L’organisme dirigé par Wilner Cayo revendique au nom des demandeurs d’asile. Photo: Éloi Fournier

Le statut des «campeurs» de l’autoroute métropolitaine sera régularisé

Éloi Fournier, Journaldesvoisins.com, Ahuntsic-Cartierville, le 14 août 2020

Depuis le 9 août, un groupe de militants de l’organisme Debout pour la dignité organisait un sit-in dans des tentes érigées au coin de l’avenue Christophe-Colomb et du boulevard Crémazie. Le groupe revendiquait pour que les gouvernements octroient la résidence permanente aux demandeurs d’asile qui ont été travailleurs essentiels pendant la COVID-19. Le 14 août, ils ont finalement obtenu gain de cause.

Les moteurs qui rugissent et les nombreux coups de klaxon interrompent régulièrement l’entrevue du JDV avec le président de l’organisme Debout pour la dignité, Wilner Cayo.

« Le bruit est infernal! Mais ce n’est rien par rapport aux souffrances des gens que nous voulons soutenir », justifie-t-il.

Manifester n’est certes pas de tout repos, mais le choix de l’emplacement rend les nuits encore plus courtes pour les militants. Il est difficile de trouver une intersection plus achalandée dans Ahuntsic-Cartierville. Cependant, le lieu a été choisi pour une raison bien précise.

« Nous avons installé nos tentes ici pour être devant le bureau de Justin Trudeau, explique M. Cayo. Nous voulons lui dire que, même si nous vivons présentement dans l’inconfort, les demandeurs d’asile ont encore moins de confort que nous. »

En fait, les tentes avaient originellement été placées sur le terrain du 1100 Crémazie Est, où se trouve le bureau du premier ministre. Cependant, comme il s’agit d’un terrain privé, les manifestants ont dû déménager leur campement en début de semaine.

 

Insatisfaction intergouvernementale

Debout pour la dignité tient à rappeler aux gouvernements fédéral et provincial toute l’importance qu’ont eue les travailleurs essentiels durant la crise, et qu’il ne faudra pas les oublier à la fin de celle-ci.

« Le Québec a pu continuer son fonctionnement à cause de ces demandeurs d’asile, soutient Wilner Cayo. Lorsque beaucoup de préposés ont abandonné le bateau, ces gens ont répondu présent. Ils ne sont pas un fardeau pour le Québec, mais bien un cadeau. Ne dites pas seulement qu’ils sont des anges gardiens, agissez! »

L’organisme craignait que le Québec ne refuse les demandes de gens qui ont beaucoup aidé la province en temps de pandémie. En mai dernier, le premier ministre François Legault avait mentionné que les dossiers des demandeurs d’asile travaillant en CHSLD durant la COVID-19 seraient étudiés un par un. Il avait souligné que le critère principal d’acceptation était la sécurité physique de ces gens dans leur pays d’origine.

« Nous ne voulons pas d’un Québec qui s’ouvre à n’importe qui, explique M. Cayo. Mais nous voulons d’un Québec où les gens qui peuvent contribuer à la société soient bienvenus. Qu’ont-ils à prouver de plus? »

Le groupe a tenté de discuter avec des politiciens fédéraux et provinciaux cette semaine, avec des résultats mitigés.

« Nous avons eu des visites de quelques députés, dont un du fédéral [Alexandre Boulerice, du NPD], souligne M. Cayo. Un responsable du Parti libéral du Canada a aussi été respectueux et a retourné mes appels. Mais la CAQ, c’est silence radio. »

 

Une manifestation payante

Le 14 août au matin, la nouvelle est tombée: la contribution des demandeurs d’asile sera prise en compte. Ceux-ci obtiendront la résidence permanente de la part du gouvernement fédéral.

Certaines conditions doivent toutefois être respectées, dont le nombre d’heures travaillées. Les demandeurs doivent aussi avoir prodigué des soins directs dans des établissements privés ou publics. Ils devront aussi avoir acquis 6 mois d’expérience avant ou pendant la pandémie pour pouvoir bénéficier de ce programme.

Le statut des «campeurs» de l’autoroute métropolitaine sera régularisé