Daniel Rancourt, Le Félix, Saint-Félix-de-Kingsey, janvier 2021
Quelques jours avant Noël, un propriétaire de Saint-Félix-de-Kingsey a surpris des individus sur sa propriété : ils étaient en train de faire des relevés gravimétriques servant à estimer la localisation de dépôts et de structures géologiques d’intérêt. Bref, de la prospection minière. Et ce, sans aucune autorisation pour être sur une propriété privée. Quelques jours plus tard, un autre citoyen a vécu la même aventure.
Renseignement pris, les « prospecteurs » travaillaient comme sous-contractant pour Goldminds Geoservices et Enertourbe inc., deux compagnies fondées par Claude Duplessis, ingénieur en géologie, président et propriétaire des deux sociétés sises à Québec. Selon Claude Duplessis, les « prospecteurs » ont agi à son insu. Ils avaient le droit de faire leurs relevés sur les chemins publics, pas sur les terrains privés.
À la suite de quoi, une première séance d’information via « GoToMeeting » (une autre plateforme de communications comme Zoom, Messenger, Skype, FaceTime, etc.) a eu lieu le 22 décembre 2020 réunissant une dizaine de personnes de Saint-Félix et du Canton de Cleveland, lors de laquelle Claude Duplessis a présenté son projet intitulé : « Trésor Caché de Kinsey – Sulfure Massif Volcanogène » (sic).
Sulfure Massif Volcanogène
Après avoir consulté et étudié des relevés satellitaires du sous-sol effectués par le gouvernement du Canada et disponibles et accessibles à tous, Claude Duplessis a acquis par l’entremise de ses compagnies, 100% des claims (droits, titres ou concessions) miniers d’un territoire chevauchant et Saint-Félix-de-Kingsey (incluant Trenholm) et le Canton de Cleveland, axé autour du chemin Kingsey Townline, de la route 243, du 2e rang et du 3e rang.
Selon Claude Duplessis, le « Sulfure Massif Volcanogène » pourrait contenir du cuivre, du zinc, de l’argent et de l’or. D’ailleurs, on peut retracer l’exploitation de mines de cuivre dans le passé sur ce territoire. Les relevés gravimétriques effectués serviraient à vérifier la présence et le potentiel d’exploitation d’un gisement.
Après ces relevés, le programme de travail anticipé à court terme prévoit des consultations, selon un protocole de communication avec la communauté (dépliants et visioconférences, Covid oblige), l’échantillonnage d’eau des puits voisins, les demandes de permis et autorisations et la réalisation d’un premier forage en 2021.
Afin qu’il n’y ait pas de négligence (comme la présence de ses employés sur des terrains privés!?) Claude Duplessis présentera « un plan de travail pour discussion et amélioration par la consultation avec les gens habitant le territoire de ses claims afin de réduire les risques. De plus, il y a maintenant plusieurs règlements et autorisations à obtenir pour faire des activités d’exploration. Pour l’exploitation plus d’une cinquantaine d’études et de permis/autorisations sont requis, incluant des études hydrogéologiques approfondies, » selon lui.
Du côté de la municipalité
La question a été abordée lors de la séance du conseil municipal du lundi 11 janvier 2021 et dont l’enregistrement audio est disponible sur le site web de la municipalité (à partir approximativement de la 47e minute de l’enregistrement).
Mme la mairesse Thérèse Francoeur a mentionné que la municipalité avait pris connaissance de ces travaux de mesures gravimétriques par Goldminds Geoservices lors d’un courriel reçu en novembre 2020. Des renseignements ont été pris auprès du Registre des entreprises du Québec. Les travaux étaient qualifiés de « processus non invasif » et devaient se faire sur les chemins publics de la municipalité. Deux incidents d’empiètement sur des terrains privés ont été rapportés à la municipalité.
Mme la mairesse a confirmé qu’il n’existe pas de projet ou de permis d’exploration minière, de forage, et d’exploitation minière : « Il n’y a aucun projet déposé sur la table à la municipalité. De nombreux règlements existent et de tels projets doivent être autorisés au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec » a-t-elle mentionné.
Mme la mairesse a expliqué que le promoteur, Goldminds Geoservices, faisait une évaluation de la quantité et de la qualité du minerai présent dans le gisement afin d’en connaître les possibilités d’exploitation compte tenu des enjeux financiers s’y rattachant. « La municipalité comprend les inquiétudes et le questionnement des citoyens et elle tient à rassurer la population qu’un suivi régulier des activités sera effectué dans ce dossier. »
Carole Pigeon, directrice générale de la municipalité, a conclu la discussion : « Ne paniquons pas. Il n’y a pas lieu de paniquer. Nous allons tenir nos citoyens informés de la situation. »
Par ailleurs, après vérification auprès de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), aucun dossier relatif à Geoservices GoldMinds, Enertourbe inc, et Claude Duplessis ing. semble exister.
Dossier à suivre attentivement. Très attentivement.