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Lessivage automnal et printanier – l’envers du décor des engrais

Marc-Antoine Lapointe, Le Trident, Wotton, novembre 2024

Le beau paysage de notre région est couvert de terres exploitées et de fermes. Bien que cela fait partie du charme régional et nous rappelle notre chez-soi, il est nécessaire de rappeler qu’une ferme, tout comme une industrie, produit des biens et par défaut des déchets. Un déchet important qui découle des fermes animalières est le fumier ainsi que le lisier. La gestion de ces déchets est probablement l’une des gestions de matières les plus complexes au Québec dans les ruralités.

En soi, le fumier peut très bien être utilisé comme fertilisant dans les champs et son épandage permet de donner les nutriments nécessaires à la croissance des plantes. C’est un excellent composant pour la fertilisation puisque le fumier contient beaucoup de nutriments limitants à savoir beaucoup de phosphore, d’azote et de potassium. Nous pouvons donc arriver à la conclusion que l’étalement de fumier dans les champs est excellent pour la croissance des végétaux. Néanmoins, cet apport riche en nutriments peut également apporter des effets négatifs sur l’environnement local et dans l’environnement et les écosystèmes avoisinant l’aval des bassins versants touchés.

L’automne est une période où il est encore possible d’épandre son engrais, mais si cette pratique persiste trop tardivement, il peut y avoir des conséquences. Si cela arrive, les minéraux et les nutriments n’ont pas le temps de pénétrer dans les sols. De ce fait, quand l’hiver approche, les sols gèlent et empêchent les nutriments d’entrer dans le sol; ils restent en surface. À l’automne, il pleut relativement souvent et la saison peut entraîner une forme de lessivage, mais c’est bien pire au printemps; les nutriments qui sont restés en surface se font lessiver par l’eau de la fonte des neiges. Ultimement, répétons le procédé plusieurs fois à une échelle où l’ensemble des fermes contribuent de près ou de loin à ce phénomène et nous arrivons au résultat que, dès le début des années 2000, plus de 50% de la charge du phosphore dans la rivière Nicolet provenait de l’agriculture.

Cet apport supplémentaire considérable en nutriments peut entraîner plusieurs scénarios tels que l’eutrophisation des plans d’eau touchés, mener à l’émergence de cyanobactéries, affecter la direction des cours d’eau, contaminer les nappes phréatiques… Ce qui cause des changements radicaux dans les écosystèmes. On constate aujourd’hui les conséquences en observant l’IQBP (Indice de Qualité Bactériologique et Physicochimique), et ce depuis plusieurs années. Plus on se rapproche du fleuve, plus l’indice de qualité devient mauvais, voire très mauvais, en raison de l’accumulation. Bien que cela soit ardu, ce qu’il faut faire dans ces situations est de mieux calculer l’étalement d’engrais, d’améliorer la gestion de l’entreposage des engrais et, une fois de plus, limiter notre consommation.

Source de l’écrit : Union québécoise pour la conservation de la nature, mars 2005, La gestion du territoire et des activités agricoles dans le cadre de l’approche par bassin versant – Bassin versant de la rivière Nicolet – Fiche descriptive, MELCCFP