Photo Marie-Josée Gamache

Les moulins à vent de Ste-Sophie

Marie-Josée Gamache, Le Trident de Wotton, Wotton, octobre 2023

Je connais depuis longtemps Ste-Sophie d’Halifax dans les collines derrière Plessisville. Pendant des années, nous avons fréquenté l’endroit en famille et avec des amis, célébrant des anniversaires, la St-Jean Baptiste, et organisant de mémorables partys du jour de l’An. C’est un endroit bucolique, avec ses paysages champêtres et sa petite rivière qui coule au fond du vallon.

Il y avait une bonne entente entre les citoyens jusqu’à l’arrivée du Projet Éolien de l’Érable en 2005 et la construction de 50 éoliennes dans la MRC. De nombreux citoyens se sont opposés au projet à l’époque mais sans succès. Je suis allée faire une visite dernièrement, histoire de vivre de plus près l’expérience éolienne et de parler avec des résidents.

Les premières éoliennes nous sautent au visage dans un détour du haut du rang 4. Elles sont assez proches, installées dans les hauteurs. Il ventait assez fort ce jour-là et on entendait très bien le bruit des éoliennes, une sorte de sifflement feutré.

Plusieurs personnes que je connaissais ont déménagé ou sont décédées, des suites de maladie non reliées aux éoliennes. La dame qui a acheté la maison d’un ami, ne se plaint pas de désagréments causés par le bruit ou les ondes électromagnétiques. Elle dit entendre rarement les éoliennes qui tournent près de sa maison, parfois en hiver, mais elle s’est habituée. Elle élève quelques animaux qui ne semblent pas incommodés. Un éleveur de bovins envoie son troupeau paître presque sous les éoliennes et il n’a pas remarqué de problèmes de santé chez ses bêtes.

Le principal problème s’est posé, selon lui, durant la construction; à cause de la poussière et du bruit causés par les camions et la machinerie. Il aurait aimé que la compagnie répare les chemins à la fin des travaux. On voit encore ici et là des tas de gravats sur le bord des chemins menant à chaque éolienne. Si les ennuis causés par la construction se sont estompés, les répercussions au niveau psychosocial se font encore sentir aujourd’hui.

Le projet n’a pas fait l’unanimité au sein de la population, loin de là, et a causé la zizanie dans la municipalité. Ceux qui ont accepté les éoliennes sur leurs terres ont subi la foudre des opposants et se sont fait traiter de vendus. L’un a profité de l’argent versé pour agrandir son étable; un autre s’est fait construire un lac à truites. Leurs voisins ont subi les inconvénients sans être dédommagés en retour. Des familles ont éclaté, des amis ne se parlent plus. Les opposants ont entamé des poursuites judiciaires pour troubles de voisinage et ont perdu. Le sujet demeure difficile à aborder pour les citoyens. Cette situation de conflits risque d’arriver dans notre municipalité si le Projet Éolien des Sources va de l’avant sans l’acceptation sociale nécessaire.