Crédit : Jean Morel Goulet – Lac des Plaines

Les oiseaux rapaces à Saint-Cyrille

Richard Jones, Le Cyri-Lien, Saint Cyrille-de-lessard, avril 2022

 

À Saint-Cyrille, on peut entendre, en avril-mai, dans des boisés, un tout petit hibou, haut de 20 cm seulement, qui porte le nom de Petite Nyctale. À moins que des mésanges la dépistent et se mettent à la houspiller, elle est à peu près impossible à trouver car elle est strictement nocturne et elle passe ses journées à dormir dans une épinette touffue, perchée près du tronc. Par contre, la nuit venue, on peut l’entendre, et quel cri curieux, et monotone : on dirait un camion qui recule, et qui ne cesse de reculer ! Son chant se prolonge à tel point qu’on se demande comment fait l’oiseau pour reprendre son souffle !

Ceux qui jettent un coup d’œil dans les champs ont des chances de voir, en cours d’été, un gros oiseau qui survole lentement, en rase-mottes, les pâturages. Le mâle est pâle, on pourrait même penser qu’il s’agit d’un goéland. La femelle, elle, est brune. C’est le Busard des marais, qui est à la recherche de mulots, d’œufs d’oiseaux, de grenouilles. J’en ai même vu un qui passait avec une couleuvre suspendue dans ses serres. Délicieux repas en perspective (pour lui) !

Nous avons aussi deux petits faucons à Saint-Cyrille. L’un s’appelle le Faucon émerillon, un oiseau de couleur assez foncée qui, au printemps 2021, a fait son nid dans une grande épinette de la rue Allaire. C’est un oiseau très bruyant, il ne passe pas inaperçu. Les petits oiseaux sont à haut risque ; il peut fondre sur eux à une vitesse fulgurante. L’autre s’appelle la Crécerelle d’Amérique ; c’est un de mes oiseaux préférés. Les populations de cet oiseau sont malheureusement en forte décroissance en Amérique du Nord, surtout dans l’Est, et même les spécialistes ne savent pas pourquoi. Pollution ? Manque d’insectes ? Prédation par de grands éperviers ? Il y a bien des hypothèses, mais pas de certitudes.  N’empêche qu’il y a toujours des couples au 5e rang est, dont une paire élève ses petits dans un nichoir que j’ai posé dans un champ près de chez moi. Cet oiseau est très bénéfique pour les cultures car il consomme beaucoup de sauterelles et de mulots. Le mâle en particulier, avec son dos roux et bleu, est d’une grande beauté. En chasse, cet oiseau est capable de faire du surplace : les ailes battent vite, mais l’oiseau ne bouge pas. Certains évoquent de façon imagée le vol du Saint-Esprit !

Nous avons aussi deux éperviers dans notre coin de pays. Il y en a un très gros, forestier, qu’on voit rarement, et qui porte un nom curieux : l’Autour des palombes, car en Europe il mange, entre autres, des palombes, une espèce de pigeon. Il existe aussi un petit épervier, beaucoup plus facile à voir, qui s’appelle l’Épervier brun. À chaque automne, en septembre, je vois un jeune qui s’essaie contre les Geais bleus, manifestement trop gros pour lui. Jusqu’à 25 geais peuvent se rassembler pour le houspiller bruyamment dans les arbres autour de la maison. Puis momentanément c’est le calme plat. Ensuite l’épervier effectue une sortie intempestive vers un geai, qui crie au meurtre et se sauve, et tous les autres geais s’activent pour manifester leur déplaisir. Le ballet se poursuit pendant une heure, puis reprend le lendemain matin.

Plus difficiles à voir parce que pas très communs, nous avons les buses. La plus grosse, la Buse pattue, très pâle, est assez rare, mais elle a été présente cet hiver sur Cendrée-Lafeuille. À l’été, nous avons la Petite Buse et la Buse à épaulettes, surtout en forêt, ainsi que la Buse à queue rousse qui chasse en terrain plus découvert.

Pour ceux qui souhaitent voir un aigle, je vous propose de chercher le Pygargue à tête blanche qu’on observe souvent à partir du quai de L’Islet. Il est souvent perché sur un petit ilot rocheux près du camping. L’adulte a la tête et la queue blanches. Cet oiseau de taille impressionnante mange souvent des poissons. Plus difficile à voir aussi parce que pas très communs, le Balbuzard pêcheur nous visite.

La plupart des oiseaux de proie reviennent chez nous en avril, bien qu’il y ait des hiboux qui passent l’hiver dans nos forêts. Gardez l’œil ouvert, dès ce printemps, et vous verrez peut-être de beaux spectacles !