Pandémie COVID-19 : Le centre-ville de Montréal souffre

Mercedes Domingue, Échos Montréal, octobre 2020

Les    dernières    statistiques    concernant  l’achalandage  au  centre-ville  démontrent   malheureusement   que   ce   secteur   névralgique   de   la   métropole   continue  à  être  délaissé,  alors  que  ce  ne  sont  plus  que  quelque  50  000  personnes  qui  s’y  rendent  quotidiennement,  comparativement  à  une  moyenne  de  600  000  de  fréquentations  journalières,  travailleurs et visiteurs, avant la pandémie. La  baisse  du  taux  d’occupation  des  tours  à  bureaux  est  encore  plus  cataclysmique  avec  un  achalandage  que  l’on  estime se situant entre 5 % et 10 %, et tandis que rien ne semble par ailleurs indiquer un retour la normale avant le printemps-été 2021 au plus tôt.

Luc  Rabouin  du  développement  économique  à  la  Ville  de  Montréal  souligne  que  cette  situation  se  transpose  notamment  en  une  faible  vitalité  de  l’économie  commerciale,  en  particulier  l’hébergement  et  la  restauration  avec  une  baisse  du nombre d’emplois de près 50  %, mais également des pertes drastiques dans  le commerce de détail et l’économie sociale, causées par l’absence de touristes, et la non-présence travailleurs  confinés  chez  eux.  Sans  oublier  bien  sûr  le  domaine  culturel, très au ralenti depuis mars dernier.

À  cela  on  peut  fort  certainement  ajouter  la  programmation chaotique de ces nombreux chantiers – un problème qui s’étend d’ailleurs sur toute l’île de Montréal – qui découragent  bon  nombre  d’automobilistes  de  circuler  dans  la  ville,  et  contribuent  plus  particulièrement  à  faire  fuir  davantage  la  clientèle  raréfiée  du  centre-ville,  ainsi  que  du  Vieux-Montréal  où  se  pose  le  problème  additionnel  d’un  manque  criant  de  stationnement  en  raison  des  travaux divers et des changements de signalisation barbares.

Pour tenter de donner un éclairage plus positif à cette réalité et s’aider collectivement à faire avaler la pilule, monsieur Rabouin fait mention de deux secteurs qui se portent relativement  mieux,  soit  ceux  de  la  technologie  et  de  la  construction. Mais ils constituent pour l’instant une compensation économique trop maigre pour redonner un réel boost à la santé économique de Montréal.

En ce sens, un plan de relance plus exhaustif et mieux ciblé de  la  part  de  l’administration  municipale  pourrait  aider  (exemple : plus de stationnement gratuit dans des secteurs névralgique, un passeport d’escomptes dans les boutiques, etc). La Ville de Montréal ne peut se contenter d’agir en spectateur  et  de  voir  les  locaux  se  vider  par  manque  de  clientèle.  Dans  cette  optique,  l’hôtel  de  ville  montréalais  devrait  peut-être  s’informer  et  s’inspirer  des  stratégies  mises en place par la Ville de Québec, qui semblent mieux se porter que sa grande sœur montréalaise, avec moins de faillites et une stratégie marketing bien rodée.

Enfin, on ne peut passer sous silence le manque de stratégie  commerciale  de  l’organisme  Destination  Centre-ville, pratiquement absent de tous les débats quant à la relance  de  l’économie  du  Centre-ville  et  qui  semble  se  contenter  d’attendre  confortablement  que  la  crise  passe  pendant que ses membres souffrent. Tout le contraire des SDC de la rue St-Denis et celle du Vieux-Montréal, qui se démènent sans relâche et offrent un soutien constant à leurs membres, même si elles doivent elles aussi composer  avec  des  rues  entières  paralysées  depuis  des  mois  par  les  travaux  et  les  implantations  arbitraires  et  brutales  de  voies  cyclables  ou  piétonnes,  presque  toujours  non  annoncées  à  l’avance  et  qui  ne  font  pour  l’instant  que  contribuer  au  marasme  économique  et  empirer  la  situation des commerçants.