Crédit photo : Daniel Rancourt

Un nouveau virus court à St-Félix

Daniel Rancourt, Le Félix, Saint-Félix-de-Kingsey, mai 2024

Depuis quelque temps déjà, un type d’abeilles baptisé ÉLÉ a commencé à se propager dans la région et sa piqûre peut transmettre un dangereux virus : l’amour de la lecture!

Les fées apicultrices qui font l’élevage de ces abeilles ÉLÉ (acronyme d’Éveil à la lecture et à l’écriture) et qui propagent cette maladie insidieuse et subversive de l’amour de la lecture se nomment Danielle et Ginette. Elles œuvrent bénévolement depuis plus d’une douzaine d’années à la bibliothèque Irène Roy-Lebel, et autrefois à la bibliothèque sise dans le presbytère de la paroisse, à communiquer leur amour de la lecture aux enfants de 4 à 10 ans de l’école St-Félix.

Danielle et Ginette soulignent toutes les deux que leur travail est le fruit d’une étroite collaboration entre la bibliothèque et l’école du village, et de la volonté du conseil municipal.

«Ce sont les ingrédients essentiels de la réussite d’un tel projet! L’idée est d’ouvrir la bibliothèque sur les heures de l’école, d’animer ces rencontres avec des histoires et d’offrir la lecture de livres que les enfants n’ont pas à l’école, et ce, à toutes les deux semaines pendant toute l’année scolaire. Nous proposons un calen drier de rencontres au début de l’année scolaire et ça ne prend pas de temps que tout est complet», confient-elles.

Habituellement, c’est Ginette qui raconte une l’histoire alors que Danielle anime les marionnettes confectionnées par Ginette. Le plus souvent possible, elles utilisent un kamishibaï (voir encadré). Elles sont d’ailleurs les autrices d’un kamishibaï adapté au Québec, intitulé «Sur le sentier du grand pommier» et produit par le comité d’Éveil à la lecture et à l’écriture du Val-Saint-Francois.

«Notre mission première demeure de communiquer l’amour de la lecture. On encourage les plus vieux à lire aux plus jeunes, à dessiner une illustration de l’histoire ou proposer une autre finale à notre histoire. On espère ainsi développer l’imagination des enfants, leur faire découvrir de nouveaux horizons et leur inculquer un sens critique. Les enfants nous épatent : ils sont allumés, ils comprennent vite, ils possèdent un bon vocabulaire, ils participent et ils s’expriment», mentionne le duo complice. «Les enfants vivent en milieu rural, ils connaissent les animaux, la vie à la campagne, et ils démontrent tous une grande ouverture d’esprit», ajoutent-elles.

«Comme le projet se poursuit d’années en années, on constate l’évolution des enfants. Et la bibliothèque est un lieu si accueillant, si vivant, où il y a toujours quelque chose de nouveau. Aujourd’hui, ce sont les enfants qui entraînent les parents à la bibliothèque».

Écrimots

Toutes les deux originaires de Montréal, Danielle Bédard et Ginette Gratton ont fait connaissance en 1976 à leur arrivée dans la région, Danielle dans le Canton de Cleveland et Ginette à St-Félix. La première travaillait à l’époque en évaluation de programmes de santé, alors que la seconde, après des études en pédagogie artistique, enseignait les arts plastiques avant de devenir orthopédagogue à l’école Victor-Doré à Montréal, établissement spécialisé pour les élèves atteints d’une déficience motrice ou organique grave.

Au début des années 2000, elles ont entrepris leur collaboration à Richmond, au sein de «Écrimots», un organisme d’alphabétisation populaire visant à aider gratuitement les adultes ayant des difficultés à lire, à écrire ou à compter et plus particulièrement auprès de parents ayant de jeunes enfants. Face à la difficulté de recruter des apprenants et des bénévoles, Danielle et Ginette ont donc trouvé tout naturel de mettre leur énergie vers la prévention et l’importance de la lecture auprès de jeunes enfants. L’invitation de Pauline Roy de la bibliothèque de St-Félix de faire de l’animation lecture auprès des élèves de l’école de St-Félix tombait donc à point.

La lecture? Du japonais pour certains?

Butai : Le butaï japonais est un petit théâtre en bois, l’outil indispensable pour utiliser les kamishibaïs. Un kamishibaï est composé d’un ensemble de planches cartonnées numérotées racontant une histoire. Chaque planche met en scène un épisode du récit, le recto pour l’illustration, le verso pour le texte.

Le kamishibaï ou «théâtre d’images» signifie littéralement : «jeu théâtral en papier». C’est une technique d’origine japonaise basée sur des images défilant dans un butaï. Le kamishibaï peut être utilisé facilement dans tous les lieux de rencontres (bibliothèques, écoles, hôpitaux, prisons, maisons de retraite). Il est utile pour l’alphabétisation, la lecture de l’image, l’apprentissage de la lecture à haute voix, la création et l’écriture d’histoires par les enfants. Depuis les années 1970, le kamishibaï s’est répandu dans le monde entier (Suisse, France, Hollande, Belgique, États-Unis).

La Société Saint-JeanBaptiste s’en mêle

La Société Saint-Jean-Baptiste du Centre-du-Québec annonce qu’elle accorde un montant de 200$ pour l’acquisition d’un butaï, vu que Danielle et Ginette doivent actuellement l’emprunter au réseau de bibliothèques du Centre-du-Québec, de Lanaudière et de la Mauricie, et ne sont jamais certaines d’avoir le butaï à leur disposition. Cette acquisition leur assurera de continuer d’offrir plus régulièrement les animations kamishibaï aux écoliers de St-Félix.

Bibliothèque Irène-Roy-Lebel Pour ceux et celles infectés par le virus de la lecture

Plus de 5000 livres- 350 abonnés- 165 jeunes abonnés- Entre 500 et 600 livres empruntés chaque mois- Un monde de curiosités!- Accès au réseau Biblio pour l’emprunt de livres entre bibliothèques- Livres de référence, revues, jeux de société- Une saine habitude à prendre!

En souhaitant que ce virus de l’amour de la lecture se propage à tous les enfants de St-Félix -et du monde! afin de combattre l’ignorance «mère de tous les maux». «On y croit» concluent d’une voix commune les deux comparses.

Merci Danielle! Merci Ginette!