Anne Marie Parent, Journaldesvoisins.com, Ahuntsic-Cartierville, avril 2021
Après avoir habité une vingtaine d’années dans la couronne nord, Nathalie Garceau est revenue vivre et travailler à Montréal à l’été 2020, plus précisément à Ahuntsic. Pour elle, c’est le meilleur des deux mondes entre la banlieue et la ville! « Je ne serais pas retournée dans mon quartier d’enfance, la Petite-Patrie, dit-elle. Je trouve qu’il y a plus d’espace à Ahuntsic. Les terrains des maisons sont plus grands, ce qui m’a permis de refaire mon jardin de plantes médicinales et de vivaces. Ça m’aurait fait de la peine de le perdre. »
Le choix du quartier s’est fait tout naturellement, puisqu’elle est venue s’installer chez son conjoint, un copain de l’adolescence. Ils ont travaillé ensemble comme animateurs dans un camp de jour et le hasard les a réunis il y a quelques années. Autre heureux coup de chance : Nathalie a trouvé un local à louer à quelques minutes de marche de leur domicile, rue Fleury, pour y aménager son studio d’art. « Si on m’avait dit, il y a 10 ans, que j’aurais un atelier pignon sur rue, je ne l’aurais pas cru! » lance Nathalie Garceau. Car vivre de son art, comme artiste et enseignante, est un projet d’envergure qu’elle n’entrevoyait pas puisque la peinture n’était qu’un passe-temps, quand elle a commencé en 1991.
« Je suis entrée en philosophie à l’université pour me former intellectuellement, déclare-t-elle. Je gribouillais quand j’étudiais avec une collègue et c’est elle qui m’a recommandée à sa professeure de peinture, Francine Labelle, dont la technique mise sur la perception des formes et des couleurs. » C’est cette approche qu’elle enseignera à son tour, après avoir fait de nombreux détours, avant de deve-nir peintre elle-même!
Parcours en zigzag
Revenons en arrière pour connaître son parcours : après ses études en philosophie, Nathalie Garceau décroche un emploi comme coordonnatrice en loisirs à la Ville de Montréal. Elle retourne aux études en recherche et animation culturelle à l’UQAM, puis en dessin et peinture aux beaux-arts de l’Université Concordia. Elle fait un long intermède d’une année au Liban, à travailler auprès des tout-petits dans un orphelinat. À son retour, elle délaisse ses études aux beaux-arts pour faire un baccalauréat en éducation primaire et préscolaire à l’UQAM.
« J’ai été enseignante pendant sept ans et j’ai eu deux enfants, raconte Nathalie. J’ai arrêté de travailler et c’est pendant cette période à la maison que j’ai recommencé à peindre. Des gens m’ont demandé de leur donner des cours, alors j’ai aménagé un petit atelier chez moi vers 2005. » C’est ainsi que ses deux intérêts, la peinture et l’enseignement, se sont fondus en une seule passion.
Ayant repris des cours avec Francine Labelle en 2000, Nathalie devient une des spécialistes de sa technique et se joint à son groupe d’artistes, Magenta Blues. « Comme j’ai une vaste clientèle montréalaise, la plupart des personnes à qui j’enseigne étaient bien contentes que je déménage à Ahuntsic, beaucoup plus proche que Boisbriand. »
Bilan de sa première année
« J’ai signé le bail de mon atelier en février 2020, puis la pandémie a commencé », se rappelle Nathalie Garceau. Quand elle a ouvert ses portes à la fin de juin, elle avait eu largement le temps de s’installer et de préparer sa salle, dans le respect des mesures sanitaires, notamment en espaçant bien les chevalets de ses élèves. Les cours de groupe et les soirées Art et bulles ont connu beaucoup de succès l’été et l’automne, avant leur interruption quand la deuxième vague de la COVID-19 a forcé la fermeture des commerces, le 9 janvier dernier. Nathalie s’est donc adaptée à la situation en donnant ses cours en visioconférence.
« Il y a un aspect humain à continuer les ateliers. Plusieurs de mes élèves sont isolés chez eux et ils sont contents de se retrouver, même si c’est en ligne. Ma prochaine session en personne affiche déjà complet, dès que je pourrai rouvrir l’atelier. On a une soif de revivre des expériences humaines et ici, c’est un beau carrefour. »
En attendant, elle profite de sa nouvelle vie à Ahuntsic en faisant tout – ou presque – à pied. Elle affectionne en particulier la Petite Boulangerie, idéalement située en face de son atelier. Son chien Pinceau adore se promener au parc-nature de l’Île-de-la-Visitation. Nathalie y allait déjà dès 2018 quand elle assistait aux concerts au kiosque à musique, installée avec son matériel pour peindre les musiciens en action. Il faut savoir qu’elle fait des œuvres en synesthésie, inspirée par la musique, soit en associant plusieurs sens, comme l’écoute et la vue. Elle a d’ailleurs participé au documentaire Les seize saisons de Nagano de Michel Barbeau sur le chef d’orchestre Kent Nagano, parmi d’autres « figurants » pour qui la musique a une influence sur leur vie. La peintre donne aussi des ateliers d’aquarelle au Jardin botanique. Vivement le retour de l’été et des activités avec des personnes en chair et en os!