Montréal, « Parc-tenaire » de la transition écologique

David Beauchamp, Échos Montréal,  Montreal, Mai 2022

 

Plusieurs scientifiques et experts du domaine environnemental ont affirmé dans les dernières années que la transition écologique passe avant tout par les villes et les centres urbains. L’administration municipale de Montréal, reconnaissant son rôle en la matière, propose un plan à long terme dans lequel le droit de préemption peut et sera utilisé afin d’élargir le nombre d’espaces verts dans la ville et ainsi, se donner une marge de manœuvre supplémentaire dans sa transition écologique. Lorsque consulté sur les droits de préemption de la ville de Montréal, le conseiller municipal de Ville-Marie, Robert Beaudry, nous explique d’emblée ce que représentent ces règlements et comment ceux-ci sont utilisés. 

 

Qu’est-ce que le droit de préemption ?

«Le droit de préemption peut se traduire par le droit du premier acheteur », nous résume Robert Beaudry. «Montréal identifie des terrains et se donne la priorité sur le registre foncier lors de la vente. Le jour où il y aura une offre d’achat acceptée pour un terrain quelconque, la ville pourra remplacer le premier acheteur en offrant le même montant au vendeur et ainsi devenir propriétaire du terrain. Le vendeur n’est donc pas lésé puisqu’il reçoit le même montant, tout en évitant à la ville des frais supplémentaires liés à l’expropriation», complète le conseiller de Ville-Marie. Ce dernier ajoute que lorsque Montréal a reçu son statut de métropole, elle a reçu du même coup ces droits de préemption qui visent également les parcs et espaces verts.

 

Le droit au vert 

Selon le conseiller de la Ville, Ville-Marie avait besoin de ce genre de droit pour pouvoir s’occuper du problème que représentait le manque d’espace vert dans l’arrondissement, un «terrain fragile» selon Robert Beaudry. «On se rappelle encore Pigeon Hole, […] c’était un reality check et ça nous a incité à travailler pour bonifier l’accès à de nouveaux espaces verts. L’arrondissement, avec l’appui de la mairesse et des conseillers, a décidé de voter pour que les droits de préemption puissent viser les parcs locaux», explique le conseiller de Ville-Marie, en référence au remplacement du parc Pigeon Hole dans le Vieux-Montréal en un complexe résidentiel de sept étages, dont Échos Montréal a parlé à plusieurs reprises dernièrement. 

“NOTRE OBJECTIF ÉTAIT D’AUGMENTER DE 20 000 MÈTRES CARRÉS LES ESPACES VERTS DANS L’ARRONDISSEMENT VILLE-MARIE. CELA PASSE PAR L’EMBELLISSEMENT ET LA PIÉTONNISATION DES RUES, LE RÉAMÉNAGEMENT PAYSAGER ET LES PROJETS PRIVÉS”

Robert Beaudry affirme également que la ville est déjà active dans l’utilisation des droits de préemption afin de donner vie à plusieurs projets. «Notre objectif était d’augmenter de 20 000 mètres carrés les espaces verts dans l’arrondissement Ville-Marie. Cela passe par l’embellissement et la piétonnisation des rues, le réaménagement paysager et les projets privés comme celui qu’on mène avec l’UQÀM pour faire des jardins privés sur des terrains institutionnels », précise le conseiller municipal quant à la capacité de Montréal à diversifier ses espaces verts. Avec l’achalandage prévu cette année en lien avec le tourisme et la reprise normale des activités économiques de la ville, l’administration de Ville-Marie vise quelques espaces verts pour les réaménager et les rendre plus accessibles. À cet effet, le Parc Fleury-Mesplet sera particulièrement important pour que ce lieu devienne une halte verte plus intéressante afin d’encourager les gens à profiter au maximum de l’arrondissement.

 

La transition écologique, c’est aussi les parcs 

Pour Robert Beaudry, la réduction des impacts négatifs des gaz à effet de serre et la transition écologique de Montréal sont les moteurs qui alimentent l’utilisation des droits de préemption pour les parcs. Il souligne aussi que les droits de préemption aident et aideront une population vulnérable aux problèmes liés au réchauffement climatique. Le conseiller municipal spécifie : «La population est présente et nous soutient. Notre administration est audacieuse au plan de la transition écologique. En ce sens, on veut éviter les impacts néfastes des réchauffements climatiques sur les personnes âgés ou les plus jeunes avec le réaménagement des parcs et des espaces verts ». 

Même si l’aspect foncier peut causer des problèmes dans la réalisation des objectifs de réaménagements des parcs et espaces verts, le conseiller de Ville-Marie est d’avis que ce sont des défis que Montréal peut relever. «Au niveau foncier, les prix peuvent augmenter et cela décale les travaux parce que les appels d’offres sont trop chers. Par contre, c’est une multitude de défis et on ne perd pas une seule opportunité parce que ça améliore la qualité de vie du quotidien des citoyens, l’expérience des touristes et tout ça pour la transition écologique », précise Robert Beaudry.

C’est cette importante accordée à la transition écologique qui alimente les projets verts à Montréal contenus dans le Plan d’urbanisme et mobilité 2050, qui sera officiellement adopté en 2024. Robert Beaudry conclut en ces termes: «Le Vieux-Montréal est un fleuron de la ville. C’est un lieu avec une symbolique importante et aimé par tous et visité en masse par les touristes. On veut lui donner une trame verte qui pourra réjouir autant les visiteurs et les résidents ».