Si ça peut encourager d’autres filles !

Daniel Rancourt, Le Félix, Kingsey, Juin 2022

 

Élizabeth Boulay, 19 ans, de Drummondville, travaille comme mécanicienne au Garage D. Lafrance de la route 255 à Saint-Félix-de-Kingsey depuis maintenant plus de trois mois.

« J’aime beaucoup Saint-Félix. J’y ai passé une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence. C’est un beau petit village tranquille où il ne manque pas d’ouvrage, » confie Élizabeth.

Comment une jeune femme devient-elle mécanicienne automobile?

« Mon père est électromécanicien, il répare des chariots élévateurs. Toute jeune, je pense que j’avais quatre ans, je le regardais faire et je voulais faire comme lui : quand il y avait une « bolt », un boulon, fallait que je l’enlève. Tout ce qui avait un moteur, fallait que je le défasse. J’en ai défait des affaires, des « weed-eaters » (coupe-bordures), des « pocket bikes »…  Je ne savais pas les remonter, ça fait que c’est mon père qui le refaisait! » décrit-elle.

« À un moment donné, ma mère a bien essayé pour que je devienne un peu plus « fifille », mais ça n’a pas pris de temps que je suis revenue vite à la mécanique! J’aime tout là-dedans, j’aime ça faire ça. C’est sûr que c’est dur physiquement, mais on trouve des trucs, je demande de l’aide. J’ai toujours réussi à bien me débrouiller. »

Élizabeth a suivi sa formation au Centre de formation professionnelle Paul-Rousseau de Drummondville : « À cause de la pandémie de Covid, le cours a duré deux ans plutôt qu’un an et demi. Au départ, nous étions 4 filles et 22 gars; nous avons fini, deux filles et six gars! »

Avant le Garage D. Lafrance de Saint-Félix, il y a eu un premier emploi dans un garage de Saint-Hyacinthe spécialisé dans les voitures antiques : « C’est une grande passion que les véhicules antiques! La mécanique est plus simple, il y a moins d’électronique. Tu mets le contact, tu démarres le moteur et tu écoutes. Aujourd’hui, avec les ordinateurs, tu « plogues le scanner »… »

Le cas le plus difficile qu’elle ait rencontré jusqu’à aujourd’hui? « Un problème avec une transmission automatique que j’ai défaite et remontée trois fois avant de m’apercevoir qu’au départ, ça n’avait pas été monté et assemblé correctement. On apprend tous les jours. C’est ça que j’aime : tous les jours, il y a de nouveaux défis, de nouvelles choses à apprendre et à faire. Ce n’est jamais la même chose. »

Depuis qu’elle travaille, une seule remarque sur le fait qu’elle soit une femme mécanicienne : « C’était une femme, en plus, qui m’a dit de retourner travailler à la maison, à faire la cuisine et le ménage. Je venais de réparer et remonter son auto de A à Z!… La mécanique automobile, c’est un rêve, une passion, j’adore ça, » conclut Élizabeth.

« Je la garde au boutt! »

Dany Lafrance est né dans le Domaine Forcier à Saint-Félix-de-Kingsey. Pendant plusieurs années, il a travaillé et été propriétaire d’un commerce de machineries agricoles à Warwick. Il y a plus de deux ans, il a vendu sa participation dans l’entreprise.

« Je devais me retrouver du travail. En même temps que je pensais à acheter son garage, Gilles Comeau pensait à moi pour me vendre son entreprise, une approche gagnant-gagnant comme on dit. L’automobile, c’est nouveau pour moi, mais ceux qui me connaissent bien savent que j’ai toujours occupé mes temps libres avec ce passe-temps. Un garage automobile, c’est différent, le roulement est plus vite, plus grand, plus intense. De ces temps-ci on ne fournit pas, bien que nous ayons maintenant deux portes de mécanique de plus, entièrement rénovées et au goût du jour.»

Le Garage D. Lafrance est désormais à peu près le seul garage de mécanique automobile à Saint-Félix, avec quatre « portes », emplacements, pour travailler à l’intérieur et trois mécaniciens : Élizabeth Boulay, Martin Pruneau et Mike Burningham, ces deux derniers comptant de nombreuses années d’expérience.

« Je me cherchais un mécanicien pour compléter mon équipe quand Élizabeth s’est présentée d’elle-même. Elle est bonne, elle veut apprendre, elle ne brise rien, elle prend le temps de bien faire les choses, elle n’a pas de faux pli, elle n’a pas peur de l’ouvrage et je suis confiant qu’elle va acquérir son expérience très rapidement! Elle apprend des trucs pour se débrouiller toute seule, et on n’a pas besoin de lui répéter les affaires : on lui dit une fois et c’est enregistré! Personne n’a passé de commentaire jusqu’à maintenant et il n’y a pas de trouble avec ses collègues. Je la garde au boutt! Et si ça peut encourager d’autres filles… » conclut un Dany Lafrance souriant et enthousiaste.

 

Photos par Daniel Rancourt