Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 15 septembre 2021
L’application du passeport vaccinal dans les restaurants du Haut-Saint-François ne semble pas faire l’affaire de quelques restaurateurs. Si certains s’en accommodent, d’autres y voient un frein à leur entreprise et sont carrément mécontents.
Au deuxième jour de l’application, le journal a effectué quelques appels dans divers restaurants du territoire pour vérifier ce que cette nouvelle mesure représentait pour les restaurateurs. Au Resto-Bar La Patrie, on se conformait à la règle en demandant aux clients le passeport vaccinal avec pièce d’identité, mais sans pouvoir vérifier. « Mais c’est compliqué, surtout quand tu n’as rien de fourni par le gouvernement. On demande le code QR avec une preuve d’identité et par la suite, il va falloir se doter d’une machine quelconque ou d’un cellulaire, un téléphone intelligent pour être capable de scanner les codes QR. » Interrogée à savoir quelle est la réaction de la clientèle, Mme Hébert rétorque « je vais être franche avec vous, vous pouvez écrire mot pour mot ce que je vais vous dire, de la grosse mar… On voit vraiment une différence d’achalandage. Ça a réduit de 50 %. » Mme Hébert disait ignorer la raison. Par contre, heureusement pour le restaurant, la formule pour emporter était populaire.
À Cookshire-Eaton, le propriétaire du restaurant l’Orchidée, Mario Ladouceur, laissait entendre qu’il allait probablement fermer la salle à manger au public et laisser le service à emporter. « D’après moi, après les deux semaines, on va tout fermer ça en take out. On ne pourra pas mettre quelqu’un à la porte steday. Il va nous sacrer des amendes. Je ne sais pas ce qu’ils vont faire. » M. Ladouceur croit que plusieurs restaurants se tourneront vers la formule à emporter. « S’il (gouvernement) nous oblige et on a des sanctions, c’est sûr je revire en take out et je vais continuer à faire des buffets, c’est comme un take out », de compléter le restaurateur. Au moment d’écrire ces lignes, M. Ladouceur précisait demander le passeport, mais sans l’exiger.
À East Angus, la propriétaire du Resto bar Rive Sud, Chantale Duhaime, n’apprécie guère la situation. Au lendemain de l’application de la mesure, elle avouait avoir perdu la moitié de ses déjeuners ainsi que dîners. « C’est de la grosse mar… Le gouvernement qui m’oblige à le demander et me paye pas pour le faire, ça m’insulte carrément, c’est illogique. On est des tout petits patelins, tu ne peux pas refuser du monde. » Mme Duhaime mentionne néanmoins demander le passeport vaccinal avec carte d’identité pour les clients qu’elle dit connaître moins. « Les autres, je bâdre moins parce que je n’arriverais pas à la fin du mois. » Mme Duhaime ajoute qu’il est difficile de respecter la mesure lorsqu’il y a affluence et que le personnel est limité. Elle estime ne pas être en mesure de mettre une personne additionnelle pour s’occuper spécifiquement de cet aspect et par conséquent augmenter ses pertes financières. « Ça ne va pas bien pantoute, je ne suis pas très fière de mon gouvernement », complète la restauratrice.
Pour Maude Maher, propriétaire du restaurant La Cantine, à Ascot Corner, tout va bien. « Moi je trouve que ça va très bien. Les gens participent mieux que lors de la première vague. Le passeport vaccinal, je vous dirais que presque tout le monde l’a à date. Pour ceux qui ne l’ont pas, on tolère parce qu’on est dans la période d’adaptation, on les avise que la prochaine fois il faudra avoir le passeport. » Mme Maher explique avoir installé une affiche dans la porte rappelant aux gens « avez-vous votre passeport vaccinal ? » « Les gens sont déjà prêts en entrant, ce n’est pas bien long. D’autres ont leur preuve papier, mais pas leur code QR, on leur dit que c’est important d’avoir leur preuve vaccinale. Pour le code QR, on est compréhensif, mais après le 15 septembre, on n’acceptera plus personne qui n’aura pas la preuve vaccinale », de mentionner Mme Maher.
La propriétaire ajoute que la situation est beaucoup moins tendue que lors de la première vague lorsqu’il fallait tenir un registre et demander les cartes d’identité et permis de conduire. « On a vu des gens pas mal fâchés lors de la première vague, mais là avec le code QR, il n’y en a pas eu encore. » Quant à l’application pour vérifier le passeport vaccinal, Mme Maher soutient que c’était relativement simple. « C’est pas compliqué, on a downloadé une application sur Apple Store VaxciCode Verif, ça pris 30 secondes. Les serveuses l’ont toutes sur leur téléphone, quand elles travaillent elles utilisent leur mobile et scannent les gens. » Côté achalandage, Mme Maher mentionne ne pas avoir remarqué de diminution significative, sinon très peu qu’elle attribue au début de la rentrée scolaire.
Au Restaurant des Cantons à Weedon, tout semble bien aller. « Ça va tranquillement. On en est encore à aider les gens pour leur passeport, mais la plupart des gens ça coopère très bien », d’exprimer Johanne Lisée, copropriétaire. « La majorité de nos clients réguliers sont doublement vaccinés, pour l’instant, on n’a pas refusé grand monde. C’est arrivé, mais ce n’était pas des gens locaux, c’était des gens qui passaient. » Bien qu’il y ait toujours quelques récalcitrants, la grande majorité de la clientèle arrive et ils ont déjà leur preuve vaccinale en main, d’exprimer Mme Lisée. « Les gens qui sont habitués d’aller au restaurant, ils arrivent et ont déjà leur code-barres prêt à être scanné. »
La copropriétaire donne même un coup de main aux personnes âgées. « Nous, on a une grosse clientèle de personnes âgées régulières dans le village. Depuis la semaine passée, on les aide pour mettre soit ça sur leur téléphone, donner le numéro de téléphone pour les applications. Moi, j’avais déjà l’application vérifiée sur mon téléphone, les gens venaient voir si tout était correct pour ne pas avoir de mauvaises surprises. » Mme Lisée mentionne même avoir installé les applications sur certains cellulaires. « Ce sont nos clients réguliers, ils font partie de la famille, ça fait qu’on les aide. » Quant à l’application de vérification du passeport vaccinal, tout semble bien aller, chaque serveuse dispose de l’application sur son cellulaire. Toutefois, les propriétaires songent à faire l’acquisition d’une tablette qui sera installée à l’entrée et les clients pourront scanner leur passeport vaccinal directement sur place. Côté achalandage, Mme Lisée dit ne pas avoir remarqué de diminution marquée si ce n’est qu’une baisse normale en cette période de l’année.
Rappelons que le passeport vaccinal sera exigé notamment dans les restaurants, les bars, les centres d’entraînement, les festivals, les salles de spectacles, les salles où se produisent des événements sportifs, les casinos, les cinémas, les sports d’équipe et certaines activités parascolaires.