Réjean Martin, Le Bulletin de Mékinac, octobre 2023
C’est à la mi-septembre que le journaliste d’ici Radio-Canada, Alec Castonguay y allait d’une publication web intitulée Les effets insoupçonnés de la filière batterie.
L’intérêt pour cette analyse est indéniable parce que la Mauricie, on le sait, est une zone d’innovation appelée La Vallée de la transition énergétique.
«Depuis quelques mois, constate Alec Castonguay, le trio politique de la filière batterie, François Legault, Pierre Fitzgibbon et François-Philippe Champagne, enchaîne sans relâche les annonces qui permettent de faire sortir de terre une toute nouvelle grappe industrielle. Le premier ministre Doug Ford en fait autant en Ontario. Les noms sont prestigieux: GM, Ford, Stellantis, LG, Volkswagen, Solus Advanced Materials … Les montants sont si impressionnants qu’on peine à en prendre la pleine mesure : 300 millions; 750 millions; 1,2 milliard; 5 milliards; 7 milliards; 10 milliards …
Et ce n’est pas terminé».
Alec Castonguay croit que le « point d’orgue» de cette stratégie québécoise sera atteint très bientôt avec l’annonce à McMasterville (28 km au sud-est de Montréal) d’une méga-usine de batteries de Northvolt (compagnie suédoise) déjà qualifiée d’ores et déjà du « plus important investissement privé de l’histoire du Québec» au montant de 7 milliards de dollars entraînant la création de 4000 emplois! Rien de moins que « l’équivalent pour le Québec de l’annonce de Volkswagen à St-Thomas, en Ontario, le printemps dernier).
Il semble que le ministre fédéral de l’innovation, de la Science et de l’industrie, François-Philippe Champagne, député de Saint-Maurice, parle carrément de « l’opportunité d’une génération », d’une « nouvelle révolution industrielle » au sujet de ce que le ministre de l’Économie, de l’innovation et de !’Énergie, Pierre Fitzgibbon, estime de son côté être « l’équivalent des projets de grands barrages hydroélectriques » d’autrefois.
Le journaliste explique que tout ça va « bien au-delà des dollars et des emplois »; il parle des « effets politiques insoupçonnés (qui) vont durer des décennies ».
Cela « renforce notre relation toujours délicate avec les États-Unis »; cela a « le potentiel de transformer la manière dont nous utilisons l’énergie à la maison, et pourrait même avoir une incidence positive inattendue sur le tissu social et démocratique canadien. Rien de moins »
Trop beau pour être vrai?
« Trop beau pour être vrai », demande Alec Castonguay ?
Et ensuite il voit tout ça comme d’un moyen de se prémunir contre les futurs Trump; c’est-à-dire le protectorat américain qui ferait en sorte de nous pénaliser.
Il semble que François-Philippe Champagne ait récemment confié au journaliste ceci: « Je m’arrange pour que ce ne soit plus possible de couper l’eau du robinet », se rappelant de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain exigé par Trump en 2017.
En bref, on mise en ce moment sur »la confortable relation économique que le Canada entretient avec la plus grande puissance du monde ».
D’autre part
D’autre part, le journaliste pose que si l’avenir de l’industrie automobile est électrique, « toutes les composantes qui traverseront la frontière chaque jour de part et d’autre seront autant d’arguments pour garder ce robinet économique ouvert. Parce que les usines de batteries de GM, Ford, Stellantis et autres Northvolt vont également alimenter les sites de fabrication aux États-Unis. Si le gouvernement américain ne souhaite plus que ses entreprises achètent les feuilles de cuivre de Solus Advanced Materials, à Granby, pour construire leurs batteries, l’autre usine la plus proche est en Chine ! »
En fait, »avoir la puissante industrie automobile et sa chaîne d’approvisionnement comme allié, explique Alec Castonguay, est beaucoup plus important que tous les beaux discours des politiciens américains sur le fidèle ami canadien qui partage ses valeurs ».
Le début de quelque chose
Par ailleurs, si la filière batterie est animée en ce moment par le transport (camions, autos, motoneiges, etc.) il appert que c’est là « le début de quelque chose, pas l’aboutissement », a dit au journaliste la PDG de l’Association de l’industrie électrique du Québec, Marie Lapointe. Cette association regroupe notamment des entreprises qui développent et exportent des composantes de batterie, la prochaine »grande étape et clé du futur » sera les technologies de gestion de l’énergie par exemple dans les maisons et les villes où la fiabilité sera assurée grâce à de puissantes batteries (comme l’énergie du soleil du jour emmagasinée dans des batteries).
Recyclage
Non seulement on fabriquera des batteries, mais on en fera le recyclage grâce au groupe allemand BASF, qui devrait s’installer à Bécancour dans les prochains mois, rappelle Alec Castonguay.
Également, on rappelle que le Québec devient l’un des rares endroits dans le monde à recycler le cuivre, composante essentielle des batteries avec Sol us Advanced Materials, à Granby, qui compte produire ses feuilles de cuivre presque entièrement à partir de métal recyclé, notamment en provenance de nos déchets de matériel informatique.
L’arrivée massive des batteries dans nos vies constitue à la fois un défi écologique et une opportunité économique, étant donné que la valeur des matériaux contenus dans les batteries en fait carrément des gisements alternatifs à nos mines traditionnelles lors du recyclage.
Indéniablement, il y a retour en force du secteur manufacturier en Amérique du Nord déclenché par Joe Biden mettant des dizaines de milliards de dollars à des usines de semi-conducteurs et allant vers les énergies propres susceptibles d’offrir du travail à une classe ouvrière autrement désabusée.