Roger Lafrance, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, Octobre 2022
Elles sont belles à regarder, parfois majestueuses, parfois toutes simples, en pierres des champs ou revêtues de bois, joliment décorées. Elles sont sur la rue Girouard, au détour ou au milieu d’un rang, et souvent à l’ombre du clocher paroissial. Nos maisons ancestrales marquent le paysage maskoutain.
Robert Duff restaure les vieilles demeures. Il en habite même une avec des murs en pierres larges d’un mètre, construite en 1842 à St-Damase.
« C’est notre richesse culturelle, affirme-t-il en entrevue au Journal Mobiles. Les maisons ancestrales donnent de la valeur aux bâtiments qui les entourent. C’est pourquoi il est important de les préserver et de le faire de la bonne façon. »Il y a près de 20 ans, il a troqué un job en stratégie commerciale pour devenir maçon. Il avait envie de prendre racine quelque part et surtout de travailler de ses mains. Il ne voulait pas poser des briques, mais plutôt préserver les vieilles pierres.
Il s’est taillé une niche auprès des propriétaires amoureux du patrimoine. Il existe plusieurs entreprises spécialisées dans la maçonnerie ancestrale, mais ces entreprises font surtout des bâtiments d’envergure comme les églises. Il a plutôt opté pour les petits propriétaires qui ont souvent des moyens plus limités.
Depuis, il rénove de vieux bâtiments, ici dans la région comme à Saint-Damase, mais aussi un peu partout au Québec.
« Ce n’est pas tout le monde qui a les moyens ou les connaissances pour travailler sur les vieilles maisons, souligne-t-il. Il y a deux ans, le Conseil des métiers d’arts du Québec a offert une formation pour les tailleurs de pierres. On a appris les vieilles méthodes de construction qui ont eu cours au fil du temps. »
Avec les années, il a cherché à élargir son champ d’influence, notamment en mettant en ligne la page Facebook Maisons ancestrales à vendre au Québec. La page permet d’annoncer des maisons à vendre, mais aussi de conseiller les propriétaires et de pouvoir y recommander des artisans spécialisés dans les vieilles demeures, que ce soit dans le travail du bois ou la restauration de fenêtres et de portes, par exemple.
Des maisons difficiles à assurer
Pour qui aime les vieilles maisons, les défis sont nombreux, notamment celui d’assurer ces biens précieux. La plupart de compagnies d’assurance répugnent à couvrir les bâtiments anciens, plus souvent par méconnaissance.
« Une maison en pièces sur pièces est faite pour durer longtemps. Elle n’est pas plus dangereuse qu’une maison plus récente. Au contraire, elle n’a pas de date de péremption! »
Présentement, il a entrepris des démarches auprès de certains assureurs afin de les sensibiliser à la situation et de les inciter à offrir un produit d’assurance qui pourrait convenir aux propriétaires de vieilles demeures.
C’est dans ce même état d’esprit qu’il a joint depuis quelques années le Conseil régional du patrimoine de la MRC des Maskoutains. Au fil des années, la MRC a produit plusieurs documents pour mettre en valeur notre patrimoine bâti. Elle offre même un programme d’aide financière à la restauration patrimoniale.
Mais au bout du compte, qu’est-ce qui l’incite tant à restaurer les vieux bâtiments?
« C’est d’apporter ma voix dans l’histoire, confie-t-il. Quand tu restaures une maison de 200 ou 300 ans, tu laisses une trace qui va rester encore longtemps dans l’histoire. »