Hugues Néron et sa potagère Édith Clarck ainsi que Maxime Belleau, au centre, posent fièrement devant les tunnels d’ails qui sont cultivés pour les restaurants Saint-Sau Pub Gourmand et la Microbrasserie Shawbridge. –Photo : Jacinthe Laliberté

La passion de la terre

Jacinthe Laliberté, Journal des citoyens, Prévost, le 21 mai 2021

« Acheter local », un slogan qui a été lancé par le Premier ministre François Legault, au début de la pandémie et qui a été, particulièrement, entendu par la population. Ce fut une conscientisation environnementale, pour plusieurs, et un retour à la terre pour d’autres.

Hugues Néron, prévostois et propriétaire du Saint-SauPub Gourmand de Saint-Sauveur et de la Microbrasserie charcuteries Shaw-bridge, a depuis longtemps compris l’importance de ce message. Loin d’être un retour à la terre, il poursuit ce que ses aïeuls ont commencé lors de l’acquisition de cette terre au moment de la colonisation.

Homme d’affaires, développeur, visionnaire, il raconte ses passions et ses défis, principalement en ce qui a trait à la culture maraichère.

« Ce qu’il faut savoir, c’est que l’on cultive la ferme Dagenais située sur le chemin de la Station depuis 4 générations. Mon grand-père avait une run de lait. Il a vécu de la terre, une belle terre riche qui a nourri sa famille pendant des décennies, », lance fièrement Hugues.

 

De la vraie culture maraichère

Il y a sept ans, cet homme d’affaires a mis de l’avant un projet d’envergure qu’il mène à bout de bras depuis : cultiver pour les cuisines de ses restaurants.

« C’est une façon de bien connaitre son produit et de savoir qu’il est local. La salade servie dans mes deux restos venait de ma terre. Cette année, j’ai réduit la variété des légumes en me limitant à 460 plants de tomate italienne pour la sauce de la pizza, à 300 plants de basilic pour le pesto et à des concombres libanais. »

Son potage à la courge cuisiné à partir de ses courges, un incontournable, est devenu une tradition pour le temps des Fêtes et la durée de l’hiver au Saint-Sau Pub.

Et il y a aussi ses 2000 plants d’ail qu’il cultive avec ses beaux-fils de 12 et 15 ans dans le but de leur apprendre à gérer leur portefeuille, mais à qui il veut transmettre avant tout cette passion de la terre.

Planter du houblon de chez nous à l’automne et fabriquer une bière, la Sour à la rhubarbe, à partir de sa rhubarbe et celle de son oncle sont les derniers projets déposés sur sa table de travail, et ce, même s’il se dit fatigué par les mille et un projets attaqués de front et les aléas provoqués par la pandémie.

 

La rencontre de deux visionnaires

Maxime Belleau, un jeune agriculteur, assis à ses côtés, est en accord avec cette passion. Ce dernier est venu voir Hugues, il y a un mois à peine, pour lui parler de son rêve : faire de la culture maraichère afin vendre ses produits à l’épicerie biologique Le Radis noir, située à Sainte-Anne-des-Lacs, dans le cadre d’un autre projet : un marché fermier.

« Quel hasard ! Je voulais moins cultiver par manque d’énergie et par manque de temps. Maxime récupère 25 % du “potager gourmand”, partie de ma terre nommée ainsi, puisque ça fournissait les cuisines du Saint-Sau Pub Gourmand au départ. » L’autre lopin de terre lui est prêté par Nicole Jacques, la tante de Hugues.

De plus, ces terres rencontrent toutes les exigences de Maxime : sans avoir de certification biologique, elles ont toujours été cultivées sans aucun engrais chimique ni pesticide. Sans oublier que ces deux autodidactes se complètent dans leur connaissance et savoir-faire de la permaculture.

« Moi, je vais être le partenaire qui va faire lever ce projet. Nous n’avons pas d’entente en bonne et due forme, mais nous avons une bonne poignée de coudes. C’est un prêt. On est tous contents d’aider un jeune qui a du cœur au ventre. Il y a tellement de terres inoccupées qui ne servent à rien, » a renchéri Hugues.

Se proclamant beaucoup plus transformateur que cultivateur, il est heureux de passer le flambeau à un jeune passionné.

 

Des enjeux importants

Hugues et Maxime se disent porteurs de rêves et de souhaits qu’ils espèrent devenir bientôt réalité. Tels seraient une loi donnant le droit de cultiver où l’on veut; un soutien du gouvernement ou des Municipalités aux jeunes agriculteurs de petites surfaces; un arrêt de l’appropriation des terres cultivables par les promoteurs immobiliers et, finalement et non le moindre, que Prévost devienne une ville exemplaire au niveau du Québec sur l’appropriation des terres agricoles.

Hugues, pour bien ancrer cette dernière idée, poursuit avant de se diriger vers ses champs : « Le plus beau des projets pour Maxime serait que la Ville de Prévost fasse l’acquisition de la ferme Desroches située à côté de notre terre. Elle est inoccupée. Une personne comme Maxime pourrait la cultiver. Il faut arrêter de construire et penser à nourrir la population. »