Jean-Pierre Lamonde, Au fil de La Boyer, Saint-Charles-de-Bellechasse, septembre 2021
Aucune des églises de Bellechasse ne pourra survivre avec les seules activités du culte. Les temps ont changé et c’est comme ça. Si, à une époque, elle servait chaque jour, et davantage les dimanches et jours de fête, aujourd’hui elle sert moins d’une heure par semaine. Aussi, nous avons pour mandat d’élaborer, pour chaque église du territoire, un projet qui permettra d’assurer un avenir à ces bâtiments patrimoniaux autour desquels se sont structurés la plupart de nos villages et qui de- meurent un repère emblématique.
La paroisse Saint-Benoit-de-Bellechasse, ayant entrepris d’élaborer un plan directeur immobilier pour ses églises, est arrivée à ce constat ou cette obligation qu’il faut que les églises servent à d’autres usages, en plus du culte. Les responsables de la pastorale ont défini leurs besoins en termes de bâtiments et ils n’ont pas besoin de tous ces espaces, c’est clair. C’est ainsi que les responsables des églises dans chacune des communautés ont été rencontrés et qu’on leur a demandé de préparer un projet d’utilisation de l’église qui en assurerait l’avenir. Vaste projet !
L’église de Saint-Charles, un bijou
L’église de Saint-Charles, de style néo-classique, édifiée en 1827 pour remplacer celle de 1750, est construite suivant des plans inspirés de Thomas Baillairgé. On doit à André Paquet, originaire de Saint-Charles, le décor intérieur. L’artiste consacra huit années de labeur à sculpter les différents éléments de ce décor. En plus, elle possède, un trésor impressionnant de vases liturgiques de grande valeur. Cette église est un bijou unique dans la région à cause de sa valeur artistique, ce qui n’enlève rien à la qualité des autres églises. L’église de Saint-Charles est un bâtiment qui fut bien entretenu au cours des générations, ce qui ne fut pas le cas partout. Son carnet de santé, mis à jour il y a moins de deux ans, ne demande pas de travaux majeurs à effectuer. Dans le Diocèse de
Québec, elle est une des très rares, sinon la seule, à être chauffée par un système de géothermie, laissant les coûts du chauffage à moins de 50 % de ce qu’ils seraient autrement. En été, le lieu est rafraichi à très peu de frais par la seule circulation du liquide venant des puits de 500 pieds de profondeur chacun.
Un défi maintes fois présenté
Trouver de nouveaux usages à notre église afin qu’elle serve pour des besoins d’aujourd’hui, tout en rappelant une autre époque, a été plusieurs fois évoqué, a fait l’objet de discussion et a même suscité des résistances de la part de personnes qui ne voulaient pas qu’on touche à un si beau bâtiment.
Si cet attachement était légitime, il a de moins en moins de pertinence aujourd’hui, et le plan directeur immobilier nous rappelle que la paroisse Saint-Benoît n’a vraiment pas les moyens d’entretenir autant d’églises alors que le besoin pour de tels lieux de rassemblement n’est plus là. L’évidence est devenue une sorte d’urgence d’agir, mais sagement.
Quels choix avons-nous ?
Soit nous mobiliser pour préserver ce lieu historique et symbolique, en le transformant pour qu’il serve à divers usages qui en justifieront l’existence. De nombreux programmes d’aide financière peuvent nous permettre d’envisager des travaux, quoiqu’il faudra payer notre part.
Ou encore, ne rien faire, la laisser se dégrader, attendre qu’elle soit une menace pour la sécurité et installer une clôture métallique tout autour. Même rendus là, nous aurons encore le problème sur les bras et ce n’est plus la fabrique qui pourra le résoudre.
Ne rien faire peut paraitre une option. Toutefois, nous savons qu’à Saint-Charles, chaque génération a produit des personnes responsables, capables de trouver des solutions aux problèmes du moment et capables de les mettre en œuvre. Ces problèmes sont nombreux à ce moment-ci dans la communauté et chacun mérite attention.
Prochaines étapes
Des réunions publiques seront organisées dans les prochains mois au sujet de l’avenir de l’église, l’opinion de la population sera sollicitée et des projets seront soumis au public. Nous espérons que les citoyens de Saint-Charles seront nombreux à manifester leur intérêt et à faire des propositions. Il s’agit de leur communauté.