Le 4 mai 2019, près de 400 personnes ont marché, surtout des parents avec leurs enfants qui brandissaient leurs pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Nous, on veut une école secondaire » Photo: Michel Fortier

Prévost une ville? Peut-être pas encore…

Normand Gosselin, Journal des citoyens, Prévost, le 16 juillet 2021

Suffit-il qu’une municipalité compte une quinzaine de milliers de citoyens pour qu’on la qualifie de ville? Légalement, peut-être; dans les faits, non!

Le nombre de citoyens constitue une balise pour qu’une municipalité soit juridiquement désignée comme étant une ville. Mais dans les faits et dans l’esprit populaire, une municipalité doit compter de nombreux services sur son territoire, dont une ou des écoles primaires, au moins une école secondaire, une résidence pour personnes âgées, un aréna et un ensemble de commerces de service, ce qui manque cruellement à Prévost. À preuve ? Aucune banque ne s’y est installée; seule Desjardins, autrefois nommée « caisse populaire », y a un pied-à-terre, et la Banque Nationale, la BMO ainsi que la Banque Scotia y ont un guichet automatique permettant uniquement des retraits. Pourtant, Saint-Sauveur, qui compte beaucoup moins de population, a trois banques et une entité Desjardins en ses murs. Il n’est pas nécessaire de jouer à La grenouille et le bœuf, la fable de Jean de La Fontaine, et tenter de devenir plus gros et plus important que notre voisine Saint-Jérôme, mais plutôt de nous assurer de compter sur des services dignes de ce nom, nous évitant des voyages pour tout et pour des petits riens.

Village, vous dites ?

Il n’y a même pas de sortie de l’autoroute 15 pour Prévost en direction sud. En venant des « Pays-d’en-Haut », on doit sortir à Saint-Sauveur, puis se diriger vers la route 117 pour rejoindre Prévost – Wow ! C’est le même Prévost d’ailleurs qui a refusé il y a plus de 30 ans l’installation d’un regroupement de magasins de liquidation, qui a fini par s’installer à Saint-Sauveur sous le nom de Factories/Outlets, sur la rue Guindon.

La confirmation de la construction éventuelle d’une école secondaire à Prévost est un pas important pour que nous passions du statut de village/ville banlieue à véritable ville. Les écoles primaires y sont déjà; on y compte deux résidences privées pour personnes âgées et la Maison des Aînés est en construction, offrant prochainement 48 places. Ce sont là d’excellentes bases. Mais sans une école secondaire, il s’agit plutôt d’un village, tout au plus d’une ville de banlieue. Il aura fallu 20 ans de persévérance pour obtenir cette construction, malgré le fait que pendant cette période les autorités municipales n’ont pas véritablement fait d’effort pour obtenir une école. Il a fallu qu’un groupe de citoyens se constitue, mobilise la population et obtienne l’appui indispensable du Conseil de ville, ce qui fut acquis à compter de 2018. Les pressions ont porté fruit.

 

Prévost ne doit pas être une ville dortoir

Bien que mon épouse et moi n’ayons ni enfants, ni petits-enfants, ni autres liens de parenté avec des enfants d’âge scolaire à Prévost, dès notre installation ici en 2009, nous avons parlé de la nécessité d’une telle école et nous nous sommes empressés d’être parmi les premiers des 6 000 signataires de la pétition pour la construction de cette école. À nos yeux, Prévost ne doit pas être tout bonnement une ville-dortoir de banlieue, nous devons avoir une identité propre et ceci passe par la présence des jeunes sur le territoire. L’école est plus qu’un lieu d’instruction, c’est un lieu de rassemblement, un lieu de services à la population, un vecteur d’évolution, un développeur du sentiment d’appartenance, un port d’attache; qui ne se souvient pas de ses années au secondaire et des relations permanentes qui s’y sont construites ? Pour plusieurs, c’est même l’alma mater.

Située entre une petite ville touristique de moins de 10 000 de population, et une autre ville de quelque 80 000 citoyens, Prévost a une personnalité propre qu’on se doit de continuer à développer. D’ailleurs, de nombreux services manquent à l’appel : aucun nettoyeur sur place, impossibilité de louer des outils un dimanche, etc., etc., etc. Comble de manque de vision, la Ville a investi dans un aréna à Saint-Jérôme plutôt que de construire le sien sur son territoire. La plupart des villes comptant 3 000 de population au Québec ont un aréna, qui est un autre centre de services, de rassemblement et d’appartenance. Pourtant, un aréna se finance indirectement par lui-même : location de glace pour divers groupes, création d’emplois, installation de restaurants et autres commerces de proximité ainsi que de sites d’hébergement dans les environs, etc., en plus d’être au centre de divers tournois propices au développement de la jeunesse et d’activités telles que des spectacles, fêtes, expositions, et quoi d’autre encore. Surtout, moins de déplacements pour les parents qui doivent conduire leurs enfants 15 kilomètres plus loin pour la pratique de leurs sports préférés. Beaucoup de pétrole brûlé et d’émanations de GES.

Prévost, donc, est sur la voie d’atteindre son adolescence, grâce à la formation sur place de ses adolescents (et probablement aussi de formation aux adultes). À tous ceux et toutes celles qui ont osé dire haut et fort qu’une école secondaire, c’est indispensable pour la vie d’une ville, puis qui sont passés à l’action : Merci ! Ensemble, nous sommes à hisser Prévost au rôle véritable de ville.