André Chrétien, Le Pont de Palmarolle, mars 2021
Dans les journaux, à la télé, sur Facebook, on voit de plus en plus d’images et d’articles condamnant les incursions de motoneiges sur les terres agricoles.
Les producteurs ou les organismes qui les représentent, dont l’Union des producteurs agricoles (UPA), font appel aux adeptes de ce sport pour les inciter à mettre fin à ces gestes nuisibles et dévastateurs aux récoltes. Ils ont amplement raison de se plaindre, tous en conviennent sauf, bien sûr, ces inconscients et peu scrupuleux adeptes de ce sport maudit.
Des pancartes aux abords des sentiers, des rappels dans les revues des clubs de motoneigistes insistent sur l’importance d’éviter ces virées sur les propriétés privées et, surtout, dans les champs d’agriculteurs. Ces derniers, avec raison, menacent de retirer aux clubs les droits de passage sur leurs terres.
Tentons de voir le problème ailleurs ou du moins, en partie, en dehors des utilisateurs des sentiers de motoneige. Disons que ces infractions, si souvent commises et dénoncées, ne sont pas majoritairement faites par les vrais utilisateurs des sentiers. En effet, ces derniers sont des détenteurs de permis de circulation dans les pistes qui leur sont attribuées par des clubs.
Ces abonnés réguliers respectent ces principes et se font habituellement une obligation de rester dans les pistes pour lesquelles ils ont payé plus de 300 $ pour avoir le droit d’y circuler. Il est donc inapproprié d’accuser ces usagers réguliers. Qui alors sont ces « cabochons » qui quadrillent les prés, les champs, les espaces en culture des producteurs?
Tournons-nous donc vers les vrais coupables : les conducteurs du hors-piste qui n’adhèrent à aucun organisme légal et qui sont allergiques à toute réglementation touchant l’usage de la motoneige au Québec. Attention! Je ne dis pas que tous les utilisateurs non-détenteurs d’un permis sont des délinquants, mais on semble trop souvent accuser faussement les conducteurs qui « sortent des sentiers pour sillonner les espaces cultivés ».
Oui, il arrive que certains sortent des sentiers, mais souvent ce sont ceux qui les empruntent illégalement, n’ayant pas de permis, et qui doivent s’en écarter de peur de se faire prendre et de payer une amende pour circulation sans permis.
Les producteurs agricoles menacent donc, de façon répétitive, de bloquer les droits de passage aux clubs de motoneigistes. Ce serait néfaste pour cette industrie qui rapporte des retombées économiques importantes au secteur touristique, aux commerces voués à ce sport, de même qu’aux taxes versées aux gouvernements qui les encaissent.
Si ces refus de droits de passage étaient mis en application, cela ne règlerait pas les problèmes liés à ces comportements délinquants de certains motoneigistes. Ils contribueraient à empirer le phénomène, car sans sentiers, ce serait la pagaille. Tous les engins circuleraient partout et en tout lieu, sans cette discipline favorisée par les clubs responsables des sentiers officiels. Dans les sentiers, des patrouilleurs et des policiers assurent le respect des lois, surveillent les gestes et les comportements des usagers.
Donc, un membre en règle, possédant un permis légal, doit se conformer à des règles de circulation et d’usage de sa machine, sous peine de sanctions et d’amendes. Un propriétaire de motoneige, sans permis de circulation, sans être membre d’un club, peut, lui, circuler où bon lui semble, aller à des vitesses excessives, causer des bruits infernaux, sans être « achalé » par des patrouilleurs ou par des policiers. En plus, il s’accorde le droit d’endommager les cultures, d’abimer les terres agricoles, de causer des pertes financières aux cultivateurs. On aurait le goût de dire : « Y’a donc pas de lois pour les crétins! »