Guillaume Manningham, Entrée libre, Sherbrooke, novembre 2020
Fondé le 7 novembre 1995, Illusion emploi de l’Estrie tient à souligner cet automne ses 25 années d’existence. Auparavant, en juin 1992, les membres de la TROVEPE avaient voté la version finale du «Guide d’utilisation des programmes de l’emploi et d’employabilité» en assemblée générale devant la grande utilisation par les groupes communautaires des programmes en emploi. Les groupes membres s’engagent à tendre vers l’application de ce guide et proposaient la formation d’un regroupement des personnes employées par ces programmes.
Au départ, l’organisme né d’une initiative de la TROVEPE était donc dédié aux conditions de travail des centaines de personnes au sein du programme EXTRA, tout en se préoccupant des autres programmes d’employabilité. Ces programmes avaient comme dénominateur commun de ne pas être reconnus comme de vrais emplois avec les mêmes droits, les mêmes conditions et les mêmes protections que les autres emplois salariés. D’où le nom de l’organisme !
Les emplois sur appel, à temps partiel (cumul d’emplois), contractuels, les mesures d’intégration à l’emploi, les agences de placement, le travail migrant temporaire sont entre autres des façons de travailler qui prennent de l’ampleur ou qui apparaissent lors de la création d’Illusion Emploi. Rappelons que c’est une époque marquée par les réformes néolibérales favorisant les grandes entreprises au détriment des droits sociaux et des protections au travail. C’est pour cette raison que l’organisme a élargi rapidement sa mission pour défendre les droits des non-syndiqué.es et revendiquer la création d’emplois durables et de qualité.
Savez-vous que les ménages estriens ont des revenus disponibles nettement inférieurs à la moyenne québécoise ? En 2015, avec un revenu médian de 53 336 $ il y a un écart avec le revenu médian des ménages québécois situé à 59 822 $. Cet écart s’explique davantage par la grande proportion des emplois dans le secteur des services et par la faiblesse des salaires plutôt que par un chômage plus élevé comme dans d’autres régions. Plusieurs de ces emplois aux faibles salaires sont non-syndiqués et Illusion Emploi a fait de l’augmentation du salaire minimum une lutte constante tout au long de son histoire. La pauvreté il faut y mettre fin et ça passe par un salaire décent pour vivre. Nous revendiquons ces dernières années 15$ de l’heure.
Concrètement, Illusion Emploi offre un service-conseil qui fournit de l’information et du support en cas de litige en emploi (congédiement abusif, harcèlement, respect des droits et des normes du travail, etc.). L’organisme invite les personnes vivant ces problématiques à créer un réseau, à briser l’isolement et à réfléchir collectivement sur la crise de l’emploi, ses enjeux, ses conséquences et sur les revendications à mettre de l’avant pour améliorer la situation partagée. Différents projets d’éducation populaire autonome ont été mis en place au fil des ans comme le vidéo « Donne-moé une job », le projet « Jeunes et travail atypique », les chroniques radios «La complainte du travail» à CFLX et la création d’un théâtre forum interactif qui a été présenté auprès de centaines de personnes. Le journal « La Déroute » est produit régulièrement et acheminé aux membres et aux partenaires tout comme l’infolettre. Afin de se tenir au courant des réformes, des luttes et des activités communautaires et sociales dans la région et au Québec.
L’intervention de l’organisme et de ses partenaires a permis de faire des gains concernant la Loi sur les normes du travail modifiée en 2002 et en 2018. Entre autres pour faire reconnaître le phénomène du harcèlement psychologique et sexuel et instaurer des mesures pour y remédier, pour obtenir des congés de maladie payés ou pour raisons familiales ou bien encore pour augmenter le nombre de semaines de vacances annuelles, ainsi que mettre fin au disparité de traitement et bien sûr la hausse du salaire minimum. Bien qu’insuffisantes par rapport aux revendications faites par l’organisme, ces deux réformes ont tout de même représentées des avancées importantes et ont illustrées que la mobilisation porte ses fruits.
Finalement, l’amélioration des conditions de vie dans la société fait partie de l’existence d’Illusion Emploi. Par exemple : la participation soutenue aux Marches mondiales des femmes en 2000, 2005, 2015 et 2020, l’obtention de la loi sur l’Équité salariale, les luttes pour la protection et l’amélioration de l’assurance-chômage, la lutte à la pauvreté, la lutte aux discriminations de toutes sortes, les luttes pour des services publics accessibles et de qualité ainsi que pour la justice sociale, la démocratie et plus récemment pour la justice climatique.
Soulignons la présence et remercions chaleureusement Manon Brunelle à la coordination d’Illusion Emploi depuis sa fondation ainsi que les employé.es et toutes les personnes ayant participé aux C.A., aux comités et aux activités tout au long de son histoire. Et pour l’histoire à venir !