Des lions dans les rues de Palmarolle?

André Chrétien, Le Pont de Palmarolle, septembre 2021

Depuis le début de septembre, avec l’ouverture des classes, les citoyens de Palmarolle ont vu apparaître dans les rues du village et dans les rangs, de grands Lions jaunes. La particularité de ces fauves, c’est qu’ils ne rugissent pas. Ils circulent plutôt tout en douceur, silencieusement, sans odeurs ni fumée…

Eh oui! Ce sont les nouveaux autobus scolaires de la compagnie Transport Clément Bégin Inc. de Sainte-Germaine-Boulé. Ces autobus sont de nouvelle génération, ce qui se traduit par une motorisation 100 p. cent électrique. Ces nouveaux véhicules sont fabriqués au Québec par une entreprise de Saint-Jérôme : Lion Électrique. Ces autobus sont faciles à identifier, d’abord par leur discrétion, de même que par la marque Lion bien visible sur l’habitacle ainsi que par la couleur bleue des pare-chocs et des jantes.

Le Journal Le Pont de Palmarolle s’est rendu à la rencontre de celui qui est l’initiateur de cette « révolution électrique » en Abitibi-Ouest, monsieur Carl Bégin, président de Transport Clément Bégin Inc. Le mot révolution peut vous paraître exagéré, mais il faut avouer que changer au complet une flotte de plus de vingt autobus d’un seul coup, pour autant de véhicules électriques neufs, c’est exceptionnel. C’est la première fois que les gestionnaires de la compagnie Lion Électrique recevaient une telle commande d’autobus, d’un seul entrepreneur, au Québec.

Monsieur Bégin avait déjà, il y a quelques années, converti toute sa flotte du diésel au gaz propane. Cette fois-ci, il a, par souci écologique et pour d’autres motifs, décidé de mettre une croix sur les énergies fossiles pour entrer de plein pied dans l’ère de la propulsion électrique. Ce n’est pas tout de changer de système, cela suppose de nouvelles adaptations de la part des chauffeuses et des chauffeurs, des mécaniciens, des sources d’approvisionnement en énergie, de la gestion des parcours et des itinéraires, etc.

Il a fallu d’abord installer un réseau de bornes de recharge. Premièrement au garage, dans certaines aires de stationnement et même à la résidence des chauffeurs qui gardaient l’autobus à domicile pour la nuit. Comme tout ce qui est nouveau doit être ajusté à son usage, il fallait adapter ces autobus neufs à leur région d’accueil, l’Abitibi-Ouest, avec ses froids intenses qui s’échelonnent sur plus de cinq mois, à ses chemins de gravier, à la poussière et aux très longues distances des trajets. Ce fut là une mission confiée à tout le personnel : suggérer des solutions aux problèmes particuliers engendrés par ces nouvelles mécaniques.

Ce mandat a été si bien rempli que « l’expérience Bégin » est devenue une référence pour la maison-mère à Saint-Jérôme. C’est grâce à cette expertise de notre « entrepreneur local » que plusieurs équipements ont été adaptés et installés sur les futurs autobus qui sortiront des chaînes de montage chez Lion Électrique. Par exemple, c’est à Sainte-Germaine qu’on a créé un système de chauffage additionnel dans chaque habitacle pour répondre au climat particulier de certaines régions nordiques, dont la nôtre.

Et parlons un peu de ces beaux gros Lions. Ils sont faciles à conduire, pas de transmission, pas de levier de vitesse, pas de « clutch », seulement une pédale de frein et une pédale à gaz; oh! Pardon, une pédale à courant (électrique). Au dire de M. Bégin, ces autobus sont aussi mieux balancés, mieux équilibrés que leurs prédécesseurs à essence, car tout le poids des éléments mécaniques et électriques repose entre les deux essieux du véhicule. Cela les rend donc plus efficaces en leur procurant une meilleure adhérence sur la chaussée en évitant le patinage des roues motrices. Cette particularité leur donne aussi un freinage et une tenue de route plus efficients.

Ce n’est pas parce qu’ils sont plus faciles à conduire qu’il est de facto facile de trouver des chauffeurs pour les opérer. Dans ce domaine, on souffre aussi de la rareté de main-d’œuvre. C’est pourquoi la firme Bégin doit recruter à l’étranger, notamment à Montréal, à Toronto et en Asie, des chauffeurs surtout pour opérer les gros autobus, style autocars, pour les services des mines, deuxième division de l’entreprise. Il faut donc additionner des frais de voyage et d’hébergement pour ces nouveaux arrivants.

Pour ajouter au palmarès des avantages de ces nouveaux gros Lions jaunes, il faut dire, comme nous le soulignait M. Bégin : « Parce qu’ils sont silencieux et discrets, ces derniers favorisent le silence et le calme chez les passagers. Peut-être, pour profiter de cet avantage, inviterons-nous un jour les enseignants à donner leurs cours à bord des transports scolaires.