Colin Griffiths, L’Écho de Cantley, Cantley, Mars 2022
Les camionneurs sont mes héros. Pas ceux qui ont bloqué le centre-ville d’Ottawa, mais ceux qui continuent de transporter les aliments et les marchandises, dont nous avons besoin pour vivre. Ceux qui parcourent de longues distances, traversent la frontière canado-américaine, conduisent jour et nuit (et circulent sur les routes, quand personne d’autre ne le ferait à cause des tempêtes). Ceux qui sont entièrement vaccinés en conformité avec les règles. Ceux qui veillent à ce que les rayons de nos magasins continuent d’être approvisionnés.
Ceux qui participent au soi-disant convoi de la liberté exercent leur droit et le nôtre de protester. Ils ont le droit de le faire. Ils invoquent la liberté, à grand bruit et très clairement. Ce convoi a commencé il y a quelques semaines pour s’opposer aux règles de quarantaine pour les camionneurs non vaccinés entrant dans notre pays, lesquelles imposent dix jours de confi nement avant de pouvoir reprendre le transport routier. Cette mesure semble diffi cile, mais il suffi sait de suivre les protocoles de vaccination auxquels nous sommes tous soumis. Quatre-vingt-cinq pour cent de nos camionneurs canadiens s’y sont conformés. Les grandes entreprises de camionnage canadiennes continuent de fonctionner sans protester. Elles peuvent composer avec les affectations de leurs chauffeurs pour permettre à ceux qui ne sont pas vaccinés de ne pas avoir à traverser la frontière canado-américaine.
Le gouvernement des ÉtatsUnis a adopté les mêmes règles de quarantaine. Les moyens de subsistance de certains camionneurs, qui ne sont pas vaccinés et qui traversent la frontière, ont été sérieusement limités. Une transformation a eu lieu. La manifestation contre le respect des exigences en matière de vaccination a changé pour refl éter la lassitude que nous ressentons tous relativement à la pandémie. Nous sommes contraints d’éviter de faire un grand nombre d’activités que nous faisions il y a quelques années. Nous voulons revenir à la normale, quelle qu’elle soit, si nous pouvons nous en souvenir. Malheureusement, le virus ne respecte pas nos souhaits. Ce n’est pas une construction humaine.
Il ne suit pas nos règles, nous ne pouvons pas les lui imposer. Les mesures relatives à la distanciation sociale et la vaccination sont les meilleurs moyens de santé publique que nous puissions utiliser pour vivre avec la Covid, laquelle va encore changer. Omicron n’est pas le dernier variant de cette pandémie. Si ces mesures représentent une atteinte à nos droits et libertés, qu’il en soit ainsi. Sinon, nos droits et libertés seront davantage atteints, sous forme de systèmes de soins de santé gravement limités et d’une mortalité plus élevée. Bien sûr, cette dernière est la perte ultime de nos droits et libertés. La liberté implique une responsabilité. Si vous voulez être libre, vous devez respecter le souhait des autres d’être libres également. Ce respect exige que toutes les règles de la société soient observées. Protestez oui, manifestez oui, mais d’ici à ce que les règles soient changées, vous devez vous y soumettre. La liberté implique également le droit d’être accusé d’infractions pénales. Espérons que nos camionneurs épris de liberté n’auront pas trop de mal à voir leurs libertés enfreintes par des amendes et peut-être même par des peines de prison, pour avoir perturbé et limité les libertés de nombreux autres citoyens.