Guy Simard accueille les clients et les passants avec un grand sourire.

Nomadisme jusqu’à Fermont

Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 24 août 2020

Originaire du Saguenay, Guy Simard a sillonné les routes du Québec et du Nouveau-Brunswick durant de nombreuses années dans le cadre de son travail de vendeur itinérant. Après avoir beaucoup voyagé et parcouru de vastes et magnifiques territoires, c’est Fermont qu’il a choisi comme résidence secondaire et où il pose ses pénates quelques mois par année.

Avec plus d’un demi-siècle au compteur, ce n’est pas la fatigue qui l’a poussé à s’établir dans le Nord québécois, mais bien l’amour de ce lieu, des grands espaces, et l’hospitalité de ses gens. Il a appris le métier il y a près de trois décennies avant de croiser chez son fournisseur à Québec un compétiteur, René Leblanc. Ce dernier, qui se préparait à prendre sa retraite, a offert de lui vendre son commerce et son circuit et de l’accompagner pour lui montrer le parcours, l’aider à se familiariser avec la clientèle et lui présenter ses contacts. C’est donc cette rencontre fortuite qui a stimulé la fondation de l’entreprise Les Aliments Guy Simard. Il reste toujours en contact avec celui qui lui a appris l’anglais, ce qui lui a été fort utile puisqu’il devait se déplacer jusqu’au Labrador. Les deux hommes ont finalement travaillé 5 ans ensemble. « Je n’apprends pas vite », confie M. Simard en riant.

Il se remémore la première fois où il est arrivé à Fermont en décembre sous un froid sibérien. Il portait seulement une veste Louis Garneau et de petits souliers. Un policier l’apercevant ainsi vêtu le taquine en lui disant : « T’es habillé pour aller souper en ville. » Lors de son retour en février suivant, il s’était procuré un manteau arctique Canada Goose et des bottes de motoneige.

Avec son allure de dur à cuire, il pourrait à premier abord sembler intimidant, mais quiconque lui parle s’aperçoit rapidement qu’il cache derrière son sens de l’humour une grande sensibilité. « Quand j’ai décidé de m’investir plus sérieusement à Fermont, il y avait une problématique de logement et c’est un ami qui m’a offert l’hébergement sur place afin de me donner une chance de dénicher quelque chose qui me conviendrait », explique-t-il d’un timbre de voix grave et rauque. Celui-ci poursuit sur un ton moqueur : « Il ne prenait pas pour la même équipe de hockey que moi alors j’ai décidé de déménager. »

Guy Simard a finalement eu une occasion en 2016 d’acheter une maison mobile au parc de roulotte qu’il a entièrement rénovée. Il y affiche des tableaux d’artistes locaux et des photos de son chien et de ses chats, ses bébés. « Je me suis fait un petit nid douillet où je me sens chez moi et où je peux accueillir des amis. Je me suis bien intégré à la communauté que j’estime particulièrement. Je trouve les gens sympathiques. C’est d’ailleurs l’accueil chaleureux qui m’a incité à prendre la décision de m’établir ici. »

Bien qu’il réside à Fermont en moyenne six mois par année, M. Simard ne se considère pas comme un citoyen par intermittence. Il participe activement à la vie municipale et s’investit dans certains organismes communautaires locaux. « J’adore Fermont. Heureusement que ma blonde, la belle Nancy, est compréhensive, mais quand je monte dans le Nord, c’est un peu des vacances pour elle. Il y a aussi le climat hivernal rigoureux qui me fige tellement que ça m’aide à conserver mon air de jeunesse », lance-t-il à la blague.

Comme tout bon citoyen local, il est écœuré du piteux état de la route 389. Il se déplace maintenant en avion et fait livrer sa marchandise.

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