Alain Boudreau, Graffici, Gaspé, septembre 2024
L’arrivée de l’automne signifie, dans le monde du loisir et du sport pour les jeunes, la reprise des activités de nombreux organismes, associations et comités de toutes sortes. S’il y a un point commun qui unit toutes ces entités s’adressant à la jeunesse, c’est bien celui de l’autofinancement. Pensons au hockey, au patinage, à la natation, au ski, aux sports de gymnase et autres; nommez-les tous, ils ont besoin d’argent pour financer leurs activités et c’est là qu’entre en jeu la sollicitation auprès du grand public et de différents partenaires financiers. Il faut dire que la compétition est forte car les organisations sont nombreuses et le marché des donateurs n’est pas sans limites. Et c’est sans compter toute la sollicitation qui se fait ailleurs pour la multitude de causes sociales et humanitaires.
Pourquoi l’autofinancement?
Mais pourquoi au juste nos jeunes ramassent-ils de l’argent? C’est parce que parfois, leurs activités peuvent coûter cher. Le cumul des dépenses liées à la location de plateaux récréatifs (arénas, piscines, gymnases, terrains sportifs et autres lorsqu’ils sont tarifés), l’achat et la location de petits équipements, la formation des entraîneurs, les frais d’affiliation à des fédérations, le transport pour les compétitions à l’extérieur et autres frais inhérents peut atteindre des dizaines de milliers de dollars, et les faire supporter entièrement par les participants rendrait les coûts d’inscription trop élevés, beaucoup trop dans certains cas.
Alors c’est pourquoi la plupart de ces organisations font appel à l’autofinancement. Leurs administrateurs, leurs jeunes athlètes, leurs parents et d’autres collaborateurs se mettent à la tâche pour trouver des sous…
En plus des traditionnels moyens de financement (vente d’articles divers, billets de tirage, etc.), certains font appel à des stratégies plus modernes. Ainsi, on voit apparaître de plus en plus de nos jours différentes formes de sollicitations comme, entre autres, le sociofinancement, qu’on définit généralement comme la sollicitation pour un projet quelconque, auprès d’un large public, principalement par le biais d’Internet. Les organisations vont aussi former des équipes de bénévoles pour accepter différentes tâches dans des évènements populaires – comme par exemple le nettoyage des sites de fêtes – moyennant des sommes forfaitaires d’argent.
Faire de l’autofinancement une activité éducative …
Pour plusieurs parents de ces jeunes sportifs, toute cette part d’autofinancement représente une véritable corvée. Ils ont l’impression qu’ils sont constamment dans la gestion de trucs à vendre, à distribuer et à collecter, surtout quand ils ont deux, trois ou même quatre jeunes impliqués dans de telles démarches!
Cependant, ils n’ont pas tous la même vision de cette obligation … En effet, il y a les parents qui vont au plus court et qui achètent eux-mêmes tout ce qui est rapporté à la maison (billets, articles divers à vendre, etc.) et on en parle plus! Il y en a d’autres qui vont tout apporter sur les lieux de travail et qui vont prendre en charge la tâche incombant normalement aux jeunes et s’occuper de tout. Enfin, il y une autre catégorie de parents qui, eux, vont accompagner leurs jeunes dans une démarche plus éducative. Ces derniers prendront soin d’expliquer à leurs enfants pourquoi ils font de la sollicitation et à quoi ça sert. Ils parleront de budget, de stratégies de sollicitations et comment bien se présenter pour optimiser ses chances d’obtenir du succès.
Peu de personnes aiment faire du porte-à-porte ou de la sollicitation, mais si le jeune le fait avec un bon encadrement, avec de bons outils, n’y a-t-il pas là une chance de faire d’une pierre deux coups? Rendre service pour le financement de son organisation tout en apprenant, voilà une belle façon de transformer une corvée en activité formatrice! Et qui sait, peut-être qu’un jour, le jeune qui a reçu le rendra à son tour en devenant un grand donateur! Il serait décevant de passer à côté d’une belle leçon de vie, soit celle d’implanter une culture philanthropique chez nos jeunes.
Projeter une bonne image…
L’autofinancement, c’est plus que de soutirer de l’argent à un donateur; c’est aussi une démonstration que votre organisation fait des efforts sur le plan financier et qu’elle ne s’attend pas à tout avoir pour rien… Il permet aussi de vous faire voir et de vous faire connaître. L’autofinancement bien fait est aussi un gage d’une organisation bien structurée qui projette une bonne image. Les plus sérieux des organismes ont une politique de dons, c’est-à-dire qu’ils définissent clairement par écrit ce qu’ils offrent comme visibilité aux donateurs (individus ou commerçants) en retour d’un don.
Est-ce nécessaire de le répéter, les individus et les commerces sont sollicités de toutes parts. Certains commerces ne comptent plus les demandes qu’ils reçoivent tellement ils en ont, alors soyez bien préparés dans ces cas-là.
Autrefois, les quêteux allaient de maison en maison pour quémander la charité. Vous aurez compris que c’est très affectueusement que je compare nos jeunes à eux quand ils se mettent à faire du porte-à-porte avec leurs marchandises!
Alors, lorsque vous serez sollicité une fois de plus comme citoyen, pensez-y, ne poussez pas un grand soupir de découragement, montrez-vous généreux et dites-vous que vous êtes probablement en face d’un jeune en processus d’apprentissage des règles de la sollicitation!
Bon automne!
1 Source: Résultats d’une enquête menée par l’Association des professionnels en philanthropie (2001).