Mercedes Domingue, Échos Montréal, août 2020
Au cours des dernières années on a pu assister à une augmentation significative de la propension des Montréalais à quitter la métropole pour aller s’établir en banlieue. Or, ce phénomène d’exode citoyen s’est si intensifié que pour la première fois depuis une décennie on assiste à un ratio négatif de quelque 6 000 personnes d’après les chiffres indiqués par la Ville de Montréal.
Et, bien que ce déficit import-export des habitants citadins au profit de la banlieue soit en partie comblé avec plus de naissances et moins de personnes décédées malgré cette année pandémique, il est à prévoir que cette période de déclin n’est pas à la veille de se résorber dans une ville qui devient de plus en plus invivable avec des centaines de chantiers mal synchronisés, des rues barrées, des commerçants étouffés par les travaux et les difficultés d’accès qui se rajoutent à des comptes de taxes assez salés le tout au travers d’une année 2020 pandémique très difficile.
Il ne faudrait surtout pas céder à la tentation de vouloir tout mettre sur le dos de la pandémie. Cela fait un bout de temps que l’on assiste à une certaine perte d’amour des Montréalais envers leur ville, un constat dont notre journal peut témoigner via les commentaires-lecteurs que nous recevons et dont bon nombre semble abonder dans ce sens. Suite à notre édition de juillet et à l’article bilan des maires, un lecteur nous écrivait d’ailleurs récemment son impression que « la perception sur Montréal des Montréalais eux-mêmes s’est grandement détériorée », soulignant par ailleurs que « le problème-clef, c’est celui de la communication et du consensus ».
Alors que la qualité de communication s’est sensiblement étiolée depuis plus d’une décennie entre les administrations en gouvernance de la ville et sa population, il serait plus que temps pour la Mairie de se remettre à l’écoute de tous les Montréalais, résidents et commerçants. Montréal appartient à ses citoyens et non pas seulement à son hôtel de ville. De même, il serait souhaitable – particulièrement en cette année 2020 pour le moins spéciale, de songer à repenser une stratégie d’urbanisme plus adaptée aux goûts du jour et à la réalité moderne, en tenant compte des besoins commerciaux de la ville (toutes les grandes villes du monde ayant le plus de succès comptent sur une offre commerciale foisonnante) ; d’une meilleure fluidité de circulation ; d’une taxation mieux assortie, et d’une possibilité d’accès grandement améliorée laissant la place tout à la fois aux piétons, vélos et automobilistes, notamment lorsque l’on pense aux ponts ceinturant Montréal et dont la traversée constitue souvent un calvaire logistique bien spécifique.