Des transporteurs voraces

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Mercedes Domingue, Échos MontrĂ©al, MontrĂ©al, janvier 2025

Ainsi, malgré la grogne légitime des consommateurs, Air Canada semble maintenir sa décision de nous faire payer les bagages en cabine pour les vols intra Canada au coût de 35 $ à 50 $, sous prétexte de faire face à la concurrence et à la hausse du coût de la vie.

Cette mĂȘme compagnie qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© de trĂšs gĂ©nĂ©reuses subventions Ă  mĂȘme les fonds publics, mais dont la performance est absolument dĂ©sastreuse depuis moult annĂ©es (dĂ©cennies). Qui souffre de retards pathologiques et d’un manque de fiabilitĂ© chronique. Qui impose des tarifs prohibitifs ridiculement Ă©levĂ©s tout en offrant un service Ă  la clientĂšle parmi les plus exĂ©crables. Cette mĂȘme compagnie qui multiplie les excuses bidon pour tenter de se justifier tout en s’efforçant d’esquiver le moindre sens des responsabilitĂ©s, la moindre imputabilitĂ© pour ses carences systĂ©miques. Un gouffre sans fin de fonds gouvernementaux, perpĂ©tuellement vouĂ©s Ă  donner Ă  ses dirigeants incompĂ©tents de gĂ©nĂ©reux bonus, ultimement sur le dos de la population.

Pourtant, dans un sursaut tardif, la Ministre du Transport Anita Anand avait indiquĂ© son opposition et avait convoquĂ© le prĂ©sident d’Air Canada Ă  expliquer plus en dĂ©tails son argumentaire douteux, dans l’espoir indignĂ© de faire revenir la compagnie sur cette dĂ©cision. Mais pour le moment, mĂȘme depuis cette rencontre, il n’y a aucune annonce officielle d’effectuĂ©e dans ce sens, c’est le silence radio. MĂȘme si l’aviation est sous juridiction du gouvernement fĂ©dĂ©ral, qui on le rĂ©pĂšte finance grassement cette compagnie, elle continue de diminuer ses dĂ©jĂ -piĂštres services, comme par exemple en rĂ©duisant davantage encore les espaces entre les siĂšges, oĂč les clients sont pendant des heures serrĂ©s comme des sardines.

Le prĂ©sident d’Air Canada Claude Rousseau, qui vogue avec une bĂ©atitude insolente sur son Ă©norme et indĂ©cent salaire – et ses bonus si injustifiĂ©s qu’ils s’apparentent Ă  de l’arnaque pure et simple -, n’est mĂȘme pas capable de s’exprimer en français malgrĂ© des cours entamĂ©s il y a trois ans dĂ©jĂ . Cours d’ailleurs, mentionnons-le, qui eux aussi sont payĂ©s par les contribuables, pendant que ceux-ci se voient offrir des repas cheap en avion, dont on ne pourrait, au mieux, que les dĂ©finir comme Ă©tant le minimum acceptable. Les voyageurs sont devenus des vaches Ă  lait pour les dirigeants rapaces de cette compagnie d’Ă©tat pathĂ©tique et incompĂ©tente, mais qui a nĂ©anmoins perpĂ©tuellement le culot de s’offrir de savoureux « bonis de performance ». Pardon.!?. Performance.!.? Elle est oĂč la performance, exactement ? Ah, j’y suis.!. 
 performance remarquable Ă  s’octroyer des dividendes Ă  mĂȘme les fonds publics et Ă  encaisser le plus rapidement leurs salaires non-mĂ©ritĂ©s. Effectivement, pour ça ils ont du talent.

Et bien sĂ»r, on ne peut exempter le MinistĂšre du Transport de sa propre imputabilitĂ©. De par son inaction, et de par sa tolĂ©rance Ă  cette culture salariale indĂ©cente, le gouvernement n’est qu’un complice silencieux. On ne fait preuve que de beaucoup trop de laxisme, et ce depuis beaucoup trop longtemps. C’est d’ailleurs le mĂȘme principe, dans le cas de l’alimentation, oĂč les grossistes font collusion pour maintenir les prix Ă©levĂ©s, par exemple pour le pain, le lait, les lĂ©gumes et la viande
 sachant que toute façon mĂȘme dans les cas trĂšs hypothĂ©tiques oĂč ils devraient payer des amendes, celles-ci seront minimes et nullement dissuasives. Ils sont donc gagnants de continuer Ă  abuser du dollar-consommateur pour s’enrichir encore plus, une rĂ©alitĂ© ponctuellement dĂ©montrĂ©e par les bĂ©nĂ©fices annuels faramineux engendrĂ©s.

Les ministres gouvernementaux concernĂ©s doivent montrer les crocs et cesser d’ĂȘtre aussi miĂšvres. Et surtout, arrĂȘter de tolĂ©rer que l’on ne dilapide ainsi des fonds publics au bĂ©nĂ©fice de quelques individus surpayĂ©s.