Marc Cochrane, Autour de l’île, Orléans, Août 2022
Contre vents et marées, c’est le cas de le dire, Marion Richard a relevé son défi. L’aventurier orléanais a franchi la distance séparant le Parc maritime de Saint-Laurent de la marina de Gaspé en 19 jours, en naviguant seul en windsurf. Tout ça afin d’amasser 34 000 $ pour l’organisme Relief qui vient en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Même si les cartes géographiques indiquent 700 km, le sportif de SaintLaurent a parcouru 1 000 km en raison des détours forcés par la navigation à voile contre le vent.
«Wow… Je suis sans mots… Dixneuf jours d’efforts pour finalement atteindre la marina de Gaspé. Le dernier droit se sera déroulé de belle façon. De Grande-Grave à Gaspé en trois heures! Le seabreeze aura opéré sa magie pour me permettre de rentrer avec le vent dans le dos. Pour finir, c’était vraiment bienvenu », a commenté un Marion Richard en état de contentement dans son journal de bord sur le site internet monrelief.ca
« Que restera-t-il de cette belle aventure ? L’expérience du fleuve, les souvenirs ? Naaaaan ! Le bonheur d’avoir rassemblé plein de gens qui ont vécu ce voyage avec moi, qui ont vécu à mon rythme, qui ont partagé mes bonheurs, mes frustrations, qui m’ont encouragé, qui m’ont supporté et qui aujourd’hui forment une belle et grande famille. Je souhaite sincèrement que les liens qui nous unissent tous aujourd’hui puissent persister dans le temps. J’espère aussi que l’avenir pourra nous réunir pour venir en aide aux gens qui souffrent », a ajouté le quadragénaire.
Parti tôt le matin du 28 mai avec les encouragements d’une dizaine d’élèves du bâtiment de Saint-Laurent de l’École de l’Île-d’Orléans, qui a contribué à sa campagne de financement, Marion Richard a dû affronter les caprices de Dame Nature sur un fleuve Saint-Laurent pas toujours collaborateur.
«Lors de conditions favorables, je pouvais pagayer de 8 h à 11 heures par jour, parcourant des distances allant de 28 à 50 km avec un record d’une journée de 100 km. Toutefois, quand la météo faisait des siennes avec des vents de l’Est, j’étais limité à 4 à 6 km par séance de trois heures. Ç’a été ma plus grande source de frustration, de ne pas pouvoir avancer, d’attendre sur la berge ou à l’auberge », a précisé M. Richard.
Équipement défectueux
Un tel périple exige un équipement solide et celui de Marion Richard lui a joué quelques vilains tours. « Ma conjointe Jacinthe a dû me ravitailler en ailerons à trois ou quatre reprises. Une chance que je pouvais compter sur la collaboration de l’entreprise Makani. Ma pagaie a rendu l’âme aux derniers 250 km avant d’arriver à Gaspé. Délaminée, elle tenait avec du ruban», a-t-il raconté.
Peu de séquelles au corps
On pourrait s’attendre à ce qu’une telle aventure entraîne son lot de blessures, ce qui n’a pas été le cas. «Étonnamment, le corps a suivi la détermination de l’esprit. J’avais toujours de l’énergie pour pagayer sans arrêt et passer par-dessus la douleur», a précisé Marion Richard.
Les mains mouillées continuellement dans l’eau salée ont fait pleumé la peau. Curieusement, l’aventurier a perdu toute sensation entre ses orteils. Là encore, l’eau salée et les énergies déployées passant par cette partie du pied peuvent expliquer cette situation. Se nourrissant d’aliments abondants en protéines, Marion Richard a pu à quelques reprises bénéficier de l’hospitalité de bons samaritains.
«Entre Saint-Simon et Saint-Fabiensur-mer, je suis débarqué derrière un chalet après une étape de trois heures et des vents contraires. Aussitôt que j’ai touché terre, une gentille dame m’a demandé si j’étais correct. Elle m’a offert le déjeuner, le dîner et le souper. Pour la remercier, j’ai tondu sa pelouse. Une journée cocasse», s’est-il rappelé. Toujours en quête de nouveaux défis, le windsurfer entend refaire équipe avec Mike Chenard pour traverser la falaise très à pic et extrêmement technique de 16 km entre Saint-Simon et Saint-Fabien-sur-mer.