©François Lahoud

Distinction ultime pour un défenseur du patrimoine à Pierre Lahoud

Marc Cochrane, Autour de l’île, Île d’Orléans, novembre 2023

Les innombrables actions de Pierre Lahoud visant à défendre et à promouvoir le patrimoine naturel et bâti québécois ont été récompensées alors que l’historien photographe volant de Saint-Jean a mérité le prestigieux Prix Gérard-Morisset 2023 dans la catégorie culturelle des Prix du Québec.

Le féru de photographie aérienne a reçu cet honneur lors d’un gala présenté le 22 novembre au Palais Montcalm.

« Je suis extrêmement honoré et fier de voir que je suis choisi par mes pairs qui apprécient mon travail. Ça couronne ma carrière », a commenté le Chevalier de l’Ordre national du Québec, promotion 2022.

« J’ai toute ma vie admiré cet homme de contenu (Gérard-Morisset). Tout jeune, j’ai travaillé au Musée national des beaux-arts du Québec ; on m’avait attribué son bureau et j’en ai toujours ressenti une grande fierté. Son travail d’inventaire, intervention primordiale pour l’avancement des connaissances, m’a toujours inspiré, voire guidé », a-t-il ajouté.

Jeune historien et ethnologue diplômé de l’Université Laval, Pierre Lahoud commence sa carrière avec un contrat du ministère des Affaires culturelles qui les mandate, son équipe et lui, pour inventorier les bâtiments anciens du Québec à bord d’un petit avion dont il ouvre une fenêtre.

Ses plans panoramiques et ses cadres serrés révèlent le Québec d’un point de vue rarement exploré et documentent tant le territoire et la densification des villes que les catastrophes naturelles. Généreux de nature, il offre ses photographies à toute organisation intéressée. Les municipalités profitent de l’occasion, les conservant précieusement ou encore les intégrant à diverses publications.

Nombreux accomplissements

Inventif, l’historien est derrière plusieurs autres initiatives hors du commun. Avec le concours de l’Université Laval, il fonde, en 1998, Villes et villages d’art et de patrimoine  permettant aux petites localités d’engager des spécialistes en patrimoine. En 2005, il crée La cenne à Lahoud, une taxe de 1 ¢ prélevée aux propriétaires de maisons de l’île d’Orléans pour chaque tranche de  100 $ d’évaluation municipale afin de financer l’héritage de l’île.

Quatre ans plus tard, afin que les Augustines trouvent les fonds nécessaires pour pérenniser leur monastère, il invente, avec des partenaires, le concept de « fiducie d’utilité sociale » qui donne lieu à Ia Fiducie du monastère des Augustines ; ce type de fiducie sera repris par d’autres communautés religieuses.

Construit en 2002, l’Espace Félix-Leclerc constitue l’un de ses projets importants, mené entre autres avec Nathalie Leclerc, la fille du célèbre artiste. C’est également lui qui, avec d’autres collègues inspirés par la France, met sur pied l’Association des plus beaux villages du Québec, laquelle promeut leur préservation et met en valeur leur patrimoine architectural et leurs paysages.

Également auteur, l’historien fait paraître 50 livres sur son sujet de prédilection. Sa plus récente série, dénommée Curiosités, illustre les particularités des régions du Québec. Pour les non-initié.e.s, sa chronique dans le journal Le Soleil, Vu de là-haut, lui permet de démocratiser son précieux savoir.

Don unique

En 2019, afin d’assurer leur pérennité et leur disponibilité pour le plus grand nombre, Pierre Lahoud fait un don de plus de 250 000 diapositives, tandis que 600 000 autres sont en cours de donation. Ses photographies quittent sa maison patrimoniale de l’île d’Orléans pour être confiées à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et enrichir notre mémoire collective, un legs d’une rare ampleur à travers le monde.

Références incontestées ici comme ailleurs, l’historien et son œuvre trouvent écho à l’étranger. L’émission française Des racines et des ailes, réputée pour l’exemplarité de son contenu et diffusée dans 200 pays, s’associe à lui pour le tournage d’un épisode consacré au Québec.

« Aujourd’hui, les changements climatiques sont à nos portes et bouleversent nos façons de faire. Je veux continuer à les documenter afin d’apporter aux générations suivantes le témoignage de ces bouleversements. Je veux continuer à sensibiliser les gens à la beauté de nos paysages et à l’importance de notre patrimoine ; tout cela est si fragile et il faut les protéger », a mentionné Pierre Lahoud.

L’infatigable septuagénaire a aussi reçu une bourse non imposable de 30 000 $, une médaille en argent réalisée par un artiste professionnel québécoisgravée à son nom, un parchemin calligraphié signé par le premier ministre et le ministre responsable de même qu’une épinglette en argent plaquée or.

Un autre insulaire, Claude Dubé, de Sainte-Pétronille, avait reçu pareil honneur en 2020.