Marie Blouin, Autour de l’île, Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans, décembre 2024
Jean-Charles Paquet, un résident de Sainte-Famille, a eu une carrière qui n’a pas passé à l’histoire, mais qui restera gravée à jamais dans les multiples travaux de restauration qu’il a faits un peu partout au Québec comme… doreur.
Aujourd’hui, le doreur fait partie des métiers d’art tombés dans l’oubli alors que jadis c’était le gagne-pain de Jean-Charles. Peintre en bâtiment également, il a pratiqué l’art de la dorure à partir des années 1960 jusqu’aux années 1990. Pour donner un aperçu de ses réalisations prestigieuses, lui qui travaillait dans l’ombre, soulignons qu’il a notamment doré le siège du président de l’Assemblée nationale du Québec et l’autel de la célébration religieuse du pape Jean-Paul II, lors de sa venue à Québec, en 1984.
On lui doit aussi les dorures du chandelier pascal de l’église de Sainte-Famille, du lettrage en latin au haut de la porte centrale à l’extérieur de la même église et de la statue de sainte Anne sur la façade du sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré. Font aussi partie de sa feuille de route beaucoup d’autres dorures dans des églises, des couvents, des hôpitaux, comme l’Hôtel-Dieu de Québec, et même sur des monuments funéraires dans des cimetières de l’île d’Orléans.
Assis à sa table de cuisine, l’homme réservé et modeste montre les images de ses travaux regroupés dans un volumineux album photos. C’est en le partageant avec le journal qu’il réalise avec fierté à quel point il a travaillé fort pendant longtemps pour embellir des objets d’art en bois et en plâtre, lesquels, grâce à son travail minutieux, ont conservé tout leur éclat.
Formé dans une école de métiers à Québec et doué pour la peinture en bâtiment, M. Paquet avait obtenu son premier emploi chez Juneau et Frères, à Limoilou. Puis, quelques années plus tard, il a décidé de voler de ses propres ailes comme travailleur autonome. En fait, c’est un peu par hasard qu’il a découvert la dorure lorsqu’un artisan lui a demandé de venir l’aider à effectuer une retouche sur une œuvre d’art dans un bâtiment historique. Ouvert d’esprit et intéressé à apprendre, l’artisan en lui a vite compris la technique du métier jusqu’à la maîtriser parfaitement.
Que de feuilles d’or de grande valeur il a posé avec son patois ! D’ailleurs, il le conserve toujours avec ses autres accessoires à dorure dans son coffre, rangé précieusement dans sa salle à manger. Bref, le patrimoine québécois lui doit beaucoup pour sa contribution d’avoir immortaliser bien des œuvres d’art au Québec.
La dorure est un art très ancien qui remonte à l’Antiquité. Les Égyptiens se servaient de cette technique pour appliquer des feuilles d’or sur les sarcophages des pharaons. Ainsi, on pouvait rehausser des objets d’art et de culte ou d’autres œuvres en vue un peu partout dans les temples.