Alain Dubois, L’annonceur, Pierreville, le 13 mai 2021
C’est en début mai que le docteur Daniel Jauvin, co-fondateur de la Coopérative de santé Shooner-Jauvin de Pierreville, a officiellement pris sa retraite… après pas moins de 43 ans de pratique en médecine généraliste auprès de la population de la région.
Originaire de la région du Lac St-Jean, il choisira de suivre sa formation en médecine à l’Université de Sherbrooke pour son programme avant-gardiste à l’époque. Faisant partie de la même graduation que son confrère Karl Shooner, il accepte de participer au projet de ce dernier qui est d’ouvrir une clinique médicale dans son patelin, ledit projet se concrétisera au cours de l’année 1979.
Pour ceux qui s’en souviennent, à la fin des années 70, une ligue de balle-molle très populaire évoluait sur le terrain des loisirs à Pierreville et les noms des équipes faisaient référence aux palmipèdes: les Outardes, les Malards, les Sarcelles, etc. Un point déterminant dans la décision du docteur Jauvin de venir installer sa famille dans la région ne sera ni le fait qu’elle était reconnue par les amateurs de chasse et pêche, ni l’attrait de l’activité sportive estivale mais bien l’ornithologie puisque, comme cette passion l’habite déjà depuis le début de l’adolescence, il est bien au courant de la grande diversité de la faune locale.
La pratique de la médecine a beaucoup changé au fil des ans. Ayant choisi d’exercer la médecine familiale pour sa diversité, il a tout de même offert pendant une douzaine d’années ses services en médecine d’urgence et d’obstétrique aux hôpitaux de Sorel et Nicolet. Comme il le dit si bien, il est « de la génération de ceux pour qui une semaine normale de travail compte 70 à 80 heures », alors entre les heures de consultation et de bureau à la clinique, l’accompagnement de ses patients pouvait l’amener à s’occuper personnellement des hospitalisations de ceux-ci, du suivi à domicile et en CHSLD.
Malgré la charge de travail importante, lorsqu’il pouvait bénéficier d’une « petite semaine d’une cinquantaine d’heures », il dira à la blague que ça lui donnait presqu’une trentaine d’heures pour s’adonner à son loisir préféré. Dorénavant à la retraite, il continue d’arpenter les forêts à la recherche d’oiseaux rares, pour les prendre en photo (il a pu identifier pas moins de 352 espèces à ce jour) et avec l’amélioration constante des technologies, il a pu filmer et enregistrer les chants d’une 197ième espèce tout récemment.
Longtemps impliqué auprès du Regroupement Québec-Oiseaux, il a grandement participé à la publication des deux Atlas des oiseaux nicheurs du Québec. Pour donner une idée de ce que peut entraîner une telle passion, Daniel Jauvin parcourt des dizaines de milliers de kilomètres annuellement pour collectionner les images de nos oiseaux. À titre d’exemple, ça peut ressembler à une balade en auto qui s’apparente à un aller-retour en Gaspésie pour avoir l’opportunité de prendre en photo un spécimen rare ou encore de rassembler une vingtaine de passionnés d’ornithologie et noliser un avion pour se rendre sur l’Île d’Anticosti pour encore une fois être capable de capter en image l’un de ces volatiles suite au signalement d’un observateur sur place.
Aujourd’hui, on est à même de voir la réalisation d’un projet structurant pour la région, la rénovation et la construction de locaux adjacents à la Coopérative de solidarité santé Shooner-Jauvin. Toujours dans l’optique d’offrir à la population un service de médecine diversifié, cet ajout, même si le docteur Jauvin affirme ne pas être vraiment impliqué dans ce projet si ce n’est que de participer occasionnellement à des événements, puisque lorsque ce projet s’est mis en branle en 2017, il a dû s’absenter du travail pendant toute une année après avoir reçu un diagnostic d’un myélome.
Alors qu’il aurait pu logiquement quitter le travail à ce moment, en fait il doit toujours subir des traitements pour cette maladie, il est tout de même revenu pratiquer à temps partiel en attendant que de nouveaux médecins prennent la relève, tout simplement par souci que ses patients ne soient pas abandonnés. Et aujourd’hui, avec l’arrivée des médecins Stéfany Morneau et Audrey Anne Pépin, il peut enfin tendre le flambeau et profiter d’une retraite bien méritée.