Joël Deschênes, L’Écho de Cantley, Cantley, P4, Mars 2022
La grande majorité des gens semble d’accord sur un point en cette période de profonde dissension – nous avons tous hâte que cette foutue pandémie et toutes les mesures sanitaires qui vont avec elles prennent fin rapidement. Ce jour approche finalement et ce sera bientôt l’heure des bilans. Un peu à l’avance, voici le mien.
Un élément de l’ensemble de la gestion de cette crise mondiale retient mon attention, soit la fragilité de nos sociétés démocratique en temps de crise. Je parle de démocratie démoniaque en m’inspirant de l’expression anglaise lesser evil, car il faut souvent choisir le moins pire lors d’une élection. Comme la dernière pandémie mondiale de cette ampleur remonte à plus d’un siècle, personne n’avait l’expérience ou les connaissances pour gérer cette crise de manière efficace. Le début de la pandémie aura été une série de mesures improvisées, plus ou moins efficaces, ce qui a conduit à juste titre à une large part de scepticisme.
Au moment où le vaccin est enfin arrivé, avec la promesse d’un monde meilleur, le scepticisme s’était carrément transformé en crainte. L’adoption de mesures de répression à l’endroit des récalcitrants n’a eu comme effet que de les braquer un peu plus. Toutefois, le comble, c’est le retour instantané de toutes les mesures, même avec 80 % de la population vaccinée deux fois. Diviser pour mieux régner Rien de mieux pour motiver un groupe ou cacher ses erreurs que d’avoir un petit groupe sur qui faire porter le blâme. Les récalcitrants à la vaccination, au masque et d’autres personnes de ce groupe sont devenus les boucs émissaires de la situation.
Il faut dire que vu l’attitude de plusieurs d’entre eux, c’est comme s’ils s’étaient portés volontaires. Mais à long terme, ce genre de stratagème vous explose en plein face, car il y a toujours quelqu’un quelque part qui n’attend que ça pour en profiter. La droite populiste (les pro-Trump, le PPC, le parti indépendantiste Maverick de l’Ouest canadien) et, dans une moindre mesure, tous les partis dans l’opposition. Les pots cassés La confiance envers nos élus est défi nitivement en baisse, mais cela n’a rien d’inhabituel. La confiance dans les grands médias d’information, qui était déjà passablement affectée, en a aussi subi le contrecoup.
Mais le pire, à mon humble avis, c’est le dommage causé à nos relations entre les individus et entre les différents groupes de la société. Des amis qui n’en sont plus! Des relations où le mépris a remplacé le respect. La sonnette d’alarme d’une société malade est l’apparition de groupes extrémistes (racistes, fascistes, religieux), qui s’exposent, font des revendications et ne se gênent pas pour agir. Pouvons-nous espérer un jour revenir à une société unie (ou presque)? À l’exemple d’une chicane de couple ou de certaines paroles, certains gestes sont impardonnables. Éviterons-nous la séparation ou est-elle devenue inévitable? Vous pouvez blâmer les gouvernements, mais ce sera à chacun d’entre nous de réparer nos pots cassés.