Roger Lafrance, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, décembre 2020
Le titre du célèbre roman Chronique d’une mort annoncée aurait pu coiffer le rapport de Saint-Hyacinthe Technopole sur le projet-pilote de piétonnisation de la rue des Cascades qui, en lui-même, ne nous apprend pas grand-chose de nouveau. Quiconque a suivi cette saga, l’été dernier, a pu tirer les mêmes conclusions : manque de préparation et de planification, improvisation, absence d’un porteur clairement identifié, peu d’éléments pour en permettre le succès. Les mots sont d’autant plus durs qu’ils viennent d’un organisme municipal.
Ce fiasco met le doigt sur le manque de vision de l’administration municipale. On agit comme si on ne savait pas trop quoi faire pour relancer le centre-ville.
Depuis plusieurs années, peu d’initiatives appuyées par la Ville ont suscité l’approbation d’une majorité de citoyens : les horodateurs, la destruction de nombreux immeubles locatifs pour faire des stationnements, le projet du Groupe Sélection, la restauration de la promenade Gérard-Côté qui ne se fera probablement jamais tellement le projet est grandiose. En résumé, bien des commerçants sont contre la fermeture de la rue des Cascades sur une longue période, alors qu’une majorité de Maskoutains sont en accord avec la piétonnisation. De là, tout le dilemme.
En cela, le rapport identifie bien les raisons de ce fiasco. Le seul reproche qu’on peut lui faire porte sur l’avenir de la piétonnisation. Évidemment, la mise sur la glace du projet pour quelques années apparaît sage. Par contre, dans l’éventualité d’une relance, il suggère de consulter plus largement les commerçants concernés.
À mon avis, se limiter à consulter les marchands, c’est faire fausse route. Le centre-ville n’appartient pas qu’aux commerçants qui s’y trouvent, mais aussi aux gens qui y habitent, aux organismes de toutes sortes ainsi qu’à l’ensemble de la population.Le centre-ville n’est pas un secteur commercial comme les autres. C’est l’âme de Saint-Hyacinthe, son identité. C’est l’image qu’on brandit bien haut quand on veut faire la promotion de la ville. C’est pour cela que son avenir concerne tout le monde.
Personnellement, je ne sais pas si la fermeture de la rue des Cascades, en dehors des événements culturels et de la vente-trottoir, est une bonne solution. Je pense qu’il y a certainement d’autres avenues à explorer pour relancer le centre-ville, des solutions qui ne reposent pas seulement sur un projet de résidences pour « retraités actifs », comme veut le faire Groupe Sélection.
Peu importe les solutions qui seront mises de l’avant, celles-ci devront être supportées par un vaste consensus, non seulement des marchands, mais aussi de tous les acteurs et d’une majorité de la population.