Alexis Bataillé, Échos Montréal, Montréal, août 2023
Après avoir suspendu les travaux pendant les fins de semaine de la Saint-Jean et de la fête du Canada, le ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec a annoncé le retour des entraves majeures.
«Les gens sur l’île vont devoir s’habituer au retour des cônes orange», affirmait Nicolas Vigneault le relationniste du Ministère en juillet à l’antenne du 98.5. Avec les 51 travaux majeurs prévus pour cet été, les entraves importantes redeviendront courantes lors des prochaines semaines.
La fin de semaine des 8 et 9 juillet, le ministère du Transports a annoncé la fermeture d’artères importantes à la circulation du grand Montréal. Par exemple, du 7 au 10 juillet, il y a eu des entraves importantes à la circulation, notamment, dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, sur le boulevard Crémazie, sur l’autoroute 13, sur l’autoroute 15 et aussi sur la bretelle de l’échangeur SaintPierre qui avait mené à d’importantes congestions en direction de l’aéroport il y a quelques semaines. Juste pour les travaux pour le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, on prévoyait de la congestion jusqu’à la fin du mois.
Les 51 travaux et la pire infrastructure des provinces canadiennes
Si la ministre des Transports et de la Mobilité durable indique que les nombreux travaux dans la région métropolitaine cet été s’expliquent par les infrastructures vieillissantes de la métropole, «qui ont toutes été construites à peu près en même temps ». Il est vrai que plusieurs infrastructures importantes comme le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, le pont de l’Île-aux-Tourtes et le tunnel Viger /Ville-Marie ont été construits dans la même période. Mais, la nécessité de tout entretenir en même temps est plutôt reliée à un manque d’entretien qui date depuis plusieurs années et qui semble chronique au modèle québécois d’après David Marcille un porte-parole de l’Association canadienne des automobilistes (CAA).
En fait, d’après une étude de CAA, l’infrastructure routière est la pire au Canada. S’il est difficile d’avoir des données complètes sur les routes des différentes provinces, l’association d’automobilistes justifie cette affirmation parce que les frais de réparations de voiture associés à la mauvaise condition des routes sur la voiture sont, en moyenne, de 258 dollars par année. Considérablement plus que partout ailleurs au Canada, à titre d’exemple, le montant pour l’Ontario est de 88 dollars et la moyenne canadienne de 126.
Certains propos de la ministre font écho à l’analyse du porte-parole de CAA, ce qui explique, d’après elle, la grande quantité de chantiers dans le grand Montréal c’est qu’« on n’a pas le choix de faire de l’entretien et du maintien pour éviter des situations d’urgence ». CAA milite justement pour l’approche «vaut mieux prévenir que guérir », l’association argue qu’une approche préventive est aussi financièrement préférable.
Repenser le financement des transports
«Pour comprendre pourquoi le réseau routier est sous-financé et en mauvais état, il faut savoir que le fonds qui finançait uniquement le réseau routier a été transformé, et finance maintenant à la fois le réseau routier et le transport collectif », avance le porte-parole de CAA. S’il insiste sur l’importance du transport en commun, il pense qu’il faut reconnaître la part que versent déjà les automobilistes avant de leur demander plus. D’après CAA, les fonds qui servent à financer les infrastructures de transport en tout genre sont principalement alimentés par les différentes taxes sur l’essence et sur les immatriculations, les divers droits et les contributions sur les permis de conduire.
Ce n’est pas une manière pérenne de financer les transports au Québec selon l’association lorsqu’on prend compte de la montée en popularité des véhicules électriques qui ne paieront pas de taxe sur l’essence, d’une quantité croissante de personnes âgées qui n’utiliseront plus la voiture et d’une diminution de jeunes qui passent leurs permis. Dans un contexte où le secteur routier représente 58% du déficit de maintien d’actifs de 34,9 milliards du Québec, M. Marcille soutient que le fonds, qui servait uniquement à financer le réseau routier doit maintenant contribuer au transport en commun alors qu’il est « insuffisant pour financer les deux»