Un photojournaliste à Fermont

Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 5 octobre 2020

Un photojournaliste du quotidien La Presse, Martin Tremblay, était de passage à Fermont, du 20 au 22 septembre derniers, afin de rédiger quelques articles sur différents sujets notamment sur Hydro-Québec, le tourisme et les activités minières à la mine du Mont-Wright d’ArcelorMittal.

Celui qui exerce ce métier depuis 18 ans et qui a produit de nombreux reportages internationaux durant sa carrière rêvait d’emprunter la TransQuébec-Labrador depuis un bon moment. « Ça faisait longtemps que je caressais le rêve de conduire sur la route 389 tout en réalisant plusieurs reportages. Il faut dire que je suis né à Churchill Falls au Labrador. Mon père a œuvré à l’édification de cette centrale hydroélectrique tout comme à la série de barrages Manic-Outardes sur la Côte-Nord du Québec. Il a aussi travaillé à la station Esker durant sa jeunesse en tant que mécanicien durant la construction du chemin de fer QNS&L qui relie Sept-Îles à Schefferville. Il remontait notamment des tracteurs en assemblant des pièces. Au départ, je voulais faire ce parcours en étant accompagné de mon frère et de mon père, mais ce dernier est malheureusement décédé avant que l’on ne puisse concrétiser le projet. Cette démarche pour moi c’est un peu comme marcher dans les traces de mon père. »

 

La route des géants

Durant son trajet sur le seul lien routier menant vers le Labrador, Martin Tremblay en a profité pour s’arrêter et escalader les sentiers du mont Harfang dans les monts Groulx-Uapishka et faire du kayak sur l’immense réservoir.

« Les couleurs sont exceptionnelles. En tant que photographe professionnel qui a beaucoup voyagé à l’international, je considère que j’ai observé le plus beau coucher de soleil au Québec à la station Uapishka et certainement parmi les plus beaux que j’ai eu la chance de voir durant mes nombreux déplacements. »

Évidemment, le journaliste chevronné aurait aimé se rendre sur les lieux où il a vu le jour et jusqu’à Happy-Valley-Goose-Bay, mais le contexte actuel lié à la Covid-19 a freiné son élan en raccourcissant son périple puisque la frontière du Labrador, qui fait partie de la bulle de l’Atlantique, demeure fermée aux non-résidents de ces quatre provinces. « Ce n’est que partie remise », confie-t-il.

 

Correspondant de guerre

Le reporter et photographe a couvert plusieurs conflits armés à travers le monde notamment en Afghanistan (Asie centrale), en Israël (Proche-Orient), au Rwanda et au Niger (Afrique). Il explique qu’en temps de guerre les représentants des médias sont devenus des cibles et doivent se fondre dans le paysage en cachant leur présence, car il y a beaucoup de kidnappings. « J’ai de l’intérêt pour ce champ d’activité qui peut parfois s’avérer périlleux. J’ai le goût de montrer les injustices sur notre planète, d’illustrer la réalité des victimes, de leur donner une parole. » Il fait part de nombreuses péripéties vécues durant ses expériences sur le terrain et entre autres le fait qu’au Niger, la famine s’attaquait malheureusement particulièrement aux enfants avant de s’attarder à son expérience en Afghanistan.

 

Afghanistan

Martin Tremblay raconte qu’à la suite des bombardements américains qui ont chassé les talibans de l’Afghanistan, les djihadistes ont pris la relève. C’est à cette période qu’il a sillonné ce pays. « Les gens étaient privés de tout ce qui était relatif au plaisir. » Il était sur place avec sa collègue Michèle Ouimet en 2003 quand le premier soldat canadien est mort lorsque sa jeep a percuté un engin explosif. C’était alors une mission de paix qui s’est par la suite transformée en mission de guerre en 2007. Bien décidé à y retourner, il intègre un peloton du Royal 22e régiment de Val-Cartier qu’il a suivi lors de l’entraînement en Alberta avant de le rejoindre dans le feu de l’action en Afghanistan durant six semaines avec le journaliste Hugo Meunier. Il a croisé sur place d’autres membres de la presse comme Patrice Roy, devenu plus tard lecteur du bulletin de nouvelles du diffuseur public Radio-Canada, et le caméraman Charles Dubois qui y a perdu une jambe. « Le jour de notre arrivée, ce fut une journée sanglante, deux militaires sont morts. On était plongés en pleine situation de guerre. On suivait l’armée lors de ses déploiements sur le terrain et le risque d’embuscade était bien réel. On a fait 23 fois la une durant cette période tumultueuse où j’ai eu la chance de rencontrer une femme policière à Kandahar et qui, en tant que femme occupant un poste important, était constamment en danger. Elle a depuis malheureusement été assassinée. »

Pour suivre le photojournaliste qui a remporté le prix Antoine-Désilets de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec pour la meilleure photo de presse à plusieurs reprises, vous pouvez consulter Instagram : @phototremblay ou le site internet : www.martintremblay.ca

Un photojournaliste à Fermont