Roger Lafrance, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, août 2020
Quand viendra le temps de faire le bilan du projet de piétonnisation de la rue des Cascades, il sera difficile d’être positif. Un centre-ville désert, des commerçants déchirés et d’autres qui ont décidé, tout simplement, de fermer devant la rareté des clients.
La fermeture de la rue des Cascades durant tout l’été aura été revue en catastrophe par la Ville afin d’en diminuer la portée. L’opération, grandement improvisée — et sans trop de consultations, doit-on le dire —, s’est faite sans consensus de la part des différents partenaires. Si on avait voulu tuer cette idée dans l’œuf, on ne s’y serait pas pris autrement.
Pourtant, le sujet a fait parler de lui cet été, tout comme une autre controverse, celle de l’interdiction des food trucks par la Ville. Dans les deux cas, Saint-Hyacinthe n’apparaît certainement pas comme une ville novatrice. C’est même tout le contraire!
La page Facebook POUR une rue Cascades piétonne tout l’été ! a quand même attiré 942 membres. Joëlle Turcotte, copropriétaire du Zaricot, désirait offrir une fenêtre pour mousser cette idée auprès de la population. Elle n’a pas été surprise de recevoir autant d’appuis. « Beaucoup de gens désirent que la rue des Cascades devienne piétonne, a-t-elle indiqué à Mobiles. C’est dans l’air du temps. La population est beaucoup plus avant-gardiste que la Ville. »Parmi les commentaires qui ont été publiés, plusieurs ont cité des initiatives mises en place par d’autres villes.
Un moment mal choisi pour un projet pilote
Ce bilan négatif doit s’accompagner de quelques bémols. D’abord, presque tous les commerces ont été affectés par la pandémie, même ceux logés dans les centres commerciaux. Rappelons aussi que certains commerces du centre-ville ont l’habitude de fermer durant l’Expo agricole, l’événement phare de Saint-Hyacinthe.
Le mois dernier, les touristes ont été rarissimes dans la région. Bien des Maskoutains avaient aussi déserté la ville pour leurs vacances. Et comme les rassemblements étaient interdits par la Santé publique, les conditions gagnantes pour le projet pilote étaient vraiment absentes.
Ce que ce projet a démontré hors de tout doute, c’est qu’il ne suffit pas de fermer une rue commerciale aux véhicules pour y attirer les visiteurs. Il faut investir dans du mobilier urbain : bancs, tables, espaces pour des spectacles, etc.
L’aménagement n’est pas tout. L’animation doit aussi aller de pair : activités, spectacles, animation de rue, mini-festivals. Des activités qui visent toutes les clientèles, des jeunes aux plus âgées.
Mais au départ, il faut de la cohésion, une vision et la collaboration des commerçants, de la Ville et des groupes de citoyens. Or, à Saint-Hyacinthe, la vision face au centre-ville fait cruellement défaut. Après les horodateurs, les démolitions de logements pour faire d’immenses stationnements et la venue probable du Groupe Sélection, on se demande si l’administration municipale ne cherche pas tout simplement à tuer le centre-ville.