Roger Lafrance, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe,
septembre 2023
Que vise cette loi? Simplement à forcer les Facebook et Google à indemniser les médias canadiens pour les articles qu’ils diffusent sur leurs réseaux. Car, voyez-vous, en reprenant ces infos, ils font des millions en y accolant de la publicité. Or, ils ne paient rien pour utiliser ce matériel. C’est là le nœud de l’affaire.
Pour les médias, la situation est catastrophique. Au cours des dernières années, ils ont perdu une partie importante de leurs revenus en publicité au profit du Web. Et les mauvaises nouvelles s’accumulent comme un supplice de la goutte.
Comme en témoigne la récente fermeture du journal Métro, dernier en lice d’une longue série, la plupart des médias en arrachent. Les journaux traditionnels sont de plus en plus minces. Même un chef de file comme Québecor Média (TVA, Le Journal de Montréal) perd de l’argent.
On pourrait penser que tout cela ne nous concerne pas, que cette guerre ne touche que les médias d’information. On pourrait aussi penser que les journaux imprimés sont sur la voie de la disparition, qu’on assiste simplement à un changement technologique. Or, cette crise nous concerne aussi comme citoyen.
Dans notre région, nous sommes chanceux de compter sur des médias de qualité. Chaque année, Le Courrier et Mobiles se distinguent pour leur excellence parmi les médias régionaux du Québec. On peut en dire autant de la radio et de la télé communautaire.
C’est grâce à eux si les citoyens sont informés sur ce qui se passe dans leur milieu : de l’accident mortel aux décisions de leur conseil municipal, d’une entreprise qui grandit, d’un commerce qui annonce ses produits ou services, ou d’une activité communautaire.
Imaginez un moment si l’un de nos médias locaux venait à disparaître. Comment feriez-vous pour savoir ce qui se passe dans votre localité? Comment une organisation, privée ou publique, feraitelle pour annoncer une activité ou offrir ses services? Ce serait beaucoup plus difficile.
Internet offre de belles possibilités, on ne peut pas le nier. Les réseaux sociaux aussi. Mais lorsqu’on veut rejoindre la population de sa région, le média local est encore le mieux placé. Il est souvent le seul qui peut garantir une information validée, basée sur des faits. On l’a bien vu, lors de la pandémie, alors que les médias d’information étaient un rempart contre toutes les faussetés qui circulaient.
Les médias sont essentiels à nos vies. N’attendons pas qu’ils ferment les uns après les autres pour se dire qu’ils étaient finalement bien importants.
Chacun d’entre nous peut faire une différence en soutenant nos médias. En s’abonnant, en annonçant, en réduisant notre utilisation de Meta ou de Google, en demandant à nos institutions locales de mieux soutenir nos médias locaux.
C’est un enjeu de démocratie, c’est vrai, mais c’est aussi un enjeu de cohésion sociale. Et ça, ça n’a pas de prix.