Daniel Pezat, Le Reflet du canton de Lingwick, juin 2024
Monsieur le Maire,
Au mois de novembre 2021, vous êtes venu chez moi pour obtenir ma signature en appui à votre candidature au poste de maire. Je vous l’ai accordée en toute confiance, au vu des gens qui, avant moi, avaient signé. Je me souviens très bien de vous avoir demandé quelle était votre position vis-à-vis des OSBL de chez nous. D’après vous, votre soutien leur était acquis !
Monsieur le Maire, je me sens floué. Ou bien vous avez une bien étrange conception du soutien, ou je me suis lourdement trompé sur vos intentions. Depuis votre élection, l’administration municipale cause bien des tracas-series aux OSBL du canton. Leurs missions, les actions citoyennes, si importantes pour les gens et l’économie d’ici, sont découragées.
Vous vous abritez constamment derrière un règlement, ou une opinion de professionnel. Monsieur le Maire, il y a les règlements, bien évidemment, mais il y a aussi la vie et le bon jugement. L’ingérence dans la gestion des OSBL relève plus de la malveillance ou de la méconnaissance que de la saine gestion de nos milieux communautaires.
Monsieur le Maire, vous n’êtes pas le premier magistrat que le canton ait connu. Aucun n’a jamais fait autant de tort à l’action communautaire : du TownHall au pont couvert, en passant par l’asservissement des OSBL, c’est tout le travail, la générosité, le talent, l’argent investi depuis des décennies qui sont mis à mal.
Au début des années 2000, le pont couvert était en mauvais état. Le transport lourd y avait laissé des traces. Le pilier central avait perdu des blocs de granit, la charpente était déformée. Le conseil d’alors ne s’est pas plaint « d’être mal pris », il s’est simplement retroussé les manches et s’est mis au travail. La circulation dans le pont y a été considérablement réduite. Il n’a jamais été barricadé ! Rien n’a été facile : le conseil a dû apprendre, s’informer, monter des dossiers, souvent quémander, à l’occasion bousculer, demander de l’aide et des conseils. Finalement, notre pont couvert était fin prêt pour le 150e anniversaire du canton de Lingwick.
Qu’avez-vous fait, Monsieur le Maire, pour la sauvegarde du pont ? Dès les premières embûches, vous l’avez fait grillager, emprisonner. Manque de génie ou cruel oubli, les tables de pique-nique y sont restées enfermées.
Le pont couvert est l’image du canton de Lingwick. Il apparaît fièrement sur la page d’accueil du site municipal, comme d’ailleurs sur les divers sites du canton. Ce pont, c’est un peu l’ADN de notre coin de pays. Nous y avons chanté, dansé et prié. Des mariages y ont été célébrés, des cendres funéraires y ont été dispersées. Le son des cornemuses du festival y résonne encore à l’occasion. Si pour de tristes raisons financières, le pont disparaissait, que pourront visiter dans 20 ans, mes petits-enfants ? Des piliers de granit au milieu de nulle part !
Monsieur le Maire, Lingwick, au cours des cinquante dernières années, a livré des combats. Elle n’a jamais baissé les bras. Je vous invite à vous pencher sur les armoiries du canton de Lingwick; vous y verrez que le pont couvert McVetty-McKenzie est non seulement notre plus important attrait touristique, mais aussi un symbole fort qui nous représente. Je vous invite à méditer les mots de la banderole : « Unis et Fiers ».
Respectueusement.
Citation
La résilience est la vertu la plus importante que nous puissions posséder. Elle nous permet de continuer à avancer malgré tout, de ne jamais abandonner, de toujours croire que nous sommes capables de relever les défis les plus difficiles. J. Winston Churchill