«Feu sacré» : «Je veux faire le paon, je t’invite à un feu de camp. C’est toute notre histoire d’amour, décrit Stéphane. Au bas du dessin, le feu, c’est la musique, brute, souvent agressive. En haut, c’est comme un vitrail d’église, l’aspect spirituel. Entre les deux, c’est l’escargot, la lenteur, et toutes les images de mon projet de vie à compter de maintenant». «Libérez le trésor», c’est un enfant qui ose s’épanouir. 11 x 14 pouces, papier, crayons sharpie, crayons de peintures à l'huile et acrylique, crayons noirs d'illustrateur. Photo Daniel Rancour

Libérez le trésor…

Daniel Rancourt, Le Félix, Saint-Félix-de-Kingsey, octobre 2021

Animateur culturel, historien de l’art, musicien et bédéiste autodidacte, photographe et artiste en arts visuels, artiste multidisciplinaire, Stéphane Isabelle a décidé de foncer et de s’adonner, de s’abandonner à sa passion première : la bande dessinée (bd).

 

Parcours

Stéphane Isabelle est né à Plessisville en 1968. À l’adolescence, avec son frère Eric et deux amis, ils forment un premier groupe de musique, «Prowler», faisant dans le heavy metal. Inspirés par le rock progressif et voulant se lancer à la conquête du monde, Eric et Stéphane partent à Montréal. Avec son frère, Stéphane compose les chansons, chante et joue de la guitare. «Des années intenses» selon Stéphane. Rejoints par d’autres musiciens, ils forment un nouveau groupe : «Fudge». De 1989 à 1991, ils jouent dans le métro, sur la scène dite alternative, et réussissent à vendre des copies de leur démo (enregistrement de démonstration). Quand le bassiste du groupe s’enlève la vie, cela attire l’attention du réalisateur Richard Boutet qui tourne alors un documentaire consacré au phénomène du suicide chez les jeunes pour Télé-Québec, «Le spasme de vivre».

«Fudge» se dissout : Eric retourne aux études et deviendra professeur de philosophie au cégep Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse. Stéphane retourne lui aussi sur les bancs d’école : en arts visuels et communications au cégep André-Laurendeau, en cinéma à l’Université de Montréal où il entreprend un baccalauréat en histoire de l’art de 1997 à 2000. Ce qui l’amène à un stage en muséologie près de Montpellier en France. Son rapport de stage lui mérite un prix littéraire décerné par l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) en 2001. Avant de remporter un autre prix accordé par la bibliothèque de Victoriaville pour le texte d’une chanson, «L’escargot» en 2009.

Son travail en milieu muséal le conduit à l’animation : à la Maison amérindienne de Mont-Saint-Hilaire, puis Makwa Aventures au Saguenay Lac-Saint-Jean, au Festival international de musique actuelle de Victoriaville, au parc Marie-Victorin de Kingsey Falls, au Centred’interprétation de la canneberge de Saint-Louis-de-Blandford, jusqu’au Village québécois d’antan de Drummondville.

Pendant plusieurs années, Stéphane y interprète, joue le rôle de divers personnages : souvent des gars de bois, des bûcherons,  mais  aussi  Paul-Émile Giguère, Théodore Champagne ou Marin Proulx, personnages ayant réellement existé ou issus de l’imagination collective… ou personnelle de Stéphane.

Il y rencontre Maggie Normandin, elle qui joue le personnage de Léonie Maillette.  «Nous  sommes  tombés amoureux. J’aurais pu l’inviter à prendre un café, un verre, un repas; je l’ai invitée à un feu de camp. Le feu sacré…» On y reviendra.

En 2017, ils s’établissent à Saint-Félix, entre Victoriaville où habite encore la mère de Stéphane et le Village d’antan de Drummondville. Jusqu’à ce que «la bibite no 19» apparaisse et chamboule toutes nos vies.

 

Libérez le trésor

«La Covid, la maladie causée par “la bibite no19”, m’a obligé, nous a obligé à la lenteur. Cela m’a permis de laisser germer la paix en moi», indique Stéphane.

À l’automne 2020, lors d’un «moment d’intimité avec ma blonde», confie-t-il, elle lui chuchote à l’oreille : «Libérez le trésor», selon la chanson de Michel Rivard. S’ensuit une période productive de création et de projets : chansons, musique et… dessins.

Depuis, Stéphane travaille à un projet de bande dessinée, «Les Inséparables». «J’ai toujours aimé dessiner. J’ai commencé dès l’âge de neuf ans à faire des bd. Le projet des “Inséparables”, ce sont les aventures de Steve Marino et du chat Albert

Nô», ajoute Stéphane. Il faut dire que le chat Albert Nô a vécu en chair et en os d’octobre 2008 à mai 2017 : «Il m’a accompagné toutes ces années. Il a été un vecteur déterminant : il m’a sauvé la vie. Le 10 janvier 2014, j’ai arrêté l’alcool et la dope. Ce jour-là, prostré en peine et en douleurs,

Albert Nô est venu essuyer une larme sur ma joue : je me suis ouvert comme une huître!», lance Stéphane, toujours ému de cette caresse de chat. «Et quand Albert Nô nous a quittés, d’un souffle au cœur, il m’a laissé entre les mains, et le cœur, de Maggie».

Résumé  du  premier  tome  des «Inséparables» : alors que «la bibite no 19» fait des ravages à Saint-Sybelius-des-Trois-Chenaux, Steve Marino décide de faire appel au sorcier qui connaît la

recette de l’antidote à la maladie de «la bibite no 19»… À suivre. «Comme la samare qui tombe… On ne sait pas toujours où elle va atterrir…», conclut Stéphane Isabelle. Libérez le trésor…