. Crédit photo : François Grenier.

Maniaque ou quand la crise de la quarantaine vire au sérieux

Gabriel Poirier, L’Indice bohémien, Abitibi-Témiscamingue,
avril 2024

Si vos oreilles connaissent le groupe Maniaque, il y a fort à parier que votre tête s’est balancée sur la puissance des nouvelles mélodies du quatuor lasarrois, pur produit de punk rock. « Ça fait du bien d’être un adulte et de jouer de la grosse musique forte en criant dans un micro. C’est libérateur », reconnaît François Grenier, chanteur et bassiste.

Et ces nouvelles mélodies sont aussi leurs premières. La formation a rendu disponibles en ligne trois chansons enregistrées à Val-d’Or, à la fin du mois de mars. Une première étape vers la conquête de la scène abitibienne.

La base punk rock de Maniaque n’est qu’un ingrédient de la recette du groupe, très influencé par d’autres courants, comme le thrash métal, le hard rock et le blues. « Ce qu’on aime, c’est la rencontre de tous ces genres, poursuit François. Ça crée un son unique. »

« Plus ça va et plus on prend le groupe au sérieux », ajoute le batteur Jean-François Guimont.

Crédit photo : François Grenier.

PUNK UN JOUR, PUNK TOUJOURS

La constellation de musiciens que forme Maniaque est née en 2022 face à la contemplation du temps qui passe. « C’est un peu un band “crise de la quarantaine”, admet François. On fait tous de la musique depuis un bout. Ken Lambert [guitariste solo] et moi avons eu une carrière de chansonniers par le passé. Moi, j’ai été musicien pigiste, mais c’est comme si je ramollissais un peu. On avait envie d’avoir un band qui brasse plus. »

Membre à l’époque de quelques « petits bands rock », JF considère tout de même qu’il était en « pause musicale » durant ces 21 ans à Montréal. François a quant à lui testé le bluegrass et le country rock, tout en essayant de percer comme chansonnier.

« C’est la partie pas du tout glamour de la musique, relativise-t-il. Tu joues dans des bars, t’es imposé aux gens qui sont là. C’était vraiment par nécessité que j’ai fait ça. Je n’ai pas vraiment trippé. »

« C’est un peu pour ça qu’on préfère la scène underground aujourd’hui, poursuivent les deux hommes. On aime mieux que 15 personnes qui aiment ça viennent nous voir que 200 personnes qui lancent des peanuts. »

TOURNÉE ABITIBIENNE

Avant tout, Maniaque chante en français, une façon de revendiquer son caractère québécois. « C’est notre langue, c’est notre identité, explique JF. On trouve aussi qu’il n’y en a pas beaucoup. D’écrire de bonnes paroles en français – ce qu’on fait bien –, c’est un défi et c’est important pour nous. »

C’est ce qui permet à la formation d’aborder des thèmes, comme l’anxiété, l’intimidation et la déchéance, mais de façon équivoque, en conservant une dose de mystère. « On aborde des thèmes qui ont une portée sociale de façon poétique, expliquent François et JF. Ça permet aux gens de créer leur propre univers avec les paroles. »

Outre trois compositions officielles, Maniaque compte l’équivalent d’un album en réserve. Le groupe, avant de le terminer, espère offrir cet été des prestations dans les différents pôles de l’Abitibi-Témiscamingue, et de se déplacer un jour vers le reste de la province.

« Après, sky is the limit. Nous, c’est une activité qui nous fait du bien. C’est un moteur d’émotions et de motivation pour nous », complète JF. « La pulsion de base, c’est de se réunir entre chums et de jouer du gros bruit dans le local, réitère François. Si ce n’était que ça, ça nous conviendrait quand même parce que ça nous fait du bien. »