Les étrangers sont accueillis avec curiosité à la Maison le Chat Botté, un partenaire du REAAC dans Montréal-Nord où Brigitte Lévesque (en arrière-plan) s’implique. (Photo : François Robert-Durand, JDV)

Brigitte Lévesque, Réseau d’entraide pour les animaux d’Ahuntsic-Cartierville

Maureen Jouglain, Journaldesvoisins.com… le Mag!
Ahuntsic-Cartierville, février 2023

Nous nous sommes rencontrées par une fraîche journée de décembre dans un café de la rue Fleury, presque deux ans, jour pour jour, de la création du Réseau d’entraide pour les animaux d’AhuntsicCartierville (REAAC), une initiative visant à sauver des animaux domestiques en péril.

Avec près de 40 sauvetages de minous à son actif et une quinzaine de bénévoles impliqués, Brigitte Lévesque coordonne ce projet avec cœur.

Des héros de l’ombre

Le REEAC a été lancé par des voisins et des amis ayant constaté l’abondance d’animaux égarés dans les rues d’Ahuntsic-Cartierville, un peu à l’image des héros de l’ombre, qui, le soir venu, revêtent leur attirail pour sauver des innocents. La comparaison est à peine exagérée, puisque c’est en se baladant dans le quartier, à la nuit tombée, à la recherche d’animaux égarés, que Brigitte a rencontré celle qui deviendra sa partenaire dans ce projet, Tamy da Silva. Les deux complices se sont très vite retrouvées autour de cette passion commune et le projet est né. Désormais, lorsqu’un chat errant est repéré, le réseau se charge de le trapper (l’attraper dans une cage), lui trouver une maison d’accueil et lui fournir les soins vétérinaires minimaux : vaccination, vermifugation et stérilisation.

Parmi les personnes impliquées, une des contributions les plus importantes est celle des maisons d’accueil. Le réseau en compte près d’une douzaine et ne pourrait exister sans elles. Une famille d’accueil est un foyer temporaire pour le chat : «Nous n’avons aucun local ni refuge ; la mission des familles d’accueil est donc d’accueillir le chat et de le remettre sur pattes pour qu’il soit prêt à trouver son foyer permanent. » Elles jouent un véritable rôle de réhabilitation.

Un travail de détective

Brigitte me parle du travail rigoureux derrière le sauvetage d’animaux domestiques : «On ne peut pas ramasser n’importe quel chat. Certains chats qui sont dehors ont le droit de l’être.» Pour établir si le chat est errant ou simplement égaré, une enquête s’amorce à coups d’annonces sur les réseaux sociaux et d’interrogatoire du voisinage. Si le chat est micropucé ou porte un collier, c’est encore plus facile. Au bout d’un certain temps, lorsque personne ne se manifeste ou réclame l’animal, il peut être adopté.

On trouve aussi des indices dans leur comportement. Des chats socialisés ont certains réflexes qui ne trompent pas : «Je me souviens d’un chat qui s’approchait en entendant le froissement d’un sac de gâteries, il avait déjà connu ça», m’a-t-elle expliqué.

Leur état physique peut également être un bon révélateur. La vie en extérieur laisse des marques indélébiles sur leurs corps. Particulièrement les hivers lors desquels le froid peut ronger les extrémités : un chat qui a passé plusieurs hivers dehors pourrait avoir des oreilles complètement rondes et bon nombre d’engelures.

Patience et dévouement

«Lors de mon dernier trappage, nous avons mis plusieurs jours à capturer un chat vraiment mal en point. Je me suis dit que ce serait mon dernier, me confie-t-elle alors qu’elle se prépare à se rendre à une nouvelle intervention pour la Maison le Chat Botté, un solide partenaire du réseau. Mais c’est difficile d’arrêter!» Les longues heures passées dehors en attendant d’attraper un chat ne sont qu’un des aspects difficiles du sauvetage.

La patience se pratique aussi du côté des familles d’accueil, qui abritent parfois des chats très craintifs. Un mois et demi après avoir adopté son chat Romain, Brigitte se souvient de la première fois où elle a pu le caresser. «J’étais assise dans le salon puis il s’est approché, j’ai commencé à le caresser doucement et il s’est mis à ronronner et à être adorable, en confiance», se remémore-t-elle avec émotion. Assister à ce déclic est, selon elle, la plus belle des récompenses.

Tout le monde ne peut pas accueillir des animaux chez soi et c’est important que chaque membre du réseau investisse à hauteur de ce qu’il peut: que ce soit du temps, des dons, des soins ou simplement en relayant les informations. Brigitte se rappelle la fois où un chaton a pu être hospitalisé en urgence grâce à la vitesse de réaction du réseau. La chance et le succès du REAAC résident réellement dans le fait d’être entouré d’une communauté dévouée.