Fay Poirier, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 7 décembre 2020
La santé mentale des femmes s’est fragilisée pendant la pandémie. C’est l’une des problématiques qui est ressortie de la rencontre entre les organismes communautaires du Haut-Saint-François et le député de Mégantic, François Jacques. Effectuée en vidéo-conférence, celle-ci avait pour objectifs de mieux connaître les différents enjeux liés à la pandémie.
L’augmentation de l’anxiété chez les citoyens du HSF est l’une des problématiques les plus récurrentes chez les organismes communautaires. Toutefois, elle serait grandement plus présente chez les femmes selon les témoignages des intervenants. Ce stress supplémentaire a pour effet de fragiliser la santé mentale des citoyennes. « La pandémie a un accent important sur la charge mentale de nos mamans, mais de tous nos parents », exprime Sabrina Denault Lapointe, directrice de La Relève du Haut-Saint-François. Selon elle, l’anxiété dans les familles est amplifiée par le confinement et la pression ressentie par les parents. Nawel Amokrane, directrice du Centre de services éducatifs populaires (CSEP) du HSF, vit également cette problématique. « Quand on a ouvert le centre au mois d’août, on a eu beaucoup d’inscription et 90 %, c’est des femmes. Elles sont restées à la maison pendant le confinement et elles ont trouvé ça très difficile », exprime-t-elle. À son avis, ces femmes désiraient retourner aux études pour pouvoir trouver un meilleur emploi puisque plusieurs d’entre elles se sont retrouvées au chômage au printemps dernier. « La santé mentale des femmes, on la vit. Elles vivent beaucoup d’anxiété. Elle doivent s’occuper des enfants, donc elles mettent de côté leurs préoccupations à elles », affirme la directrice du CSEP. S’inscrire pour retourner aux études c’est une chose, mais encore faut-il pouvoir s’y rendre. Mme Amokrane s’inquiète du taux de décrochage en raison du manque de transport ou encore par obligation familiale. Une demande en ce sens a été faite au député au cours des dernières semaines et elle a été acceptée. Le CSEP reçoit donc une aide supplémentaire de 1 500 $, annoncée par M. Jacques lors de la rencontre.
Des subventions gouvernementales ont été récemment versées pour les organismes en santé mentale. Toutefois, Jinny Malhot, directrice de la Corporation de développement communautaire (CDC), explique que cette aide ne vient pas régler la problématique vécue dans les autres organismes. « Au niveau de la santé mentale, ce qui a été subventionné dernièrement, c’est tout ce qui a rapport avec les organismes qui traitent des troubles de santé mentale. Par contre, l’ensemble des organismes communautaires fait ce qu’on appelle du soutien à la santé mentale et non pas au niveau des troubles de santé mentale », explique-t-elle.
Andrée Larrivée, du Centre des femmes du HSF, La Passerelle, remarque beaucoup de détresse chez les citoyennes. « Nous, on ne parle plus de charge mentale. On parle de surcharge mentale », affirme-t-elle. Les demandes d’aide ont également augmenté de son côté et Mme Larrivée, à l’instar de ses collègues, se désole notamment du manque de financement récurrent qui permettrait d’engager le personnel nécessaire pour aider la communauté. « Ça fait plusieurs années que les différents organismes militent pour le rehaussement du financement, que ce soit à la mission globale ou ceux qui sont à volet », déplore Guillaume Loiselle-Boudreau, directeur général des Cuisines Collectives du HSF. Il explique que ces sommes supplémentaires augmenteraient la sécurité d’emploi. Présentement, la précarité financière est en hausse chez les employés. « C’est souvent des femmes du Haut-Saint-François qui sont dans cette précarité-là, qui n’ont pas des salaires très élevés », ajoute-t-il. Certains organismes ont récemment reçu des aides financières qui permettront d’offrir une stabilité pour quelques années, mais ce n’est pas le cas pour tout. « Ça va être difficile dans l’avenir, la rétention du personnel et les dynamiques internes aussi », exprime M. Loiselle-Boudreau.
Les différents intervenants craignent également l’impact de la pandémie une fois que tout sera revenu à la normale. Katia Palardy, directrice de Moisson Haut-Saint-François, se compte chanceuse de toute l’aide financière et bénévole reçue depuis le printemps, « mais on a peur que l’année prochaine, on soit oublié. Donc ça ne nous donne pas plus de récurrences », exprime-t-elle. Si la vie reprend son cours, il restera encore des cicatrices chez les citoyens. L’anxiété des gens, l’insécurité alimentaire et financière risquent de demeurer pour un temps selon les intervenants. Les suivis devront donc se poursuivre.
Lors de cette rencontre, les différentes problématiques des organismes ont été entendues. « Présentement, il y a un comité parlementaire qui est formé pour regarder tous les enjeux reliés aux organismes communautaires pour voir de quelle façon on pourrait faciliter le travail », assure M. Jacques.