Yannick St-Amand derrière la console. Photo : Moritz Hartmann

Yannick St-Amand : Les secrets de la sonorisation

Lise Millette, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, le 29 septembre 2020

Encore cette année, Yannick St-Amand a pris les commandes derrière la console au Festival de musique émergente (FME) en Abitibi-Témiscamingue; une habitude pour lui qui s’implique auprès du FME depuis la deuxième édition. L’œil vif, la casquette vissée jusqu’aux oreilles, tout sourire, celui qui a mis la main sur une statuette des Juno Awards (remis par la Canadian Academy of Recording Arts and Sciences) en 2019 n’a pas la grosse tête.

Celui qui se cache derrière Northern Studio multiplie les collaborations : métal, folks, jazz, rock. Dernièrement, il a travaillé sur le plus récent matériel de Jimmy Hunt. « Je reçois du monde avec qui je n’ai jamais fait affaire avant et de là, découlent des affaires vraiment trippantes qui me font découvrir une scène que je ne connaissais pas ». Il ajoute : « Une fois, il y a eu un band français qui a pris l’avion et fait ensuite 8 h de route pour venir me voir au studio. Ça, c’est de la pression. »

Sans faire de publicité et sans site Internet, le bouche-à-oreille a fait son œuvre pour Yannick St-Amand qui multiplie les clients aussi loin qu’en Afrique du Sud. Un tour de force pour celui qui avait connu des débuts bien modestes au moment de lancer son entreprise en 2001. « Longtemps, Northern Studio a été ma chambre à coucher dans un appartement! En 2006, c’est devenu nettement plus sérieux quand on a acheté à Villemontel et que j’ai aménagé mon studio avec un design acoustique et tout », précise-t-il.

Son métier de sonorisation et de matriçage (mastering), il le voit comme un fin polissage : « Quand arrive le mastering, tu deviens le dernier à polir le projet. Ce n’est pas rendu au mastering que tu sauves l’album! Les décisions artistiques se prennent avant », résume celui qui ne fait qu’opérer une touche de magie finale.

 

MACAMIC : MOMENT DÉCISIF?

À la question, quelle est votre plus grande fierté, Yannick St-Amand répond tout simplement : avoir suivi mon instinct. « Je suis le seul musicien de la famille. Je pense que personne n’avait cru que j’allais m’acharner comme ça, dans une voie qui n’était pas gagnée d’avance. »

Pour Yannick St-Amand, le déclic s’est lors d’une visite au secondaire. « J’ai vu un gars qui jouait de la guitare, un autre au drum et j’ai eu une révélation. Mon rêve, à ce moment-là est devenu d’avoir un drum et une guitare. Toutes mes heures de pause, je les passais dans le local de musique. Je mangeais mon sandwich super vite », raconte-t-il.

Ironiquement, cette année-là, il était inscrit en arts plastiques, mais il squattait le local de musique et avait un abonnement auprès du professeur Benoit Roy, qui lui a d’ailleurs vendu son premier 4 tracks.

 

L’APPEL DE LA MUSIQUE

Même si la sonorisation a occupé la majeure partie de ses activités professionnelles, Yannick St-Amand souhaite revenir à la musique pour les mois à venir. « C’est le musicien en moi qui m’a emmené en sonorisation. Avoir des enfants a fait en sorte que j’ai choisi de ne pas partir huit mois par année. Mes activités de studio ont occupé plus de place, mais aujourd’hui, maintenant que les enfants ont grandi, le temps pour la musique est de nouveau possible : 2020 et 2021 seront pas mal consacrées à la musique », affirme-t-il.

Des enfants, Yannick St-Amand en a 4, âgés de 8 à 14 ans. « Oui, il y a eu des sacrifices, mais tranquillement c’est une autre étape qui s’en vient », dit-il avec sérénité.

Les derniers mois lui ont d’ailleurs permis de replonger dans son vieux matériel laissé en plan. « Depuis la pandémie, j’ai retouché à des vieilles chansons laissées en chantier. Je ne mets pas de limite. Il y a toutes sortes d’influences. Une vibe année ’60, un peu de chorales, de gospel. Ça sort d’où? Qu’est-ce que c’est? Ça n’a pas d’importance pour le moment ».

À 41 ans, Yannick St-Amand semble avoir le sentiment d’être « sur son X ». « On vieillit, je laisse parler davantage mon côté émotionnel, le feeling. On ne se met plus de barrière. C’est aussi un gros stress de moins que de ne plus avoir besoin de plaire à tout le monde ou d’être déçu lorsque les critiques sortent », affirme-t-il, les idées plein la tête.