand professionnalisme. Remettant à la municipalité, à la fin de la démarche, un bilan écrit, accompagné de photos.

«Ils ont très bien fait leur travail. Ça a été fait dans les règles de l’art. Nous avons désormais les informations qu’il nous faut», fait savoir Francis Larivière, directeur général de Maricourt.

La municipalité a fait parvenir le document à la MRC du Val-Saint-François. Pour indiquer à cette dernière que Maricourt comptait bel et bien poursuivre son choix d’opter pour le compostage domestique. À l’instar de trois autres municipalités de la région : UlvertonKingsbury et Canton de Melbourne (pour les résidences situées en campagne).

L’un des constats majeurs de ce rapport : 72 % des résidences compostent déjà. Et d’autres seraient ouverts à cette pratique. Ce qui démontre que la municipalité atteint déjà le seuil de 70 % des ménages qui compostent. Fixé dans la Stratégie de valorisation de la matière organique du gouvernement du Québec.

Sept recommandations

En plus du rapport, le comité s’est permis de proposer aux élus sept recommandations. Comme le fait que la municipalité maintienne le compostage domestique, même si une éventuelle fusion devait se concrétiser avec le Canton de Valcourt. Ce qui est présentement à l’étude au ministère des Affaires municipales.

Ces citoyennes souhaitent qu’il y ait une continuité dans la promotion du compostage domestique, au fil des ans.

De même, elles demandent que la municipalité donne l’exemple dans la location de son centre communautaire par la gestion des matières résiduelles et organiques.

Pour elles, la prochaine cible de la municipalité devrait être les entreprises acéricoles. Afin que celles-ci adoptent de bonnes pratiques de récupération et de compostage de diverses composantes : tubulures, chalumeaux, attaches, filtres, râches, copeaux de bois et cendres.

Inspirées par l’initiative de la municipalité de Saint-François-Xavier-de-Bromtpon, elles émettent aussi le souhait que Maricourt prône la collecte sélective pour les encombrants plutôt qu’une collecte annuelle ou biannuelle.

Excellente collaboration avec la municipalité

Le comité de citoyennes souligne l’excellente collaboration de la municipalité pendant tous ces mois où ces actions ont été prises.

Même son de cloche de la part du directeur général. Qui confirme que sans le soutien de ces femmes, la municipalité n’aurait pas été en mesure d’entreprendre de telles actions.

Le maire, Jean-Luc Beauchemin, dit lui aussi apprécié le travail réalisé. Il confirme que le conseil municipal se dit en accord avec les recommandations qui lui ont été soumises.

Le directeur général assure qu’un suivi sera fait. «Certains des crédits budgétaires votés récemment pourraient permettre de réaliser certaines des recommandations du comité, comme par exemple l’achat de composteurs domestiques. Ce sera discuté en atelier par les élus», confirme-t-il.

Baisse significative des déchets

La municipalité avait décidé, début 2024, de réduire la collecte des ordures à une fois par mois. Résultat : la municipalité est passée de 95,52 tonnes de déchets collectés en octobre 2023 à 65,64 tonnes en octobre 2024. Soit une baisse de presque 30 tonnes en un an.

Le maire se dit bien fier de ces chiffres. Il se garde toutefois de les attribuer entièrement au compostage domestique.

«Est-ce que le compostage est la seule action qui a fait en sorte de réduire de 25 % environ nos quantités de déchets? On ne peut pas le dire. C’est après trois, quatre ans, que nous pourrons vraiment dire si le compostage a fait une différence», dit-il.

«Ce comité fonctionnait rondement»

Des huit citoyennes du départ, sept sont restées impliquées jusqu’à aujourd’hui. Au fil des mois, elles ont appris à collaborer les unes avec les autres pour une cause commune. Elles disent avoir grandement apprécié leur expérience.

«Dans le passé, j’ai travaillé au sein de nombreux comités. Celui-ci fonctionnait rondement. On savait où on s’en allait et tout s’est super bien fait. Nous collaborons bien ensemble. Chacune a ses forces», souligne Élyse Audet. Elle ajoute : «C’est hallucinant comment, rapidement, ce sujet est devenu populaire. On voyait qu’il y avait un intérêt et que les gens sont sensibles à l’environnement.» Elle qui est aussi impliquée, sur le plan régional, au sein du mouvement citoyen Vers un Val vert.

«C’est convivial et tout le monde était de bonne humeur. Nous étions contentes de nous revoir à chaque fois. Nous étions très bien organisées. Nous avions une structure, un ordre du jour et des compte rendus», témoigne de son côté Jocelyne Ravenelle.

«Des conseillers municipaux m’ont raconté qu’ils avaient tenté, dans le passé, de créer de telles actions. Mais ça n’avait jamais marché. Finalement, c’est ce dossier du compost qui nous a mobilisées. Il y avait un « timing » et nous l’avons saisi», croit Marie-Line Briand.

La suite : création d’un Comité environnement?

Ces sept femmes indiquent vouloir poursuivre leur implication, malgré la fin de leur mandat. Une solution leur sera bientôt offerte. La municipalité envisage la création prochaine d’un Comité environnement, composé d’élus et des citoyens. Une structure dans laquelle certaines d’entre elles pourront possiblement se joindre. Un fait confirmé par le maire Beauchemin.

«De cette histoire, la municipalité va peut-être aussi gagner un comité environnement», glisse Marie-Line Briand.