J’en ai marre des «experts»

Jean-Pierre Robichaud, Le Pont de Palmarolle, mars 2021

S’il est un mot que je retiendrai de la pandémie, ce ne sera pas un de ces nouveaux, inventés par nos éclairés technocrates, tels « présentiel » ou « distanciel » ou encore « vaccin », mais bien « expert ». Je suis un expert proclament-ils tous.

Selon Le Petit Robert, le mot expert n’est même pas un nom mais plutôt un adjectif. Dès lors ceux qui s’approprient ce titre se donnent le droit de ratisser large.

Depuis le début de cette épidémie, il ne se passe pas un jour sans qu’un ou des « experts » donnent leur avis, souvent en contradiction l’un l’autre.

Pour preuve, dans le Journal de Montréal du dimanche 21 février dernier, deux articles se contredisent. Selon Marty Makary, de l’Institut John Hopkins aux États-Unis, l’épidémie, incluant les variants, sera résorbée d’ici la fin avril en raison d’immunité collective. Selon lui, bientôt le virus n’aura plus personne sur qui prendre prise. L’autre, Benoit Massé, épidémiologiste, prévoit une troisième vague, à cause justement des variants, pour bientôt.

Quoi comprendre? Qui croire? Aucun ou les deux? J’en perd mon grec (ou mon latin), que sais-je!

Remarquez que ces centaines « d’experts » qui se sont exprimés depuis un an n’ont pas tous un diplôme en poche. Combien de députés (évidemment les oppositions) dans nos enceintes parlementaires ont tous « leur solution »? En outre, la multitude de « vox populi » aux bulletins de nouvelles ont chacun « les solutions », bien sûr adaptées à leur personne.

Cependant, c’est sur les réseaux sociaux que les « experts » pullulent. Monsieur et madame tout le monde assènent leur théorie à grands coups de gueule. Pour certains, la Covid n’a jamais existé. C’est un mensonge des gouvernements planétaires pour contrôler les populations. Pour d’autres, le virus est bien réel mais a été inventé en laboratoire, encore là pour contrôler les humains.

Et il y pleut cet autre frange, nombriliste, qui scande «li-bar-té ».

Du coup, ce débat contradictoire entre les « vrais experts », d’abord entre eux, et les « faux experts » de tout acabit est non seulement étourdissant, mais il contribue à nous emmêler encore plus. Les gens ne voient plus la différence entre les vrais et les faux experts, et si ce qu’ils racontent est vrai ou faux. Dès lors, c’est selon…

C’est en partie la raison pour laquelle une portion de la population à souvent tendance à minimiser les dangers et à baisser les bras face aux consignes sanitaires.