Jacinthe Laliberté, Le Journal des citoyens, Prévost, juillet 2023
Une rencontre imprévue a amené le Journal à se pencher sur une nouvelle problématique dans le monde des affaires régionales : l’isolement des femmes entrepreneures. Pour y pallier, certaines d’entre elles se sont réunies pour faire face à ce défi de taille.
Ainsi, Naomie Goyette, consultante et femme entrepreneure de Sainte-Anne-des-Lacs a réalisé qu’un certain nombre d’entrepreneures dont les entreprises sont situées dans les Laurentides, sont totalement isolées.
Convaincue du bien-fondé de ce type de rencontre, Naomie, a donc décidé de créer un petit évènement qu’elle a nommé « ELLES L’informel ».
Entrepreneure ou entrepreneuse
Avant tout, voyons à utiliser le bon terme : entrepreneure ou entrepreneuse. Selon les dictionnaires, le féminin des mots en « eur » doit s’écrire en « euse ». Or, l’usage langagier vient en compétition avec les principes grammaticaux. Que faut-il choisir dictionnaire ou usage ?
Selon les statistiques provenant du monde des affaires, le terme entrepreneure a de plus en plus la cote. Les femmes entrepreneures s’estiment traitées au même titre que leurs collègues entrepreneurs si le terme « entrepreneure » est privilégié.
Les femmes entrepreneures font leur marque.
Selon Statistiques Canada, au Québec, les femmes représentent maintenant près de 40 % des entrepreneurs. Et, selon les statistiques du Québec, en 2020, le taux de nouveaux propriétaires chez les femmes dépassait celui des hommes : 17,3 % contre 10 % pour les hommes.
Pour Naomie, consultante en Optimisation en entreprise, il est important pour les femmes, à la tête d’une entreprise, de se rencontrer pour juste « jaser », pour partager, pour se regrouper. Concrètement, une rencontre de femmes qui vivent la même réalité.
Pour elle, plus le groupe grossira, plus l’échange des informations sera profitable à toutes, car chacune a sa spécialité. Il leur sera peut-être possible de combler des besoins ou des lacunes de leur propre compagnie ou de celle d’une autre entreprise grâce à cet échange d’informations. C’est ce que Naomie appelle des « partenaires de croissance ».
Par ailleurs, un autre but serait de s’engager plus localement en embauchant des gens de la communauté. Tel est le cas de son entrepreneure en construction, Isabelle Leblond, de Construction Crystal Laurentides qui a su s’entourer d’une équipe de plusieurs corps de métier, notamment de Sainte-Anne-des-Lacs et aussi de cinq municipalités environnantes. « Moi, comme entrepreneure, j’apporte beaucoup à ma municipalité, et ce de différentes façons. Je paie des taxes substantielles et je donne de l’emploi localement », de spécifier Isabelle.
Comment s’entraider ?
De par son entreprise de consultante en Optimisation en entreprise, Naomie aide les entrepreneures soit à démarrer leur entreprise soit à atteindre leur deuxième niveau de performance ou de croissance. La problématique, pour elle, s’explique ainsi : lorsque l’entreprise est créée, certaines d’entre elles plafonnent rapidement.
D’après elle, les femmes entrepreneures sont tellement prises avec le marketing et la comptabilité que leur journée est pleine. Et à ce travail s’ajoute la gestion de la famille. Conséquence, elles ont moins de disponibilité pour développer leur entreprise et pour créer un réseau.
« Parfois, pour ne pas dire souvent, il est difficile pour les femmes de percer. Il faut se soutenir pour faciliter l’accès au marché entrepreneurial. Il faut se donner les moyens de progresser malgré tous les défis qui nous sont propres », de dire Naomie avec un petit sourire moqueur.
Des entrepreneures de la région avec des idées géniales
Le groupe de femmes entrepreneures, réunies pour ce 5 à 7, âgées entre 35 ans et 75 ans, habitent Sainte-Anne-des-Lacs, Piedmont, Prévost et Sainte-Adèle. Ce groupe, appelé « Elle Entreprend-Laurentides », vise autant de futures entrepreneures que celles déjà établies.
Ces femmes ont beaucoup à dire. Ainsi s’expriment-elles :
Marie-Andrée Bélair et Chantal Rochette, des Annelacoises, ont une entreprise en courtage immobilier résidentiel : « Nous venons, ici, faire de nouvelles rencontres, partager sur notre métier. Heureuses que ce groupe ne concerne que les femmes, car nos préoccupations se ressemblent ».
« Pourquoi pas les femmes ? Dans ma génération, ce n’était que des hommes qui étaient chef d’entreprise. Maintenant, on voit des jeunes femmes qui ouvrent des entreprises. J’ai apprécié rencontrer d’autres entrepreneures plus jeunes que moi », de dire Hélène Bégin dont l’entreprise Kimo-0-déchet est située à Piedmont.
Agathe Proulx, âgée de 75 ans, courtière en douanes et en transport international, une Annelacoise, est travailleuse autonome pour la compagnie Euro Fret Canada : « Cette rencontre me permet un retour en arrière très intéressant puisque j’ai déjà siégé à un conseil d’administration de femmes d’affaires du Québec ».
Karine Fortier-Desabrais, courtière hypothécaire, ouvre le nouveau bureau de multiprêts hypothécaires à Prévost. Elle n’avait que des éloges pour cette rencontre : « C’est rare que l’on voie un réseautage de femmes locales. Je suis résidente de Sainte-Anne-des-Lacs depuis sept ans et je ne connaissais personne ici. Si on peut aider les entreprises à se propulser dans un marché d’entrepreneuriat, c’est une belle façon de le faire. »
Viviane Loranger Bolduc, fondatrice de la garderie La Fabrique des petits bonheurs et, comme elle le spécifie, partenaire « dans l’ombre » du Radis noir, épicerie bio et nouveau pub café, entreprises de Sainte-Anne-des-Lacs, était fière qu’autant de femmes aient répondu à l’appel. « Ce type de rencontre est primordial. Les femmes débordent d’idées. Il y a tant de possibilités qui les attendent », de conclure cette dernière.
Comme il y aura des évènements mensuels, il sera possible de suivre le groupe « Elle Entreprend-Laurentides » sur leur page Facebook.