Normand Gosselin, Journal des citoyens, Prévost, Janvier 2023
Quatre-vingt-un ans de passions… et ça continue ! L’homme est toujours engagé, en mouvement, aux aguets de nouvelles missions à accomplir. Actif comme peu de gens le sont. Il dit sans rire, tout de go : « Je n’ai jamais travaillé, j’ai seulement fait ce que j’aimais, en tout temps ! » Bref, André Gagnon s’amuse. De fait, il mentionne qu’il s’ennuie à ne rien faire, il fait alors voguer sa pensée, par monts et par vaux… et passe à l’action.
André Gagnon a toujours su ce qu’il voulait et croque à pleines dents dans la vie, depuis toujours. Il a grandi dans un quartier populaire du sud d’Ottawa, dans la ligne d’approche des avions militaires vers l’aéroport. Son père lui a raconté un jour que lorsqu’il avait à peine trois ans, il levait les yeux au ciel dès qu’il entendait le bruit d’un avion et suivait l’appareil jusqu’à ce qu’il soit disparu à l’horizon. Tout jeune, vers cinq ou six ans, son père lui avait expliqué qu’il y a des gens dans les aéronefs et qu’il y a des pilotes qui les conduisent à bon port. « Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai su que ma vie serait consacrée à l’aviation », dit-il.
L’enfant qu’il était ignorait que la famille était pauvre, ça n’influençait donc pas ses rêves ni son action. Avec des copains, dès l’âge de huit ou neuf ans, il avait visité tout ce qu’il y avait de musées à Ottawa et Gatineau. « Je ne sais pas s’il y avait un frais d’entrée dans ces musées, mais nous n’en avons jamais payé. J’imagine que les responsables nous laissaient passer sans rien dire… » On comprend vite que sa détermination et son ouverture d’esprit lui ont ouvert toutes les portes. À ses yeux, il n’était pas vraiment aventurier, mais tout simplement curieux, avide de savoir et d’action. Une autre belle croquée dans la Vie!
Une carrière bien remplie en aviation
André Gagnon est arrivé sur le tard chez les cadets de l’air : à 15 ans, alors que la plupart des ados y arrivent vers l’âge de 13 ans. Il aura fallu que son curé parle en chaire que l’escadron local était en campagne de recrutement. En s’impliquant à fond, en sautant des étapes aussi, il a obtenu ses ailes de pilote à 17 ans. Un an plus tard, il était stagiaire sur une base militaire en Angleterre.
Vite passé à l’Aviation royale canadienne, il complète ses études de pilote de jets militaires à 21 ans, et en un tournemain il est nommé instructeur ! Wow ! Il avait dû assez bien réussir ses études pour obtenir une telle promotion. Il a occupé cette fonction pendant quatre ans, pour ensuite passer à l’aviation civile. André Gagnon fut parmi les premiers pilotes francophones aux commandes d’appareils d’Air Canada, cumulant 18 000 heures de vol en 27 ans. Il a tiré sa révérence à 52 ans : il avait encore tellement autre chose à faire.
Les deux mains dans les affaires
Il ne s’était pas imaginé pendant sa jeunesse qu’il serait un jour en affaires, mais il a vite compris qu’il faut savoir saisir les occasions au passage. Et il s’y est adonné, à compter de 1973, tout en œuvrant chez Air Canada, et jusqu’à maintenant ; parfois seul, parfois avec des associés, le plus souvent avec ses deux fils : école de natation, centre commercial de proximité, bars de quartier, restauration, salon de billard, entreposage, déchiquetage de papier confidentiel et nominatif, etc.
Finalement, le commerce de déchiquetage a amené Groupe Gagnon à s’impliquer en récupération et recyclage de polystyrène, à Prévost, avec son fils Sylvain (Jean ayant sa propre entreprise de marketing informatisé, VUMEDIA). Ce service unique au Québec de recyclage de polystyrène évite l’enfouissement de millions de verges cubes du produit d’emballage utilisé pour téléviseurs, appareils ménagers, appareils électroniques. Plusieurs dizaines d’écocentres du Québec l’alimentent de cette matière qui est recyclée et refilée à différentes entreprises de fabrication. Quel bienfait pour notre planète !
Lorsque des amis lui ont demandé s’il n’avait pas peur dans la vie difficile des affaires, il a répondu qu’il plongeait tête baissée, apprenant chaque domaine sur le tas, et même quand il en connaissait fort peu, il lui était impossible d’avoir peur… Surtout, les affaires lui ont permis d’apprendre et d’aimer la négociation.
Intérêts particuliers
Ses lectures diverses sont orientées principalement en vue d’augmenter ses connaissances et sur des sujets qui le portent à façonner ses opinions. Il fut un proche de René Chaput, fondateur du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), parti de Pierre Bourgault fortement imputable pour la défaite de Jean Lesage à l’élection de 1966.
Ces lectures l’ont aidé aussi à avoir le goût du beau, en toute chose. Élément qu’il soigne méticuleusement. Puisqu’il tient à ce que ses expériences servent, il écrit ses mémoires pour le bénéfice de ses descendants. Il serait certainement intéressant qu’elles soient publiées afin de stimuler et encourager d’autres personnes désireuses de réussir leur vie.
La bonne entente et les activités d’affaires
avec ses fils Sylvain et Jean ont amené André
Gagnon à faire réaliser cette peinture grand
format : quatre pieds par six. – Photo courtoisie