Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 18 octobre 2021
La pénurie de logements qui sévit actuellement au pays n’épargne pas la région de Fermont et du Labrador Ouest ainsi que Schefferville et constitue un problème criant qui nuit grandement aux petites et moyennes entreprises (PME) puisque les commerces et les organisations de moindre envergure peinent à recruter du personnel afin de combler leurs besoins.
Le phénomène des travailleurs volants (fly-in/fly-out) vient accentuer le caractère incertain du recrutement local qui se retrouve dans un cul-de-sac compte tenu de l’absence d’endroits où loger d’éventuels employés.
Selon la doyenne de la petite communauté francophone à Labrador City, Lise Boucher : « Ce n’est pas une situation nouvelle puisque le logement est au cœur des préoccupations chaque fois que le cycle des métaux est à la hausse et semble relayé aux oubliettes par la suite. On discutait déjà du sujet lors du dernier boom minier durant lequel certains citoyens ayant habité ici toute leur vie et ne touchant pas de salaires équivalant à celui du domaine minier ont dû se résigner à contrecœur à déménager ailleurs à la suite de l’augmentation exorbitante du prix des loyers convoités par plusieurs. » C’est aussi le cas de certaines femmes victimes de violence conjugale qui ont dû quitter leur foyer par nécessité et qui ne réussissent pas à se reloger.
Rareté
Malheureusement, la loi de l’offre et de la demande prévaut et les minières, qui contribuent à créer la pénurie, ont le beau jeu à Fermont puisqu’elles contrôlent la grande majorité des habitations de l’endroit où la location d’une chambre peut actuellement atteindre jusqu’à 3000 $ par mois pour un entrepreneur dont les travailleurs ne sont pas pris en charge par l’industrie. Ce n’est cependant plus le cas au Labrador Ouest où le libre marché immobilier s’est installé depuis le milieu des années 1970 à la suite de contestations judiciaires par d’anciens employés souhaitant conserver leurs maisons achetées aux compagnies minières qui ont fait valoir leurs droits et ont obtenu gain de cause.
Il existe cependant également une réelle rareté de logements à Labrador City et à Wabush où le parc immobilier ne réussit pas à combler les besoins grandissants et où les prix ont subi un bond important. Là aussi, il est quasiment impossible de trouver un endroit où se loger et certains entrepreneurs, notamment Dexter Construction, ont construit des unités d’habitation afin d’accommoder leurs travailleurs. Après avoir fait ses calculs, un autre entrepreneur, PG Construction & Expertise, a plutôt choisi d’acheter l’hôtel Wabush pour loger ses employés, ce qui lui revenait moins cher que de les loger ailleurs dans la communauté.
Urgence d’agir
À Fermont, où les visiteurs doivent prévoir plusieurs mois à l’avance afin d’avoir une chance de réserver une chambre à l’hôtel local, où le CPE Le Mur-mûr peine à conserver des éducatrices, où la Coop Metro a été contrainte de réduire ses heures d’activités et où le dépanneur de la station-service Esso éprouve de la difficulté à combler son horaire, l’administration municipale étudie la possibilité de mettre en branle un projet d’habitation destiné, entre autres, à aider des commerces et organismes locaux à loger certains de leurs employés et qui pourrait inclure des logements pour les retraités et les aînés.
Selon le maire de Fermont, Martin St-Laurent : « L’administration municipale est consciente de cette problématique et y travaille activement. Nous allons demander au gouvernement du Québec de reconduire une loi privée qui permettrait à Fermont de subventionner de nouvelles constructions ou d’accorder des rabais de taxes aux constructeurs. Cette loi devrait être en vigueur pour 2022 et nous remercions la députée de Duplessis, Lorraine Richard, d’appuyer la Ville dans ce dossier. Nous avons interpellé la Société du plan Nord afin de mettre sur pied un programme de rénovation domiciliaire « Réno-Fermont » pour aider les propriétaires à rénover leur résidence et nous demandons une enveloppe de plusieurs millions de dollars qui serait répartie sur 5 ans. Nous travaillons actuellement à développer un nouveau secteur résidentiel au nord de la rue Franklin qui comprendrait une centaine de terrains à construire. Un OBNL a été mis sur pied afin de construire une quarantaine de logements à coût abordable. Nous dépannons aussi les organismes du milieu dans la mesure où la Ville a des unités vacantes, par exemple nous louons présentement deux logements à des éducatrices du CPE. Il reste beaucoup à faire, mais le conseil municipal continuera à y travailler sans relâche. »