Des étincelles dans les yeux d’une soudeuse

Éric Cyr, Trait d’Union du Nord, P.10, Fermont, Janvier 2022

 

Les femmes occidentales ont fait leurs preuves au sein de métiers auparavant réservés aux hommes. Celles-ci ont acquis leurs lettres de noblesse dans ces professions considérées autrefois comme non conventionnelles. Depuis la première femme à avoir piloté un avion, la Française Thérèse Peltier (1873-1926) jusqu’à l’ouvrière dans l’industrie de l’armement durant la Deuxième Guerre mondiale, l’Américaine Naomi Parker, une riveteuse qui aurait inspiré la création de la fameuse affiche « We Can Do It ! » qui signifie nous pouvons le faire, certaines ont osé la modernité. La soudeuse Émy Létourneau fait partie de ces fonceuses qui se sont retroussé les manches et qui ont relevé le défi.

Originaire de Victoriaville, Émy Létourneau, qui habite aujourd’hui à Québec, a complété un diplôme d’études professionnelles en soudure au Centre de formation professionnelle de Québec en 2017. « Il y avait beaucoup de soudeurs dans mon entourage et j’ai développé un intérêt pour le domaine qui exige des aptitudes manuelles et une grande minutie. Je travaille lentement, mais la tâche est bien faite et ne nécessite que très rarement une retouche. J’ai une très bonne main et je soude bien », confie la jeune femme perfectionniste qui est devenue experte du procédé de soudage à l’arc électrique TIG, une soudure sous protection gazeuse avec fil fusible qui utilise une électrode réfractaire de tungstène. Après un stage en entreprise chez EBM Laser à Saint-Augustin-de-Desmaures, elle est embauchée chez ArcelorMittal où elle évolue à la mine de fer du Mont-Wright avant de faire le saut pour Soucy Industriel où elle fait la navette à Fermont depuis 2020. « J’aime Fermont, c’est un terrain connu. Chaque tâche est un défi et je voulais acquérir une expérience plus diversifiée qui ferait appel à la débrouillardise et à l’autonomie », explique-t-elle. « Je m’intègre bien dans ce milieu très majoritairement masculin. Je prends ma place, je mets mes limites et en général mes collègues sont respectueux. J’aime travailler avec différentes personnes, car cela me permet d’apprendre de leur expérience et de profiter de leurs connaissances tout en enrichissant mon expertise. Je dois avouer que cette profession est difficile physiquement et il faut parfois lever de gros fardeaux, mais j’adore mon métier et j’ai l’intention de poursuivre dans le domaine. »

 

D’autres horizons

Mme Létourneau aime beaucoup son travail, mais cela ne l’empêche pas d’envisager en parallèle d’autres perspectives pour l’avenir. Elle vient d’être acceptée au baccalauréat en relations industrielles à l’Université Laval à Québec qu’elle a l’intention de compléter à distance. « Mon employeur est compréhensif et flexible au niveau des horaires donc cela me permet une marge de manœuvre afin de réaliser certaines ambitions et de concrétiser d’autres projets qui me tiennent à cœur. »