Sébastien Michon, Le Val-Ouest, Valcourt, avril 2024
Maricourt prend un virage « vert ». Depuis quelques mois, un groupe de citoyennes travaille en étroite collaboration avec la municipalité pour mettre en œuvre diverses initiatives environnementales. Leur premier objectif : sensibiliser la population au compostage domestique et établir un état de situation.
Compostage domestique plutôt que des bacs bruns
Tout commence en novembre 2023. La municipalité organise une séance publique d’information pour présenter un projet d’implantation de bacs bruns. Une quarantaine de personnes, sur les 456 habitants, demandent aux élus de revenir sur leur orientation. Le conseil municipal décide de repousser l’échéance d’un an et de conserver le compostage domestique. « Peut-être le conseil est-il allé à l’encontre de ce qui était souhaité », avait alors confié au Val-Ouest le maire, Jean-Luc Beauchemin.
Implication de huit Maricourtoises
Depuis novembre, Marie-Line Briand, Anita Paquette, Solange Samson, Denise Blanchard, Lise Groulx, Josée Desautels, Jocelyne Ravenelle et Elyse Audet ont pris la balle au vol. Ces huit Maricourtoises ont décidé d’agir concrètement. « On nous a dit que la municipalité n’avait pas toutes les ressources pour investir dans des actions de sensibilisation. Nous avons bien compris que ça devait reposer sur les citoyens et citoyennes », rapporte Marie-Line Briand, l’une des membres du groupe.
« On nous a dit que la municipalité n’avait pas toutes les ressources pour investir dans des actions de sensibilisation. Nous avons bien compris que ça devait reposer sur les citoyens et citoyennes », rapporte Marie-Line Briand, l’une des membres du groupe de citoyennes impliquées en faveur du compostage domestique. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)
Plan d’action pour informer et sensibiliser
L’une des raisons invoquées par la municipalité pour instaurer la collecte des matières organiques était la hausse du tonnage des déchets enfouis. Attribuée au fait que les ménages ne compostaient pas suffisamment. « Il n’y a pas de preuves certaines de ça. Nous avons donc choisi d’aller valider directement cette information auprès des citoyens », expose Marie-Line Briand.
Son groupe a ainsi convenu d’une série d’actions à mettre en œuvre d’ici l’été : réalisation de vidéos d’information sur le compostage domestique, visites à domicile et présentation d’une conférence.
Vidéo « Pourquoi composter à la campagne? »
Le premier volet s’est concrétisé en mars dernier avec la diffusion d’une première vidéo, « Pourquoi composter à la campagne ? », réalisée par Éric Morrison, coordonnateur adjoint de la télé communautaire TVME.
L’ex-maire de Maricourt, Robert Ledoux, et l’ex-conseiller municipal, Paul Purcell, expliquent dans cette capsule pourquoi la municipalité avait choisi, en 2017, d’opter pour le compostage domestique plutôt que les bacs bruns.
En 2024, seulement quatre des dix-huit municipalités que compte la MRC du Val-Saint-François font encore ce choix : Kingsbury, Ulverton, Canton de Melbourne (sur une partie de son territoire) et Maricourt.
La vidéo présente aussi le témoignage d’Élyse Audet, citoyenne de la municipalité depuis 2020. « J’habitais auparavant à Waterville. J’étais tellement contente d’avoir un bac brun. (…) J’avais l’impression de contribuer à l’environnement. (…) Quand je suis arrivée à Maricourt, ça m’a ouvert les yeux sur une autre perspective. Oui, peut-être que pour certains endroits, le bac brun est vraiment bénéfique. Mais ça m’a amené un doute sur l’impact que ça peut avoir au niveau environnemental », mentionne-t-elle.
Questionnaire en ligne pour les citoyens
En complément à cette vidéo, le groupe a publié un questionnaire sur le compostage sur le site Web de la municipalité. Cette dernière a de son côté incité sa population à aller compléter le formulaire.
Au total, le comité et la municipalité ont reçu plus d’une quarantaine de réponses. « Parmi tous les formulaires complétés, il y a seulement deux adresses qui mentionnent ne pas composter », s’enthousiasme Marie-Line Briand. Elle ne souhaite toutefois pas se réjouir trop tôt. « J’imagine que parmi ceux qui n’ont pas encore répondu, il va y en avoir qui ne compostent pas. C’est un peu normal. »
Elle se dit tout de même confiante d’atteindre le seuil de 70 % des ménages qui compostent. Ce qui est l’objectif du gouvernement du Québec dans sa Stratégie de valorisation de la matière organique.
