Lise Millette, L’Indice bohémien, Abitibi-Témiscamingue, le 26 janvier 2021
Après avoir incendié la scène, être entré comme un train avec le rock pesant de Lubik et avoir incarné la fougue à grands sauts, Alex Picard laisse tomber le voile sur sa nature doucereuse, plus posée, plus intimiste. L’énergie et la passion existent toujours, mais sous une forme plus tendre et personnelle. « J’avais soif de musique et je voulais explorer plus large. Et puis, je dois dire que j’ai toujours eu un côté un peu lover avec un fond de douceur extrême », confie le grand blond, l’air presque timide.
Le contraste est néanmoins frappant si on repense au matériel de Lubik. Le groupe existe toujours d’ailleurs et demeure un groupe résolument rock rural francophone qui, de l’aveu d’Alex Picard, conservera son ADN. « On a toujours voulu arriver comme un train avec Lubik », assure-t-il. Ce n’est donc pas le groupe qui change, mais lui qui explore une avenue solo, qui existait déjà en filigrane et qui ne demandait qu’à se révéler.
Propulsé dès le lancement
Premier extrait d’un microalbum (EP) à venir en 2021, la chanson Il le faut a fait son entrée dans le palmarès de la radio privée dès sa sortie. Pour sa « première semaine de vie », la chanson a franchi la barre des 6000 écoutes et Radio Énergie en a fait sa « star iHeartRadio » du mois de décembre. « Je ne m’attendais pas à ça pantoute », reconnaîtra le mélomane.
Ce projet solo, sous le nom d’Alex Pic, est tout de même un saut dans le vide. S’il dit écrire des chansons depuis l’âge de 12 ans, avec une quinzaine d’années de vie musicale avec un groupe, il lui fallait une certaine dose de courage ou un bond vers l’avant pour quitter sa zone de confort. Et puis, le groupe implique de gérer des horaires multiples, et avec la vie et les familles qui poussent, les plages communes devenaient moins nombreuses, pavant la voie à plus de temps en formule solo.
Les mois de confinement lui ont donné du temps pour écrire, composer, travailler ses mélodies et trouver des complices. Il cite notamment Yannick St-Amand avec qui il a partagé, revu et revisité des heures de matériel, son réalisateur Alex Burger et son ami Cédric Martel, aussi bassiste.
Pour s’assurer d’avancer et d’avoir des échéanciers devant lui, Alex Picard s’est allié avec 117 Records. « En m’associant avec un label, je me commettais », affirme Alex Picard. Cette légère pression ou plutôt, cet engagement résolu, lui donnait l’impulsion pour travailler avec intensité, mais tout en douceur.
Lucide et convaincu
« La musique fera toujours partie de la vie des humains », voilà une des convictions profondes d’Alex Picard. « Mon rêve, c’est de me lever et faire de la musique. Je fais vraiment de la musique avec mon cœur. »
Bien qu’encore jeune, il se dit plus lucide par rapport à ses attentes et à sa vision d’une carrière musicale. Il poursuit d’ailleurs ses autres activités professionnelles, mais il n’est jamais bien loin de ses amours… « À 32 ans, je n’ai plus la naïveté du gars de 22 ans qui saute dans le tas avec la soif d’arriver quelque part. Je suis plus posé, plus conscient aussi par rapport à l’industrie », nuance-t-il.
Plus terre à terre que jamais
Toujours bien ancré dans la région, attaché à son Abitibi-Ouest et souvent à Rouyn-Noranda également, Alex Picard assure qu’il ne délocalisera pas ses racines. « M’expatrier? lance-t-il avec étonnement, oh non, jamais! » Il se fait catégorique sur la question.
C’est ici, en Abitibi-Témiscamingue, qu’il compte continuer d’explorer les univers musicaux et les styles. « Je tente de ne pas être rigide. » Jusqu’ici, il a réuni cinq chansons, qu’il entend sortir tranquillement en prenant le temps et la mesure. Pour lui, écrire, créer et être entendu sont autant de privilèges à cultiver et pour lesquels il faut savoir être reconnaissants. « Avoir un micro c’est une chance et une liberté. Il faut en profiter pour faire avancer les choses. »
Un soupçon d’idéalisme incarné pour une nouvelle année qui s’amorce avec son lot de défis? Selon Alex Picard, il serait prétentieux de s’aventurer sur ce que seront les mois à venir. Il préfère y aller avec un peu de philosophie, mais surtout avec le souhait de garder l’esprit ouvert. « J’espère simplement que 2021 soit remplie d’ouverture, de souplesse et d’amour. Je pense qu’il est grand temps qu’on s’humanise un peu… »