Sorry, no speak french ! 

François Di Candido, Échos Montréal, Octobre 2022

 

La dernière statistique sur l’état du français au pays démontre le déclin de cette langue non seulement au Québec mais aussi au Canada, alors que la francophonie n’y représente plus que 3% de la population.

Malgré la notion couramment répandue des deux langues officielles, on voit bien que ce n’est que la poudre aux yeux, ou plutôt une hallucination auditive savamment entretenue par le Gouvernement Fédéral, alors même que l’on constate le peu d’obligation et d’empressement pour les fonctionnaires de parler français. Pendant ce temps, le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, nomme expressément une procureure générale ne parlant que l’anglais, tout en fermant les yeux sur le fait que le Président d’Air Canada s’exprime surtout dans la langue de Shakespeare et pratiquement jamais celle de Molière.

Publiquement, chacun se fait fort de décrier avec émotion cette tangente alarmante et ces statistiques désastreuses pour la survie francophone. Mais dans les faits, le Gouvernement canadien demeure passif et semble plutôt accepter avec sérénité le déclin du français, avec en corollaire une émigration tous azimuts et sans contraintes, alors que les nouveaux arrivants ne viennent s’intégrer qu’à 6 % au Québec pour y parler – ou y apprendre – le français.

 

PENDANT CE TEMPS, LE PREMIER MINISTRE DU CANADA, JUSTIN TRUDEAU, NOMME EXPRESSÉMENT UNE PROCUREURE GÉNÉRALE NE PARLANT QUE L’ANGLAIS, TOUT EN FERMANT LES YEUX SUR LE FAIT QUE LE PRÉSIDENT D’AIR CANADA S’EXPRIME SURTOUT DANS LA LANGUE DE SHAKESPEARE ET PRATIQUEMENT JAMAIS CELLE DE MOLIÈRE

 

Pendant ce temps, la communauté anglophone, elle a augmenté de 18 %, et Montréal, ville-phare de la Belle Province et où l’on devrait donc porter une attention particulière à ce que le français y soit bien représenté, présente au contraire 35 % d’anglophones, tandis que la présence francophone n’y est maintenant plus qu’à 46 %.

Par ailleurs, malgré que cette minorité soit toujours, disons-le, choyée de manière disproportionnée, cela ne l’empêche pas apparemment de s’offusquer contre la «tyrannie» du Gouvernement Legault qui veut légitimement renforcer la maltraitée Loi 101 du regretté Camille Laurin, avec l’ajout du Projet de Loi 96 visant à renforcer le statut de la langue française dans la province. C’est ainsi que la communauté anglophone a entrepris contester ce projet de loi devant les tribunaux, bénéficiant pour cela de l’appui du Premier Ministre canadien Justin Trudeau.

Celui-ci tenant bien sûr à se présenter comme le champion défenseur des minorités, mais oubliant sciemment au passage de protéger et respecter les droits des francophones, eux-mêmes une minorité au sein du Canada et de l’Amérique du Nord. Au final, ce que cela donne c’est que le Québec est menacé de devenir la Louisiane canadienne.

En parallèle, on ne peut que déplorer la mollesse, le manque de fierté et l’attitude cavalièrement stupide de plusieurs francophones qui, se trouvant sans doute humoristiques et rebelles, affirment sur les réseaux sociaux se « câlisser » de l’affichage en anglais dans les restaurants, pourvu que la bouffe soit bonne. Haha, qu’ils sont drôles ces insignifiants colonisés. Aucune espèce de conscience sociale ou d’intelligence nationale. Paradoxalement, on peut penser que ces mêmes individus se font un point d’honneur à se donner bonne image en ligne en affirmant (ça ne leur coût pas beaucoup d’efforts après tout) soutenir la cause d’un pays comme l’Ukraine, dont le peuple se bat courageusement pour conserver son identité, son indépendance et sa mémoire collective.

Chaque jour nous constatons le manque de respect envers la Loi 101, autant dans l’Ouest de l’Île que maintenant du côté Est, comme dans le cas notamment des organisateurs du «Ribs Fest» au Plateau Mont-Royal, par l’entreprise ontarienne «Ribs Royale BBQ» qui a installé d’immenses panneaux unilingues anglais, se disant ensuite étonnée des nombreuses plaintes à ce sujet. Le propriétaire Gus Frakellis prétend pourtant qu’il adore le Québec, affirmant du même souffle qu’ils vont faire des ajustements sur leur affichage.

En attendant, ce n’est qu’un exemple parmi une choquante multitude, et une autre preuve si besoin était que pour beaucoup, défier la Loi 101 ne constitue pas un gros risque, quand on constate le peu d’amendes imposées par l’Office de la Langue Française, qui semble un peu agir comme 5e roue du carrosse, notamment de par son fonctionnement logistique alors qu’elle se veut attentive qu’il y ait des plaintes avant d’envisager intervenir, ce qui la rend particulièrement peu efficace.

Enfin, on ne peut plus ignorer l’indifférence repréhensible de la nouvelle génération, celle des réseaux sociaux où l’orthographe et la grammaire (et ultimement la culture personnelle) semblent n’avoir que bien peu d’importance se disant naïvement «citoyens du monde», mais en réalité tout simplement assimilés par la proximité des États-Unis et endoctrinés à la sauce américaine. Comme si la francophonie, comptant quelque 350 millions de citoyens à travers le monde (5e langue la plus parlée) n’était que quantité négligeable et que le français, langue de l’Amour, de la Politique et de la Passion des mots, n’était plus qu’un mirage désuet.