Un questionnaire sur le compostage destiné aux citoyennes et citoyens de Maricourt est disponible sur le site de la municipalité. (image : Municipalité de Maricourt)
Porte-à-porte à toutes les résidences
L’équipe visitera, dès la fin avril, tous les ménages qui n’ont pas répondu au sondage. Et ce, pour établir un inventaire des adresses qui possèdent un composteur. Ce qui pourrait permettre à la municipalité de se prévaloir de subventions dans le cadre du Programme sur la redistribution des redevances pour l’élimination des matières résiduelles.
« Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs demande également de spécifier de quel type de composteur il s’agit (domestique, commercial ou artisanal). Le compostage en tas ou les résidus donnés aux animaux ne sont pas acceptés», précise Ann Bouchard, coordonnatrice, environnement et gestion des matières résiduelles à la MRC du Val-Saint-François.
Munies d’une lettre d’autorisation de la municipalité, des bénévoles feront les visites en équipe de deux. « C’est plus hésitant d’arriver à l’improviste chez les gens qu’on connait moins. À deux, ce sera sécurisant », confie Marie-Line Briand.
Deuxième vidéo «Comment composter à la maison?»
Le comité a diffusé récemment une seconde vidéo : « Comment composter à la maison? ». Monique Clément, recycologue, explique à l’animateur Éric Morrison, de TVME, des techniques simples pour réussir son compost.
« Le compostage domestique, c’est accessible à tout le monde. Il suffit d’avoir une formation toute simple pour avoir les bases. C’est vraiment un processus facile », croit Monique Clément.
Conférence gratuite en mai
En plus de cette vidéo, le comité et la Municipalité ont choisi d’inviter Monique Clément à offrir une conférence gratuite le mardi 14 mai prochain à la salle communautaire de Maricourt.
Intitulée « Le compostage domestique : simple et facile », cette activité vise à démontrer que le compostage domestique est plus simple qu’il n’y paraît. « À travers une conférence interactive, brodée d’anecdotes et teintée d’humour, vous découvrirez le secret d’un compost réussi », mentionne-t-on dans la publicité.
Ouverture et collaboration
Marie-Line Briand n’a que de bons mots pour l’ouverture et la collaboration de la municipalité. « On nous fournit un local pour nos réunions ainsi que du matériel et des photocopies. La directrice générale [Nancy Daigle, qui a quitté son poste récemment] participait à nos rencontres et répondait à nos questions. Le maire est aussi venu nous rencontrer. »
Implication active pour l’environnement
Le groupe est très actif. Non seulement ces citoyennes ont-elles choisi de s’impliquer en faveur du compostage domestique, mais elles s’intéressent aussi à la récupération et au recyclage. « En collaboration avec Le Val-Ouest, nous avons publié en mars le texte « Pourquoi recycler? Où recycler? », qui dresse la liste des lieux où disposer de matériel qui peut être recyclé localement, à proximité de notre communauté », mentionne Marie-Line Briand.
Récupération dans les érablières
Le comité souhaite sensibiliser les propriétaires d’érablières à la récupération. « Il y a une trentaine d’érablières sur le territoire de Maricourt. Là aussi, il y aurait beaucoup de récupération à faire : les chalumeaux, les tubulures, les attaches, etc. La cendre, les copeaux de bois, les filtres et la râche peuvent, eux, être compostés. » Elle explique que certains de ces matériaux sont jetés encore humides. Ce qui augmente le poids des poubelles.
Les filtres et la râche, issus de la filtration du sirop d’érable, pourraient être compostés plutôt que jetés, encore humides, à la poubelle. (image tirée de YouTube)
Outil de sensibilisation des nouveaux résidents
Leurs actions ne s’arrêtent pas là. Ce comité veut peut-être s’associer à la municipalité pour créer des outils de sensibilisation pour les nouveaux résidents. « Il faudrait que ces personnes reçoivent à leur arrivée toute l’information sur le compostage et le recyclage. Actuellement, certains citoyens le font avec leurs nouveaux voisins. Ça vaudrait la peine de se préoccuper de ça et de le faire de façon plus systématique. »
Marie-Line Briand et son groupe ne manquent donc pas d’idées et de travail pour les prochains mois. « On a élargi un peu notre mandat », glisse-t-elle, avec un sourire dans la voix.